Un peu plus de 7 ans après l’entame d’une campagne d’injections monétaires comme l’humanité n’en avait jamais connu (entre 3 700 Mds$ et 5 000 Mds$ injectés par la FED en comptant ou non le maintien de la taille du bilan à 4 500 Mds$), la FED ne semble pas parvenue à revitaliser la croissance ni à instaurer un véritable « effet de richesse ».
Il n’y a plus grand monde pour penser que la classe moyenne s’est follement enrichie au détriment des ultra-riches, lesquels n’ont plus que leur Bugatti Veyron et leurs yachts de 50 mètres pour pleurer.
La classe moyenne appauvrie aux États-Unis
D’après une enquête qui vient d’être divulguée mardi par Google Consumer Survey – et réalisée par GOBankingRates.com auprès d’un échantillon de 5 000 ménages – il apparait que seulement 38% des Américains (environ 100 millions de personnes, les nourrissons et les enfants sont exclus du calcul) possèdent plus de 1 000 $ sur leur compte épargne pour faire face à des dépenses d’urgence.
Et si 38% d’Américains disposant de plus de 1 000 $ vous semble constituer une intolérable spoliation des riches (mais que va-t-il donc leur rester ?) sachez qu’en plaçant le curseur à 20 000$, il n’y a plus que 5% des citoyens à être en mesure de s’offrir une berline allemande d’occasion ou un demi lingot d’or sur un coup de tête.
Plus sérieusement, ce sont donc pas moins de 62% des Américains (180 millions de personne au bas mot) qui se contentent d’un montant inférieur à 1000 $ sur leur compte d’épargne… et 21% d’entre eux ne disposent même pas d’un tel compte, ni de quelques liquidités sur leur compte courant et sont « dans le rouge » dès le 2 du mois !
En cas de coup dur, de dépense de santé imprévue, de vol ou de destruction de leur véhicule, les « sans épargne » ne peuvent que compter sur un recours à l’endettement, sur le soutien des amis et de la famille… et si toute forme de don ou de crédit est inaccessible, il n’y a plus qu’à siphonner les « comptes retraite ».
Et si vous pensez que Google finances et GOBankingRates.com ont utilisé une méthodologie qui noircit le tableau, un organisme concurrent, baptisé Bankrate.com, a établi que le même pourcentage de très exactement 62% de citoyens américains n’ont pas plus de 1 000 $ d’économies en cas d’urgence.
Une paupérisation…que même la FED constate
Même la FED a découvert que 57% d’Américains vivent plusieurs fois par an… à découvert ! Cependant, certains répondront qu’une enquête tout aussi sérieuse vient de démontrer que le nombre d’Américains bénéficiant des Food Stamps (une version moderne de la soupe populaire) a reculé de 1 million en 1 an.
Fichtre, cela fait un sacré nombre de « pauvres » en moins chaque mois (près de 83 000, l’équivalent de la capacité maximum du Stade de France) : un tel recul mensuel de la misère doit être un sacré signe de bonne santé de l’économie américaine !
Que nenni, car voilà encore une véritable escroquerie intellectuelle qui nous laisse sans voix : le nombre de personnes recensées comme bénéficiaire du programme « Food Stamps » a diminué parce que les conditions d’éligibilité ont été durcies (être pauvre ne suffit plus : il faut être miséreux), les tracasseries administratives ont été délibérément compliquées pour décourager une partie des demandeurs. Voilà comment les fameux « QE » ont enrichi la middle et la lower class américaine ; voilà comment l’administration américaine contribue efficacement à réduire la pauvreté apparente.
Allez, tous en cœur : « tout va beaucoup mieux qu’à fin 2008, que c’est bon de se sentir plus riche »… Il n’y a plus que quelques rares dissidents comme Donald Trump pour accuser Barron’s (un magazine financier) de sous-estimer de 5 Mds$ (de 20%) la fortune qu’il peut mobiliser à tout instant pour financer sa campagne présidentielle.
Une réalité de moins en moins compatible avec l’actuelle bulle financière
Voilà… tout ce qui précède est destiné à illustrer le fait que le moteur de la consommation a coulé aux États Unis, que près de 2 Américains sur 3 survivent avec des moyens pécuniaires très limités, parce que 92% des actifs financiers et de la liquidité disponible sont monopolisés par les 10% du haut de la pyramide, que 95% de la richesse additionnelle créée via la planche à billet a été confisquée par les 1% les plus riches.
Des « plus riches » et des ultra-riches qui jouent entre eux à leur table de super-Monopoly, suralimentés en liquidités virtuelles par la FED… mais qui ne trouveront aucune contrepartie au sein des 99% de la population si jamais il leur prenait la fantaisie de revendre leurs obligations ou leurs actions parce qu’ils sont désormais convaincu qu’il n’y a plus d’upside (de potentiel à la hausse).
Et c’est exactement là que nous en sommes aujourd’hui. Encore très proches du sommet de la multi-bulle la plus démesurée de l’histoire du capitalisme, les plus riches tentant depuis 6 mois de se délester du maximum d’actifs virtuels avant que tout le monde réalise qu’il n’y a plus d’acheteurs… ou alors à un prix d’ami : pensez à ces 62% d’Américains veulent en avoir pour leurs 1 000 $ !
En Europe, placer 1 000 € en bourse pourrait valoir le coup si le CAC40 était sur les… 3 250 pts, c’est à dire un niveau de valorisation conforme à la moyenne historique et compatible avec une croissance qui pourrait être de 1% en moyenne d’ici 2020.
La bourse de Paris est-elle repartie pour les 5 000 pts d’ici Noël ? Si la FED fait miroiter un nouveau « QE » au lieu de monter ses taux, pourquoi pas… et encore, ce ne serait franchement pas bon signe. En attendant, les compteurs se sont de nouveau bloqués vers 4 730 pts sur le CAC ce mercredi et le S&P 500 a ricoché sous les 2 000 pts au point près : c’était peut-être la meilleure porte de sortie depuis le 9 septembre dernier, espérons que ce ne soit pas la dernière !
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