Qatar bashing ou greeting ?

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Par Mathieu Sauvajot Publié le 16 avril 2021 à 5h07
Foot Terrain Corner
@shutter - © Economie Matin
955 MILLIONS ?Le football français reverse près de 955 millions d'euros à l'Etat chaque année.

Il y a peu plus d’un an, des scandales d’ordre sociétaux surgissaient ou resurgissaient au point de faire naitre une grande question : doit-on séparer l’homme de l’artiste ? Comme souvent, le sport est un parfait miroir de la société dans la mesure où, plus la prochaine Coupe du monde de football approche, plus on est tenté de se demander s’il convient de séparer le sport de la politique en ce qui concerne le Qatar.

Il est vrai que cette nation du Moyen-Orient est probablement une des plus clivantes au monde en la matière. D’un côté, ses apports au football français sont indéniables ; il y a plus de 10 ans, de nombreux fans du ballon rond rêvaient de voir au moins un club de Ligue 1 être en mesure de rivaliser avec les plus grands lors des compétitions européennes. Désormais, c’est chose faite avec le PSG qui est parvenu à se faire une place de choix dans le top 10 européen grâce aux investissements qataris, et qui contribue grandement au maintien de la France à la 5ème place de l’indice UEFA, notamment grâce à sa qualification, mardi 13 avril 2021, pour les 1/2 finales de la Champions League face au Bayern Munich. Même constat d’un point de vue économique : les retombées sont colossales. Le football français, c’est 8200 emplois directs, 35 000 emplois indirects et environ 955 millions d’euros versés à l’Etat. Autant dire que le Qatar en est désormais un des principaux contributeurs.

D’un autre côté, l’émirat est systématiquement pointé du doigt, aussi bien par les fans de football que par le grand public et ce, pour des raisons éthiques. Pis encore, nombreux sont ceux qui souhaitent tout simplement boycotter la prochaine Coupe du monde.

Certes, les critiques sont légitimes, le Qatar n’est en rien un modèle en termes de respect des droits de l’homme. L’argument le plus souvent mis en avant, mais également le plus concret, est probablement celui des 6500 ouvriers décédés sur les chantiers des stades ayant vocation à accueillir les matchs. Il y a également des rumeurs de corruption qui planent au-dessus du Qatar concernant l’attribution du mondial en question, mais tout cet acharnement manque à la fois de recul et de discernement, tant ce pays est loin d’être un cas à part quant aux faits qui lui sont reprochés.

On peut notamment citer les soupçons de corruption liés à l’attribution des Coupes du monde 1998 et 2006. On peut également souligner l’absence d’un Chine bashing en 2008 lors des Jeux Olympiques, ou d’un Russie bashing en 2018 à l’occasion de la Coupe du monde, alors que ces deux nations n’ont rien à envier au Qatar en termes de non-respect des droits de l’homme… au point de se demander d’où vient ce que l’on pourrait qualifier d’exception qatari.

Que penser de l’appel au boycott qui circule ? Probablement une des plus mauvaises solutions, non seulement pour des raisons de crédibilité : voir une nation telle que la Norvège menacer de ne pas participer à la prochaine Coupe prête à sourire quand on connait leur poids dans le monde du football, ainsi que les probabilités de les voir se qualifier, mais également car de telles mesures n’ont jamais permis de faire avancer une cause humanitaire comme l’a récemment souligné Marie-Eve Wilson-Jamin lors d’une chronique sur Sud Radio.

Ainsi, à défaut de pouvoir à faire totalement abstraction de l’ombre qui plane au-dessus du Qatar, une trêve au bashing lors des compétitions sportives devrait pourtant être la solution à favoriser, dans la mesure où la Coupe du monde aura bel et bien lieu, n’en déplaise à ceux ne souhaitant pas séparer le sport de la politique.

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Msauvajot

Titulaire d’un Master de la Sorbonne, spécialisé dans les questions relatives à l’Amérique latine, Mathieu Sauvajot a d’abord rédigé des articles traitant de la géopolitique et de l’économie de ce continent, avant de se tourner vers le domaine du sport.  

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