Quelle banque secondaire choisir ? 

Cropped Favicon Economi Matin.jpg
Par Nicolas Perrin Publié le 21 avril 2017 à 5h00
France Banque Secondaire Choix Argent
@shutter - © Economie Matin
200 millions ?BNP-Paribas aurait racheté le Compte-Nickel pour 200 millions d'euros selon Le Monde.

Quelles solutions pour mettre votre épargne de précaution à l’abri d’un évènement du type crise du secteur financier ou explosion de l’euro ? Le Compte-Nickel, une banque allemande… existe-t-il une solution parfaite ?

Le Compte-Nickel grossit mais revient dans le giron de la banque classique

Plusieurs lecteurs nous ont informé au mois de février qu’il leur a été impossible pendant plus d’une dizaine de jours de retirer de l’argent ou d’effectuer des virements depuis leur compte. L’explication officielle a été apportée par Le Monde qui titrait le 9 mars : « le Compte-Nickel doit faire face à sa première crise de croissance ». A en croire le journal, le service a connu des dysfonctionnements d’ordre technique suite au franchissement de la barre des 500 ?000 clients. Hughes Le Bret aurait depuis renforcé son équipe avec 12 ingénieurs et prévoyait de recruter 15 personnes d’ici fin mars pour renforcer son service client.

Une nouvelle plus importante est tombée le 4 avril : BNP Paribas va acquérir 95% des parts de Financière des Paiements Electroniques. Selon les informations du Monde, la banque aurait « coiffé au poteau plusieurs grandes banques européennes » en déboursant « plus de 200 millions d’euros », soit le « plus important chèque jamais signé en France pour l’acquisition d’une Fintech ». L’équipe dirigeante de la Financière des paiements électroniques, à l’origine du Compte-Nickel, conserve ses fonctions et vise les deux millions d’utilisateurs en 2020, soit un quadruplement de sa clientèle. Le Compte-Nickel continuera à être commercialisé exclusivement par les buralistes de France. BNP Paribas renforce donc son offre digitale qui n’est désormais plus limitée à Hello bank! (284 000 clients fin 2016), alors qu’elle ferme des agences physiques. « Comme toutes les start-ups avec lesquelles nous avons déjà établi une coopération durable, Compte-Nickel restera indépendant du reste du groupe », a précisé BNP Paribas.

Cette acquisition atteste néanmoins du fait que les grands établissements bancaires ne peuvent plus ignorer les fintechs qui leur font directement concurrence. La « no bank » revient donc dans le giron de la banque classique, ce qui n’est pas particulièrement rassurant du point de vue de l’épargnant. La véritable question demeure en suspens : les détenteurs d’un Compte-nickel sont-ils couverts par le mécanisme de garantie des dépôts (100 000 € par client et par enseigne) ? Que se passerait-il en cas de faillite de Crédit Mutuel Arkéa, les sommes versées par les utilisateurs du Compte-Nickel y étant conservées sur un compte de cantonnement ?

En effet, la Financière des paiements électroniques n’est pas un établissement de crédit mais un établissement de paiement et ne peut pas à ce titre adhérer au FGDP. La société prétend que oui, mais cBanque relève que le 30 janvier 2017, le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution (FGDR) déclarait que : « la protection des comptes de cantonnement ouverts par ces établissements auprès d’une banque en cas de défaillance de celle-ci soulève une autre problématique [qui] crée une difficulté […] en cours d’analyse par les pouvoirs publics. »Ce jargon n’est pas rassurant et il faudra surveiller de près les déclarations du FGDR suite au rachat de la Financière des paiements électroniques par BNPP.

N26, la banque allemande la plus accessible pour les résidents français, vous protégera-t-elle en cas d’explosion de l’euro ?

Avez-vous pensé à utiliser une banque en ligne allemande ? Détenir des dépôts en deutschemarks serait bien sûr préférable à des dépôts en francs… N26, la banque allemande 100% numérique qui regroupe désormais plus de 300 000 clients dans 17 pays européens, a triplé sa clientèle en un an. Son offre s’est garnie en Allemagne avec la possibilité depuis février d’y souscrire des crédits. Tout se fait sur le site de N26 et par visioconférence. Exit papiers, paraphes et envois par la poste ! Pas non plus de délai de rétractation : les fonds sont disponibles sous une heure sur le compte du client. Les épargnants allemands ont également accès à des produits de placement et à la possibilité d’afficher un découvert.

