Les projets de transformation numérique sous la menace des restrictions budgétaires

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Par Richard Ramos Publié le 12 octobre 2018 à 6h04
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@shutter - © Economie Matin
81%En France, 81% des entreprises prévoient de consacrer au moins une partie de leur budget aux services managés en 2019.

Alors que l’image du service informatique évolue, passant de moteur de la productivité à élément incontournable du processus décisionnel, des produits et des processus, un constat s’impose : jamais la technologie n’avait occupé un rôle si important pour les entreprises européennes.

Le rôle du service informatique s’est considérablement étoffé. Ses membres ne sont plus seulement chargés de la maintenance et de la gestion des plates-formes et équipements ; ils doivent aussi préparer l’avenir par le biais d’innovations constantes. Toutefois, le rythme de ces exigences toujours plus élevées ne suit pas celui des budgets informatiques, d’après les récentes conclusions de l’étude Intelligent Technology Index (ITI) d’Insight réalisée en mai 2018 auprès de plus de 1 000 professionnels de l’informatique européens travaillant pour des entreprises de toutes tailles.

Aux prises avec deux rôles

78 % des entreprises européennes, et 81 % des françaises, ont adopté une approche « bimodale » aux termes de laquelle les services informatiques sont séparés en différentes équipes pour la maintenance et l’innovation. La création de groupes de travail spécialisés indique que les dirigeants d’entreprise ont conscience du besoin simultané de gestion et de transformation.

Il est aussi évident que la technologie ne se contente pas de soutenir l’activité : elle devient l’activité, comme le soulignent les 20 % de participants en Europe (22 % en France) qui estiment que les équipes de développement des produits exercent la principale influence (hors informatique et finances) sur les dépenses informatiques.

Dès lors, on peut s’étonner que les professionnels de l’informatique ne disposent pas des ressources suffisantes pour s’acquitter des deux rôles. 37 % des participants à l’étude indiquent que le suivi des budgets constitue leur principale préoccupation, tandis que 27 % en Europe et 28 % en France considèrent le service informatique comme un « centre de coûts », et seulement 13 % en Europe et 11 % en France comme un pôle d’innovation.

Si près de la moitié des participants estiment que leurs budgets doivent augmenter, 45 % des entreprises françaises indiquent une stagnation de ceux-ci. Les PME sont les plus touchées, les grandes entreprises ayant plus de chances d’enregistrer une hausse des budgets.

Conséquence : 69 % des professionnels de l’informatique en Europe (67 % en France) éprouvent des difficultés à assumer les deux rôles. Plus inquiétant encore, 57 % en Europe et 48 % en France considèrent cette évolution du service informatique comme vouée à l’échec, la multiplication des exigences ne s’accompagnant pas d’une hausse budgétaire.

On constate donc une contradiction évidente entre l’importance croissante de la technologie pour le présent et l’avenir de l’entreprise et le soutien financier fourni par la direction. Sans augmentation budgétaire, les entreprises ne pourront sans doute pas profiter de tous les avantages de la transformation numérique.

Des inquiétudes en matière de confidentialité et de ressources humaines

Un nombre sans cesse croissant de difficultés et de responsabilités accentuent encore la pression. Les risques de sécurité se multiplient et gagnent en complexité. Cette réalité est soulignée par le fait que 55 % des professionnels de l’informatique en Europe et 64 % en France les jugent comme le principal domaine prioritaire en matière d’augmentation des budgets. Le constat est exacerbé par l’entrée en vigueur du règlement général sur la protection des données (RGPD) de l’Union européenne, qui impose des obligations supplémentaires aux entreprises.

En revanche, 74 % des participants en Europe et 72 % en France sont convaincus du respect du RGPD par leur entreprise. Ces chiffres peuvent toutefois découler d’un investissement dans des dispositions élémentaires en matière de confidentialité, comme la protection des e-mails, plutôt que d’un investissement de long terme dans les solutions de gestion des données.

