Deux mois avant la présidentielle de 2017, deux des quatre principaux candidats en lice ont des programmes qui paraissent extravagants au regard des enjeux qui s’annoncent pour la France.
Alors que la dette de l’état va prochainement atteindre et dépasser le PIB (Comment pourrait-il en être autrement puisque chaque déficit augmente la dette et on est loin d’arriver à l’équilibre), que le chômage très élevé arrive difficilement à se restreindre, que les entreprises malgré un contexte relativement favorable, ont du mal à retrouver des marges correctes ; deux programmes ont l’air de se trouver complètement à contre courant de ce que la logique voudrait.
Le Programme du Front National au niveau des coûts supplémentaires
L’Institut de l’Entreprise a analysé le programme du Front National et en a conclu que la facture pourrait être phénoménale pour les finances publiques. En analysant les 144 engagements, nous en avons trouvé quelques uns qui attirent plus que l’attention et font appel à la « planche à billets » .
- Les dépenses supplémentaires
La Défense : Hausse du budget de 40 milliards
Le Pouvoir d’Achat : Une prime qui coûtera 18 milliards
Impôts : Une Baisse qui devrait amputer les comptes de 12 milliards
Budget de la Recherche : Une Hausse qui devrait atteindre 4 milliards
Les Heures Supplémentaires défiscalisées : Coût 4 milliards
Impôts Société : Une Baisse s’élevant à 3 milliards
Prestations Sociales : Une Revalorisation d’un coût de 3 milliards
Sécurité : Embauche de policiers, gendarmes, douaniers : Coût : 1 milliard
Coût total : 85 milliards
- La sortie de l’Euro
La mesure phare de Marine Le Pen, c’est de rétablir la souveraineté de la France. Même si elle a un peu assoupli sa vision première en fustigeant simplement un euro trop cher, elle veut faire de la monnaie son levier pour booster la compétitivité.
Si le franc refaisait son apparition, que se passerait-il ? Les experts parlent presque aussitôt d’une dévaluation qui entraînerait de suite une hausse de notre dette extérieure en euros, qui pourrait passer à 6300 milliards, état et privé confondu. Marine Le Pen pour contrer ce mécanisme brandit le lex monetae qui autorise un pays à redénominer sa dette dans la monnaie de son choix. Mais ce choix est contesté par presque tous les experts, estimant qu’il n’y aurait pas d’autre possibilité que de rembourser dans une monnaie dépréciée. Il faut rappeler que l’essentiel de la dette publique est sous contrat français. Ce qui pourrait coûter aux contribuables la somme de 7 milliards d’euros en plus par année.
Par ailleurs, la dette privée auprès des investisseurs étrangers atteint actuellement 60% du PIB, le reste est détenu par les français. Cette dette relève en grande partie du droit étranger, du fait que les grandes entreprises et même les banques empruntent principalement sous contrat étranger pour financer des activités françaises. Sachant que le secteur privé est endetté à hauteur de 265% du PIB, ces entreprises auront à supporter 50 milliards annuelles de charges supplémentaires (au taux de 3%). Le passage au franc pourrait coûter à la nation la coquette somme de 57 milliards d’euros.
Le retour de la retraite à 60 ans et 40 ans de cotisations
Marine Le Pen y tient beaucoup comme Jean-Luc Mélenchon (les extrêmes s’attirent !). Cette proposition est complètement antinomique par rapport à une durée de vie qui augmente de 7h1/2 par jour (23 années de plus depuis 1945) et à l’inverse de tous les pays nordiques y compris l’Allemagne.
C’est en France que l’on part le plus tôt en retraite, en moyenne à 59,4 ans contre 64,6 pour les pays de l’OCDE. Pour maintenir un équilibre précaire depuis 2016 du système des retraites dû aux deux réformes Fillon (hors Fond de Solidarité-Vieillesse) après 12 années de déficit, il faudrait sans rien changer, une croissance minimum de 1,5 point et 7% de taux de chômage.
Cette proposition qui pourra plaire à beaucoup d’électeurs, comme cela avait été le cas en 1981 quand François Mitterrand a proposé la retraite de 65 ans à 60 ans, serait l’effondrement vers un gouffre financier. Il faut rappeler aussi qu’après 1981, il y a eu deux dévaluations du franc qui ont appauvrit la nation et qui nous coûte depuis, la bagatelle de 300 milliards de pertes par année dans notre économie.
