Les Français sont partagés sur la suppression des fonctionnaires

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Par Nicolas Boudot Modifié le 21 octobre 2016 à 9h02
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cc/pixabay - © Economie Matin
37%La taxe qui finance le fonds de garantie des victimes des attentats a été augmentée de 37 %.

Q1 : Diriez-vous que vous êtes favorable ou opposé à la proposition des candidats à la primaire de la droite et du centre de supprimer des postes de fonctionnaires ?

• Sous total « favorable » : 49 %

Sous total « opposé » : 50 %

• NSP : 1 %

50% des Français sont opposés à la suppression des postes de fonctionnaires comme le propose les candidats à la primaire de la droite et du centre.

S’il y a bien un sujet qui fait consensus pour les candidats à la primaire de la droite et du centre, c’est bien la suppression de postes de fonctionnaires. Si l’ampleur de la baisse ou la méthode utilisée pour y parvenir divergent, tous s’accordent pour affirmer que le nombre de fonctionnaires doit être revu à la baisse.

Le résultat du sondage de cette semaine donne est très équilibré. En effet, 50% des Français interrogés affirment être opposés à ces suppressions de postes, 49% affirment en revanche y être favorables.

Cet équilibre s’explique par le fait qu’il s’agit là d’une proposition clivant l’opinion, dont l’objectif en communication est de faire réagir positivement l’aile droite de l’échiquier politique, généralement très sensible à l’argument selon lequel la réduction des déficits publics passe par la suppression du nombre de fonctionnaires.

La gauche, plus étatiste, considère que la fonction publique, qui constitue majoritairement son électorat, doit être protégée et même développée. Cette affirmation se vérifie d’ailleurs lorsque l’on analyse les résultats du sondage en détails et que l’on regarde dans le rétroviseur des actions menées par le gouvernement pendant ce quinquennat.

Pourquoi, alors que les idées de droite semblent prospérer dans l’opinion publique, une proposition, qui est un marqueur pour le camp de droite, ne fait-elle pas plus recette dans l’opinion ?

Pour deux raisons de communication :

• La première raison tient à l’attachement que les Français marquent à l’endroit de certains services publics. Si on peut avoir un doute raisonnable sur l’amour des Français pour les services fiscaux, les URSSAF… il n’en est pas de même pour les professeurs, infirmiers ou policiers, dont les preuves d’attachement ne manquent pas depuis les attentats qui ont ensanglanté l’année 2015 et le mois de juillet 2016 en France.

• La seconde tient au paradoxe de communication lié au timing des annonces. En effet, les annonces visant à la suppression de fonctionnaires sont concomitantes avec les manifestations nocturnes des forces de police soutenues par la majorité des candidats. Qui dit suppression de fonctionnaires, dit aussi pour l’opinion publique : suppression de postes de policiers. Ainsi les deux actions de communication : soutien à la police et suppression de fonctionnaires se neutralisent.

Les candidats qui ne l’ont pas encore fait, devront clarifier leur position : quel type d’agents des services publics sont dans le viseur et pourquoi ? Alors, et alors seulement pourrait-il y avoir un soutien plus marquant de l’opinion publique à cette mesure.

Q2 : Diriez-vous que vous êtes favorable ou opposé à la proposition du gouvernement d'augmenter la contribution forfaitaire prélevée sur les contrats d'assurance pour financer le fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme ?

Sous total « favorable » : 32%

• Sous total « opposé » : 67 %

• NSP : 1 %

67% des Français sont opposés à l’augmentation de la contribution forfaitaire prélevée sur les contrats d’assurance pour financer le fonds de garantie des victimes de terrorisme.

L’annonce par la Secrétaire d’Etat en charge de l’aide aux victimes, Juliette Méadel, de l’augmentation de 37% de la taxe sur les contrats d’assurance, qui permet de financer le FGTI (Fonds de Garantie des victimes de Terrorisme et autres Infractions) n’est pas soutenue par plus des 2/3 des Français interrogés.

Ce chiffre marque-t-il la fin de la solidarité, qui est pourtant un marqueur positif des Français ? Est-ce une nouvelle preuve cynique de l’analyse de Lafer : « trop d’impôt, tue l’impôt » ? Probablement pas. L’explication en termes de communication de ce résultat est tout entier contenu dans le verbatim de la Secrétaire d’Etat au moment de son annonce. En effet, celle-ci a considéré que la mesure « de solidarité », était « nécessaire, légitime et justifiée ».

Finalement, c’est ce point qui a sans doute poussé les Français interrogés à se déclarer contre la mesure. En effet, le terrorisme comme d’autres sujets qui impliquent des décès brutaux (sécurité routière, accidents d’avions) sont ce que l’on appelle en communication des « sujets d’évitement » sur lesquels il est très difficile de communiquer car l’opinion publique a tendance à se détourner de ces sujets douloureux.

Ici, annoncer une mesure de solidarité pour indemniser les victimes de terrorisme en considérant que la mesure est justifiée, c’est valider de facto la survenance d’autres attentats. Que d’autres victimes seront ainsi à déplorer et que leurs ayants droits devront être indemnisés. C’est une communication annonciatrice de malheurs à venir et les Français s’en détournent.

Cette situation est éclairante des difficultés de la communication politique et électorale de manière globale en France. En effet, les Français réclament toujours plus de discours de vérité, ancrés dans la réalité des chiffres et des actes… jusqu’à ce que ces discours soient prononcés. Il en faut du courage pour promettre, comme Churchill « de la sueur, du sang et des larmes… » et «  au bout la victoire ».

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Directeur de Tilder

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