La pénurie de compétences a également une influence, surtout dans des domaines comme les Big Data, cités par 49 % des participants français. Un tiers des entreprises européennes considèrent la fidélisation et l’attraction des talents comme leur principale inquiétude technologique. En outre, au vu de l’émergence de nouveaux postes spécialisés comme les ingénieurs DevOpsSec et les stratèges de la science des données, il est évident que les services informatiques ont besoin d’un soutien supplémentaire.

Besoin d’un coup de main

Les services managés et les technologies cloud peuvent aider les services informatiques à supporter la pression financière et contribuer au développement des environnements de travail souples et agiles exigés par la direction et le personnel en général.

En 2017, la moitié des services informatiques en Europe ont investi dans les services managés, 42 % externalisant la gestion quotidienne de leur infrastructure (34 % en France) afin de se concentrer exclusivement sur les projets d’innovation capables de transformer l’entreprise dans son ensemble. La majorité de ces entreprises ont dépensé moins de la moitié de leur budget total dans une aide extérieure.

En France, la tendance est amenée à s’intensifier, plus de quatre entreprises sur cinq (81 %) prévoyant de consacrer au moins une partie de leur budget aux services managés au cours de l’année prochaine.

Les services managés ne doivent pas être considérés uniquement comme un moyen de soulager les inquiétudes budgétaires, car ils permettent aussi de combler le manque de compétences.

Le cloud est également jugé comme un outil essentiel pour supporter le décalage entre attentes et réalité. Neuf participants sur dix ont investi dans des services cloud en 2017, dont 66 % en Europe et 69 % en France dans des services logiciels, 52 % dans des services d’infrastructure en Europe et 59 % en France et la moitié dans des services de sécurité en Europe (62 % en France).

100 % de ceux qui ont investi dans des services en Europe et en France les ont jugés bénéfiques. 55 % en Europe et 62 % en France les estiment même « très bénéfiques », citant parmi les principaux avantages la souplesse, l’efficacité et la sécurité.

Il y a encore quelques années, les entreprises se demandaient si elles devaient ou non adopter les technologies cloud. Ces chiffres prouvent que le débat est clos, et que la véritable problématique réside désormais dans le nombre de charges de travail pouvant être migrées et l’identification des facteurs qui continuent d’entraver l’adoption de ces technologies.

Un changement de priorité dans les stratégies informatiques

L’utilisation des services cloud pour améliorer l’agilité de l’entreprise et provoquer des transformations comme l’espace de travail moderne « Connected Workforce », l’analyse des Big Data et le renforcement de la sécurité peut certainement alléger certaines des pressions financières subies par les professionnels de l’informatique.

D’ailleurs, on peut considérer que le succès du cloud offre un indicateur rassurant quant à l’effet de l’orientation prise par les entreprises donnant la priorité aux décisions technologiques qui simplifient la gestion de l’informatique afin de libérer des ressources au profit de l’innovation.

Les résultats de l’étude Intelligent Technology Index de 2018 illustrent l’importance croissante de l’informatique dans le fonctionnement de l’entreprise, et les avantages concrets pouvant être obtenus par le biais de l’intégration. Toutefois, ils mettent aussi en évidence les difficultés actuelles liées à la transformation numérique, tant en termes de coûts que de culture d’entreprise.

Les professionnels de l’informatique doivent être en mesure d’identifier les investissements nécessités par leur entreprise. La technologie évolue constamment, et ce qui est considéré comme dernier cri un jour peut devenir obsolète le lendemain. Or, au vu de la stagnation, voire de la réduction des budgets informatiques, les erreurs dans ce domaine ne pardonnent pas.

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Richard Ramos est Directeur Général, en charge de la filiale Française d’Insight, fournisseur mondial de solutions technologiques intelligentes - Insight Intelligent Technology Solutions™- et de services. Diplômé de Supinfo et HEC, Richard Ramos a dirigé durant 3 ans la filiale Française de SMART Technologies après 11 ans chez Apple au poste de Directeur des Services Europe puis de Directeur du Marché Education et Recherche. Précédemment, il a occupé différentes fonctions de Direction opérationnelle en France et en Europe chez Alcatel-Lucent, 3Com et Atos-Origin.

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