Quand l’État organise la mort des outils d’aide à la conduite

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Par Pierre Chasseray Publié le 30 avril 2017 à 5h00
Decret Gouvernement Waze Interdiction Europe
Quand l’État organise la mort des outils d’aide à la conduite - © Economie Matin
15 millions15 millions d'automobilistes utilisent les applications d'aides à la conduite en France.

Comme si l’augmentation démesurée du nombre de radars constatée depuis 5 ans n’avait pas suffisamment renfloué les caisses de l’État.

Comme si la privatisation des voitures équipées de radars embarqués n’était pas la preuve ultime que toute cette mascarade répressive, sous prétexte de « sécurité routière », n’est finalement destinée qu’à taxer encore plus l’automobiliste en l’accablant toujours plus d’amendes. Comme si tout cela ne suffisait pas, le Gouvernement entend cette fois profiter de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle pour faire passer en douce une nouvelle mesure aberrante.

Alors que la campagne présidentielle bat son plein et que tous les regards sont tournés vers le duel Marine Le Pen – Emmanuel Macron, le Gouvernement sortant ne se contente pas de suivre les débats. Dans les couloirs de la Sécurité routière, se trament des projets dont on se demande s’il ne s’agit pas d’une mauvaise blague tant ils semblent choquants pour toute personne douée d’un minimum de bon sens. Pire : une malhonnêteté intellectuelle incroyable émane de cette mesure prise par cette administration, qui profite des derniers événements tragiques et de la crainte ambiante de nouveaux actes terroristes pour renforcer les interdictions pesant sur les usagers de la route et réduire les libertés des Français. Mais de quoi parle-t-on exactement ?

Près de 15 millions d’automobilistes français utilisent actuellement un assistant d’aide à la conduite communicant ou une application mobile collaborative dédiée à la navigation. L’intérêt de ces outils en termes d’amélioration de la sécurité des usagers est reconnu, en cela qu’ils permettent aux automobilistes de signaler ou de recevoir en temps réel des informations utiles pour réaliser leurs trajets : embouteillages, obstacles sur la chaussée, accidents, zones de danger… La participation de la communauté formée par ces automobilistes assure leur sécurité sur les routes.

Or, le Gouvernement français a récemment déposé un décret auprès de la commission européenne, visant à autoriser les forces de l’ordre à faire usage de brouilleurs pour empêcher la diffusion et la réception de message lors d’opérations de contrôles « dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ou la criminalité organisée, d’actions de sécurité routière, de la recherche de détenus évadés ou de personnes enlevées ».

Cela ressemble à s’y méprendre à une récupération politique immonde des attentats dont sont victimes les Français depuis maintenant plus de deux ans, qui devraient servir à justifier de nouvelles interdictions scandaleuses pesant sur les automobilistes. La sécurité publique et la sécurité routière ont décidemment le dos large…

Mais mettons cela de côté. Mettons aussi de côté le fait que l’accidentalité routière est en baisse sur les 12 derniers mois et qu’il n’est donc pas très judicieux de punir les usagers avec davantage de répression. Mettons enfin de côté le fait que le fabricant du plus populaire des outils d’aide à la conduite communicant ait déjà, de lui-même, mis en œuvre sur ses produits la désactivation des messages de signalement des contrôles routiers en cas d’alerte attentat. On a parlé « sécurité routière », on a parlé « sécurité intérieure », parlons maintenant « emplois ».

Coyote System, Waze France, Garmin, TomTom… pour ne pas les citer. Derrière ces noms de marques, derrière les millions d’utilisateurs anonymes qui utilisent quotidiennement les produits créés par ces entreprises, il y a évidemment des emplois. Des milliers d’emplois, que des interdictions pesant aussi lourdement sur les outils qu’ils développent mettraient en péril. En 2011, déjà, ils ont dû batailler pour préserver leur activité, parce que les usagers s’organisaient face à la répression abusive et que le Gouvernement ne voulait pas renoncer à l’argent récolté par les radars automatiques ; ils ont évolué, se sont adaptés et ont survécu aux attaques. Ils sont prêts à le faire encore et la communauté des automobilistes avec eux, mais combien de temps pourront-ils résister à l’assaillant gouvernemental ?

Un État qui condamne des entreprises françaises en légiférant contre elles, qui interdit l’utilisation d’outils favorisant la sécurité des automobilistes sous couvert de « sécurité intérieure », qui les ponctionne à grand renfort de radars sous prétexte de « sécurité routière », qui adopte sans même les en informer des mesures allant à leur encontre… Un tel État est-il un État juste, bienveillant et au service des citoyens ? Espérons que la très prochaine élection d’un nouveau Président à la tête de l’État français lui redonne quelque honnêteté et quelque valeur…

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Pierre Chasseray est délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes. www.40millionsdautomobilistes.com

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