Coût estimé de l’opération :
Retour aux 60 ans : 16 milliards
Retour aux 40 ans de cotisations : 16 milliards
Soit un total pour les 60 ans de 32 milliards d’euros
- Le Protectionnisme (Appelé, Protectionnisme Intelligent)
Monnaie nationale
Droits de Douane
Contribution Sociale sur les importations de 3%
Réserver la Commande Publique aux entreprises françaises
Taxes sur l’embauche des travailleurs étrangers
Ces mesures auraient pour principales conséquences d’augmenter le coût de la vie. Mais aussi de nous couper de l’Europe, jusqu’à être obligés de renégocier les traités suite à violation de l’article 88 de la constitution européenne et la sortie de l’Union. Autre conséquence, la pénalisation des secteurs industriels les plus en pointe qui s’approvisionnent aux meilleurs prix à l’étranger. Le coût de ce protectionnisme n’est pas chiffré car très difficile à comptabiliser précisément.
Le coût estimé de ce programme pour la nation, hors ce dernier chapitre, pourrait se monter à : 174 milliards d’euros.
Le Programme du Parti Socialiste (Benoit Hamon) au niveau des coûts supplémentaires
L’Augmentation du RSA vers le Revenu Universel
Augmenté de 10% en passant à 600 euros de base en 2017, soit pour les 5,3 millions de bénéficiaires une augmentation de 28 milliards d’euros. Pour les jeunes de 18 à 25 ans soit 5 millions, la dépense serait de 36 milliards d’euros. Pour atteindre tous les ayant droits du RSA comme il le souhaite, cela représente un coût supplémentaire de 38 milliards d’euros. En basculant ensuite sur un Revenu Universel, soit 750 euros par personne majeur, le coût annuel défini par BH serait de 300 milliards par année. L’Institut Montaigne l’estime lui, à 349 milliards d’euros, d’autres jusqu’à 450 milliards d’euros.
Lancer un Acte II de l’Economie Sociale et Solidaire
Porter cette économie de 10 à 20% du PIB d’ici 2025 représenterait une augmentation de 200 milliards en 8 ans, soit 25 milliards d’euros par année.
La Revalorisation des Minima Sociaux
Cette mesure représenterait un coût de 10 milliards d’euros
La Revalorisation du point d’indice de la fonction publique et du Smic de 10%
Cette augmentation se monterait à 20 milliards d’euros de dépenses supplémentaires
Le vaste plan de Rénovation Energique des bâtiments publics et privés
Cette augmentation de charges n’a pas été chiffrée
Le Budget de développement et de diffusion de l’Art et de la Culture porté à 1% du PIB (non chiffré)
Ouverture de Centre d’Accueil du Planning Familial dans toute la France (Pas de chiffrage)
Education : Prévision d’embauche de 40.000 enseignants supplémentaires (coût estimé à 1,7 milliard uniquement pour les salaires)
Création de mille postes par an de policiers et de gendarmes, plus une police de proximité
(policiers = Coût évalué à 42 millions d’euros/an plus équipements et 75 millions d’euros pour la police de proximité) Soit un total de 117 millions d’euros
Offrir un droit au temps partiel avec compensation salariale
La Revalorisation des Minima Sociaux
Si l‘on s’en tient seulement aux éléments chiffrés, le déficit annuel supplémentaire minimum serait de 405 milliards d’euros. Par comparaison, le seul budget de dépenses de l’état se montait à 410 milliards d’euros en 2016.
En ce qui concerne les autres mesures phares :
- Abroger la loi travail
- Taxe sur les Robots
- Fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG et tranches nouvelles
- Sortie du diesel en 2025
- Création d’un 49.3 citoyen
- Fusion des taxes foncières et de l’ISF
En conclusion, la France se trouvant déjà dans une situation financière catastrophique, ces deux programmes ne pourront que nous entrainer vers l’abîme des profondeurs, avec des difficultés énormes pour ensuite, refaire surface. Sachant que depuis 1975 aucun gouvernement n’a jamais su au minimum, rétablir l’équilibre des finances publiques.