Rachat des centrales à gaz en Belgique : les zones d’ombre s’accumulent

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Par Michel Delapierre Modifié le 21 août 2019 à 16h55
Electricite Penurie Greve Centrale Nucleaire Loi Travail
@shutter - © Economie Matin

Après des annonces tonitruantes sur le rachat de deux anciennes centrales à gaz d’Electrabel en Belgique au mois de mai 2019, la mystérieuse entité luxembourgeoise BTK continue de défrayer la chronique. Si des objections avaient été soulevées par plusieurs observateurs dès le printemps concernant le sérieux d’un projet qui paraissait trop beau pour être vrai, nos confrères belges de l’Echo ont révélé dans leur édition du 2 août que les doutes se multiplient autour de la structure.

Le service public belge SPF Economie n’a ainsi reçu aucune demande d’autorisation de production contrairement à ce que le porte-parole du projet M. Marc Segers avait annoncé au mois de mai.

Il semble également que ce dernier se soit un peu trop avancé sur le rachat des sites de Langerlo et Vilvorde. Rien n’est fait de ce côté-là non plus. Le responsable de Global Estate Group propriétaire actuel du site de Langerlo indique qu’il n’a plus de nouvelles de BTK. Idem à Vilvorde où la centrale est détenue par le groupe bulgare Energy Market. Pourtant, le managing director de la centrale actuelle nous avait dit dans une interview début juillet qu’il avait bien reçu tous les documents concernant l’offre technique de BTK.

Comme l’indique nos confrères belges, BTK, qui avait été initialement présentée comme une société luxembourgeoise, n’existe toujours pas dans les registres du Grand-Duché. L’autre société censée gérer la partie opérationnelle du projet, EG Luxembourg, est également invisible à ce jour.

Interrogé sur le sujet, Philippe Jouard ancien responsable de la division banque privée chez Dexia Luxembourg et conseiller financier sur le projet de BTK, nous expliquait que sa société Adon Capital allait devenir EG Luxembourg afin de faciliter et d’accélérer le montage financier de l’opération car les investisseurs avaient besoin d’un véhicule financier prêt à l’emploi.

L’identité des investisseurs se cachant derrière BTK n’est toujours pas connue à ce jour. M. Segers avait au départ annoncé qu’il était soutenu par Qatargas mais le groupe avait rapidement démenti toute implication. Le mystère règne donc autour des investisseurs se cachant derrière BTK comme autour de la réalité des parcours professionnels de M. Segers et de son associé, Mathieu Humbertclaude dont personne n’avait entendu parler dans le secteur avant les annonces printanières.

Contacté à plusieurs reprises, M. Marc Segers, n’a pas donné suite à nos demandes d’explication.

Pour le professeur d’économie Bruno Bernard, le flou entourant ce projet n’est guère surprenant. « Cette structure (ndlr : BTK), probablement une société écran, est arrivée juste avant les élections au printemps, au moment où la Belgique est dans une situation tendue en ce qui concerne son approvisionnement en énergie. N’oublions pas que nous avons frôlé le black-out ces dernières années avec deux centrales nucléaires sur sept qui ne fonctionnaient pas et que notre sortie du nucléaire est annoncée pour 2025. BTK est arrivée dans ce contexte en expliquant que de leur côté, tout était prêt pour répondre à la demande. Personne n’a osé bouger en espérant une solution miracle. BTK a surfé sur cette vague. »

« Dans la mesure où Engie est notre fournisseur officiel depuis des années, j’espère que le groupe, les autorités belges et françaises reprendront au plus vite des discussions sérieuses afin de ne pas confier ce sujet à n’importe qui », poursuit-il.

Interrogé sur les zones d’ombre du projet, Philippe Jouard, a promis que les investisseurs dévoileraient leur identité et l’étendue de leur projet à la rentrée. Fin du suspens d’ici une quinzaine de jours ?

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