Quel avenir pour le travail en Europe ?

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Par Benoît Roch Publié le 22 juin 2017 à 5h00
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@shutter - © Economie Matin
600 millionsL'OIT estime que plus de 600 millions de nouveaux emplois devraient être créés d'ici à 2030.

Quel est l’avenir du travail ? Depuis quelques années, le monde du travail est profondément bouleversé. De nouvelles façons de travailler s’imposent dans tous les secteurs, plus agiles et plus collaboratives.

De nombreux métiers disparaissent. Des métiers inconnus surgissent à une vitesse époustouflante. Chacun s’interrogent sur l’avenir de son propre travail, mais aussi sur l’avenir du travail lui-même. Va-t-il se raréfier ? Peut-t-il disparaître ? Allons-nous, au contraire, travailler plus longtemps ? Toutes ces questions, qui agitent la campagne présidentielle, n’ont pas encore trouvé de réponses. Elles interrogent pourtant les nombreux acteurs de la question sociale, et l’OIT (Organisation Internationale du Travail) a décidé de s’emparer du sujet depuis quelque temps, à travers deux événements importants. Tout d’abord dans le cadre du programme de Développement Durable, à l’horizon 2030, adopté par l’Assemblée Générale des Nations Unis le 25 septembre 2015. Ensuite, à l’occasion du centenaire de l’OIT, créée par le Traité de Versailles en 1919, Guy Ryder, le Directeur Général de l’OIT a demandé à chacun des 187 pays membres de préparer une contribution sur l’avenir de l’OIT ; réflexions qui englobent, bien entendu, les questions sur l’avenir du travail.

Un monde en mutation

Toutefois, ces questions ne sont pas nouvelles. Le monde du Travail a déjà subi des mutations profondes et brutales, quand la technologie ou les idées ont bousculé les habitudes sociales. L’Antiquité, le Moyen-Age ont vécu des transformations spectaculaires. Le XIII ème siècle, par exemple, avait connu une première révolution industrielle avec le perfectionnement des poulies, pour la construction des cathédrales, mais aussi avec le développement de l’arbre à came pour l’expansion des moulins à eau. Au XIX ème siècle, on parle de révolution industrielle, parce que les bouleversements considérables qui ont secoué le monde occidental ont modifié durablement les structures sociales, économiques et politiques, jusqu’à nos jours. Depuis quelques années, nous assistons à une nouvelle période de changement. Le rapport au Travail évolue. Il influence fortement nos modes de vie. Les mutations profondes qui agitent aujourd’hui le monde du travail sont motivées par trois raisons principales : le numérique, l’automatisation et la transition énergétique. Il est difficile de savoir qu’elle est la part d’influence de chacune d’elles, mais il est certain que ces 3 facteurs interagissent pour accélérer le mouvement de transformation du Travail.

Nouvelles organisations du travail

Les travaux du BIT nous annoncent, qu’à l’horizon 2030, à l’échelle du monde, 50% des métiers ne seraient pas inventés. C’est dire le profond bouleversement qui se prépare au sein des organisations de travail, dans un monde de plus en plus ouvert. Les nouvelles formes de travail, les métiers à inventer, les impératifs de productivité, la concurrence omniprésente, vont obliger les employeurs à repenser leur politique de recrutement, leur gestion des emplois et des compétences. Le besoin de souplesse et d’agilité risque de conduire les partenaires sociaux à redéfinir les statuts des travailleurs. En France, par exemple, le taux de CDI se maintient à 87 % contre 23 % pour la moyenne mondiale. Reste aussi à élaborer des solutions nouvelles en matière de protection sociale et de financement des retraites. Ce sont des enjeux cruciaux qui seront l’un des grands chantiers du prochain mandat présidentiel.

Travail décent et développement durable

L’OIT estime que plus de 600 millions de nouveaux emplois devront être créés d’ici à 2030, simplement pour maintenir le rythme de croissance de la population active en âge de travailler. Ce besoin représente 40 millions de création d’emplois par an à l’échelle mondiale. Les enjeux sont considérables, d’autant que 780 millions d’hommes et de femmes sur notre planète gagnent moins que le seuil de pauvreté mondial qui se situe à 2 dollars par jour. Le travail décent représente les aspirations des êtres humains à la paix sociale, l’accès à un travail productif et convenablement rémunéré, la sécurité des conditions de travail et la protection sociale pour les familles. Le travail décent est un gage de paix sociale et de prospérité, il offre de meilleures perspectives de développement personnel et d’insertion sociale. Enfin, le travail est le moyen, pour les individus, d’exprimer librement leurs envies, de s’organiser et de participer aux décisions qui affectent leur vie, l’égalité des chances et le respect de l’égalité hommes – femmes. On le voit, l’avenir du travail, c’est tout simplement l’avenir de notre vie.

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Benoît Roch président de l’institut du travail en Europe

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