Dans une économie en récession où l'accès au crédit bancaire est un chemin de croix, le financement des PME est un enjeu majeur et fait l'objet d'un large consensus politique.
C'est dans ce contexte que l'opérateur boursier franco-américain NYSE-Euronext a annoncé le lancement d'une place boursière dédiée aux PME et ETI pour le 23 mai prochain. Le projet était attendu. Dans les cartons depuis près de cinq ans, il avait fait l'objet de plusieurs rapports dont deux pour la seule année 2012, rapport Rameix – Giami et rapport du Comité d'Orientation Stratégique. La gestation fut longue et début mai, NYSE-Euronext a donc précisé son projet : création en France d'une « filiale dédiée, qui sera dotée d'une marque, d'un compte d'exploitation et de ressources humaines propres ».
Pourtant, même si tous les acteurs s'accordent sur les besoins, l'avenir de cette bourse reste encore flou. Aussitôt annoncé, le projet a fait l'objet de nombreuses et vives critiques à la fois sur son contenu et sur sa viabilité économique. Certains estiment que les moyens alloués – 18 millions d'euros - ne sont pas à la hauteur des besoins, d'autres critiquent des tarifs peu incitatifs - rabais de 10% sur les frais d'introduction en Bourse – et fustigent une absence d'organisation dans la mesure où ni l'équipe de direction, ni les membres du conseil d'administration n'ont encore été dévoilés.
Cette levée de bouclier a de quoi surprendre.
Est-elle provoquée par l'incertitude qui plane sur l'avenir d'Euronext après son rachat par l'opérateur américain ICE à la fin de l'année ? Est-ce la position très neutre du gouvernement français qui ne semble pas souhaiter s'engager outre mesure ? Y a t-il des doutes sur les réelles motivations d'Euronext à mener à bout un projet jugé peu rentable ? Toutefois, les critiques perdent de leur force en devenant systématiques.
Ainsi, et afin de bien comprendre l'ensemble des enjeux, il semble nécessaire de s'interroger sur les intérêts contrariés par le projet Euronext. Les banques et les structures de private equity jouent-elles un rôle dans cette affaire ? Les bourses anglaises et allemandes auraient-elles des projets concurrents ?
Autant de questions dont les réponses permettraient de juger sereinement la validité du projet Euronext et de concevoir son avenir au delà du 23 mai prochain.
N'est-il pas temps de lever les blocages qui minent encore le lancement d'une bourse pour PME en France, nouvel outil de financement dont les entrepreneurs du pays ont plus que jamais besoin ?