Quelle agriculture pour l’Afrique de demain ?

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Par Sarah Merlino Modifié le 6 décembre 2019 à 16h03
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@shutter - © Economie Matin

Pour faire face à son essor démographique (deux milliards d’habitants en 2050) et au défi de la sécurité alimentaire, le continent africain doit tripler sa production agricole à l'horizon 2050. Or, l'Afrique concentre 65% des terres arables inexploitées de la planète. « Les deux tiers des terres arables africaines pourraient être perdus d’ici à 2025 à cause du changement climatique quand bien même la hausse des températures resterait limitée à 2 °C  » (…) « la baisse des rendements agricoles pourrait atteindre 20 % en 2025 », précisait la COP 22 en 2016.

L’adaptation de l’agriculture africaine aux changements climatiques constitue donc un enjeu majeur de développement. Afin de répondre à la demande alimentaire croissante de la population, une démarche agricole raisonnée et durable semble de mise pour produire mieux, tout en préservant l’environnement.

Pour parvenir à cet objectif, les bio fertilisants peuvent représenter une alternative efficace à des solutions plus classiques.

Pourtant, l’usage des bio fertilisants en Afrique se développe peu. Selon le représentant d’une PME française spécialisée dans le secteur, « Pour avoir accès aux bio fertilisants, il faut s’intéresser au financement. L’affectation des aides publiques au développement (notamment l’AFD) se fait pour les engrais chimiques. Il faudrait que les paysans aient soit de l’argent, soit accès à des subventions, or elles sont très rares ». Malgré les bonnes volontés annoncées, l’agriculture conventionnelle est encore favorisée : « Je vais vous donner un exemple. Le Kenya souhaite développer son changement agricole, mais j’ai lu le cahier des charges dans l’un de ses appels d’offre : il demandait 10 000 tonnes d’urée ! On n’a rien changé », s’étouffe le représentant avant d’ajouter : « Et puis les paysans n’ont pas la formation ni l’accompagnement pour changer de semence ».

Changer progressivement de modèle agricole

Pour le responsable d’une PME française installée au Sénégal, l’affaire est complexe : « Ici, on a un gros déficit en matière organique dans les sols. La solution, c’est d’apporter de la matière organique de type compost avec des volumes importants, mais il faut des dizaines et dizaines de tonnes, or il n’y a pas assez de production locale, pas de composteurs en local, et un manque de volonté des pouvoirs publics. Le Maroc fait régulièrement des dons en engrais conventionnels. Il s’agit de volumes énormes. C’est très compliqué de se lancer sur autre chose, il faut avoir des reins solides pour les concurrencer. Nous, on essaie tout ce qui est solution innovante, comme des bactéries qui viennent dégrader la matière organique dans le sol pour qu’elle soit plus facilement assimilée par la plante, ou des engrais à base d’algue (bio stimulants). Ça fonctionne ».

Pour cet autre fabricant français de bio stimulants, le travail sur un stimulateur de croissance racinaire a largement prouvé son efficacité : au Ghana, « La transplantation aux champs de vitroplants (plants obtenu en laboratoire, ndlr) et leur reprise racinaire en parcelle se faisait beaucoup mieux, le temps de stress était réduit, ce qui nous a fait gagner près de six mois sur la première production, c’est énorme ! ». Inséré dans un programme de nutrition, les bio stimulants fonctionnent sur tous types de terroirs, tous types de sols, du moment qu’ils sont utilisés au bon stade physiologique du végétal.

Les bio fertilisants et bio stimulants sont donc des solutions écologiques qui contribuent à changer de modèle agricole. Mais ils font partie d’une économie encore fragile. Car il faut également des nutriments, de l’eau et un circuit de distribution efficace lorsque la production est au rendez-vous : « Au Mali, sur 180 000 tonnes de production de mangues, deux tiers pourrissent faute de chaîne du froid », explique un acteur du secteur.

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Journaliste Grand reporter 

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