Outre les avantages que je vous avais présentés dans un précédent article, N26 est avant tout une banque allemande. La N26 Bank GmbH, qui a obtenu sa licence bancaire auprès de la BCE en juillet 2016, présente à ce titre un avantage majeur en cas d’explosion de l’euro. Enfin dans la mesure où vous préférez voir votre épargne se transformer en deutsche marks plutôt qu’en francs, bien sûr. Vous bénéficierez par ailleurs du système de protection des dépôts allemand lequel, comme en France, se monte à 100 000 € par déposant et par institut de crédit mais est tout aussi théorique.

Pour avoir creusé le sujet en français et en anglais, N26 semble être aujourd’hui l’une des très rares solutions pour les Français ne résidant pas en Allemagne qui souhaitent ouvrir un compte de l’autre côté du Rhin, a fortiori s’ils ne sont pas germanophones. La DKB, qui a longtemps été la banque de référence pour les étrangers souhaitant ouvrir un compte en Allemagne, a récemment restreint son offre aux résidents allemands, autrichiens et suisses. Le site deutscheskonto.org surveille de très près (et en français !) l’actualité des offres bancaires allemandes accessibles aux épargnants étrangers. Ainsi, avec une telle progression en termes de clientèle et de services dont on peut imaginer qu’ils finiront par être accessibles à toute la clientèle européenne de N26, les banques françaises ont du souci à se faire.

Mais il ne faut pas perdre de vue que le recours à une banque allemande reste un pari sur l’avenir, avec notamment deux inconnues de taille. En cas de crise grave, rien ne garantit que l’Allemagne ne décidera pas que les dépôts étrangers devront être reconvertis dans leur devise d’origine (francs, pesetas, lires…) et renvoyés à l’expéditeur. Dans ce cas, le recours à un compte bancaire hors Zone euro serait préférable. La protection de votre épargne dépendra également de l’attitude des autorités politiques françaises vis-à-vis du respect de la propriété privée et de la libre circulation des capitaux. Souvenez-vous des joies du contrôle des changes institué par le gouvernement Mitterrand.

Qu’en conclure pour vos finances ?

Au final, la VeraCarte me semble être encore la meilleure solution pour continuer à assurer vos dépenses courantes dans un scénario de crise du système financier, en mode Chypre 2012-2013. Pour ce qui est de la protection de votre épargne de précaution, N26 n’est pas une solution parfaite (il n’en existe pas) mais elle présente le triple avantage d’être allemande, de limiter (formule « N26 »), voire de neutraliser (formule « N26 Black ») les commissions de change lors de vos déplacements hors Zone euro, et d’être accessible en langue française.

Vous pourrez retrouver ici le détail des deux offres que la banque propose à ses clients Français (0 € de frais fixes mensuels pour « N26 » et 5,90 € pour « N26 Black »). Si vous optez pour cette banque, il faudra bien sûr déclarer votre compte comme compte à l’étranger lors de votre déclaration de revenus, sans quoi vous vous exposerez à des amendes. Cela ne vous rajeunira peut-être pas, mais la tendance est manifestement à la « banque de poche » avec des acteurs qui délaissent la banque en ligne pour la banque mobile au travers d’une application téléphonique. Si souhaitez profiter des dernières fintechs, prévoyez un smartphone fonctionnant sous iOS ou Android.

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit

Une réaction ? Laissez un commentaire

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre Newsletter gratuite pour des articles captivants, du contenu exclusif et les dernières actualités.

Cropped Favicon Economi Matin.jpg

Diplômé de l’IEP de Strasbourg, du Collège d’Europe et titulaire d’un Master 2 en Gestion de Patrimoine, Nicolas Perrin a débuté sa carrière en tant que conseiller en gestion de patrimoine. Auteur de l’ouvrage de référence « Investir sur le Marché de l’Or : Comprendre pour Agir », il est désormais rédacteur indépendant. Il s’intéresse au libéralisme, à l’économie et aux marchés financiers, en particulier aux métaux précieux et aux crypto-actifs, sans oublier la gestion de patrimoine. Son Twitter : @Nikookaburra.

Aucun commentaire à «Quelle banque secondaire choisir ? »

Laisser un commentaire

* Champs requis