Le XXIe siècle sera chinois

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Par Philippe David Modifié le 6 novembre 2012 à 5h39

« La communauté des affaires de Hong Kong célèbre le 63ème anniversaire de la fondation de la République Populaire de Chine ». Ce panneau est affiché en ce moment même sur le gratte ciel IFC (International Finance Center) qui fait face à l’ICC (International Commerce Center), les deux encadrant la baie de Hong Kong. L’IFC, dont le centre commercial regroupe toutes les marques de luxe de la planète pourrait faire imaginer à tout non initié qu’il se trouve à Monaco, Genève ou Manhattan et qui pourtant se trouve en Chine, bien loin des clichés que les occidentaux en général et les français en particulier ont sur ce pays qui représente le quart de l’Humanité.

Ces deux tours gigantesques (puisqu’il s’agit des 4èmes et 7èmes plus hautes du monde) ont été construites en 2003 et 2010, c'est-à-dire après le fameux « handover » qui marquait le retour dans le giron chinois de la ville. Ces deux tours célèbrent la finance internationale pour l’une, le commerce international pour l’autre et ont toutes deux été construites dans un des derniers pays « communistes » de la planète…

Cette affiche résume toute la réalité et tout le paradoxe de la Chine de 2012 : la finance célèbre aujourd’hui l’arrivée au pouvoir du communisme en Chine en 1949 et le communisme politique fait bon ménage avec le capitalisme économique. On est bien loin de ce qu’avait voulu Mao qui, en étatisant l’ensemble des entreprises et des terres, avait conduit la Chine au chaos économique et à des famines faisant des millions de morts.


La Chine est aujourd’hui aux antipodes de ce qu’elle était il y a 30 ans. Pour avoir visité trois fois l’Empire du Milieu tant pour mon travail que pour des vacances, je dois avouer qu’après un premier voyage dans le « delta de la rivière des perles » qui m’avait laissé avec beaucoup d’à priori, le second à Pékin m’avait fasciné en découvrant les joyaux architecturaux et l’histoire extraordinaire de ce pays tandis que le troisième à Hong Kong m’a définitivement convaincu (mais je l’étais déjà après mon premier voyage) que le monde est bel et bien en train de vivre la fin non pas d’une époque mais d’une ère, la fin de cinq siècles de domination du monde par l’Occident.

Après un XVIème siècle qui fût portugais, un XVIIème siècle qui fût espagnol puis un XVIIIème siècle qui fût français, les puissances latines laissèrent le leadership mondial aux anglo-saxons, le XIXème siècle étant britannique et le XXème siècle américain.

Désormais, il est évident que le XXIème sera chinois. En trente ans, ce pays est en effet devenu à la fois l’usine et la banque du monde. Il dispose du plus grand marché intérieur, des plus grandes réserves de devises et de change, plus de 3200 milliards de dollars, et, surtout, a une population qui ne rêve que d’une chose : s’enrichir (chose considérée comme une qualité en Chine et comme une tare en France). Si vous ajoûtez à cela que la Chine est le pays le plus peuplé du monde et est l’épicentre de la plus grande zone de croissance du monde (l’Asie), vous comprendrez que les dés sont d’ores et déjà jetés.

Pendant cinq siècles, la croissance économique du monde s’est jouée entre les deux rives de l’Atlantique Nord, entre l’Europe et l’Amérique industrielle et financière de la côte Est.

Aujourd’hui, la croissance du monde se joue entre les deux rives du pacifique nord avec l’Amérique des hautes technologies de la côte ouest et la Chine industrielle et financière face à elle.

Et à l’autre bout du monde, sur la zone de rupture, se trouve l’Europe…

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Philippe David, 46 ans, est cadre dirigeant à l'international, auteur de plusieurs livres politiques dont le dernier, « De la rupture aux impostures », est sorti en 2012 aux éditions du Banc d'Arguin. Il est également chroniqueur sur Sud Radio.

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