Ce qui se passe aujourd’hui est, pour le moins, étrange et grave. Selon une proposition de loi présentée en commission le 12 juin 2018, la prospection téléphonique risque d’être interdite.
En effet, elle propose de recueillir l’accord préalable du prospect avant toute sollicitation téléphonique ... alors qu’a priori, on ne le connaît pas encore pour le lui demander...
Mais bien sûr qu’il existe une indiscutable « pollution téléphonique » dont il faut enfin se préserver ! Pour preuve et après analyse des (trop nombreuses) réclamations enregistrées sur le site « bloctel.gouv.fr », on en dénombre :
• 33,82 % qui relèvent de la prospection téléphonique,
• 43,37 % qui concernent les « ping call »,
• 22,21 % qui sont liées à des « robots »,
• 0,60 % qui ont trait à des activités non concernées.
À peine un tiers traitent de la prospection téléphonique, les deux autres tiers, d’escroqueries et de délits. Le « ping call » consiste à exhorter le particulier à rappeler un numéro surtaxé sans son accord et même en le lui cachant. Il s’agit d'une réelle escroquerie. Une escroquerie qui concerne plus de 4 réclamations sur 10 ! Les « robots », qui eux sont déjà couverts par une loi, constituent un délit : 1 réclamation sur 4 s’en plaint !
En synthèse, les deux tiers des réclamations portent sur des nuisances téléphoniques qui n’ont rien à voir avec la prospection. Ainsi, un mauvais diagnostic conduit indubitablement à une mauvaise thérapie. Et le problème ne cessera de resurgir ultérieurement ... L’opt-in (accord préalable) ne réglera rien !
Au terme de cette réunion du 12 juin, cette proposition de loi est devenue un « Projet de Loi » enrichi de quelques nouvelles contraintes :
• L’accord préalable serait obligatoire quel que soit le canal de sollicitation,
• Même dans le cadre de relations contractuelles préexistantes.
Autant dire qu’après s’être centré sur le téléphone, tout semble mis en œuvre pour qu’aucune prospection ne soit possible sous quelque forme que ce soit. Pour toute entreprise, ces nouvelles règles représentent des contraintes insurmontables, voire fatales : en a-t-on réellement mesuré les impacts économiques et sociaux ?