Vivement critiquée, à la fois par les consommateurs, les commerçants et les associations, la décision du gouvernement censée rétablir l’équité entre grandes surfaces et petits commerces sera bel-et-bien appliquée. Sauf que, délais administratifs obligent, les Français ont gagné un jour de répit. Explications.
Produits non-essentiels et rayons fermés : une mesure reportée d’un jour
Lorsque Jean Castex a annoncé, dimanche 1er novembre 2020, que les rayons de produits non-essentiels dans les supermarchés devaient être condamnés pour que les grandes surfaces ne puissent pas vendre ce que les petits commerçants fermés ne peuvent pas vendre, il avait donné 24 heures aux concernés pour s’organiser. L’interdiction de vendre des produits non-essentiels devait entrer en vigueur mardi 3 novembre 2020.
Finalement, ce ne sera pas le cas. Si le gouvernement n’est pas revenu sur sa décision malgré les nombreuses critiques, il aura dû composer avec l’administration : impossible de publier le décret qui fixe la liste officielle des produits interdits à la vente durant le confinement avant… mardi 3 novembre 2020.
Sans cette liste, les magasins ne peuvent pas s’organiser, et sans décret la liste n’a aucune valeur juridique même si le gouvernement l’a fournie aux enseignes. Un décret n’entrant en vigueur que le lendemain de sa publication, c’est simple : la mesure n’entrera en vigueur que le 4 novembre 2020.
Le gouvernement critiqué car Amazon sera le grand gagnant
D’une manière générale, la décision de fermer les commerces de proximité et les rayons non-essentiels a été mal comprise et mal perçue. Les consommateurs ne comprennent pas la logique, les associations s’indignent.
C’est le cas de l’UFC-Que Choisir : son président, Alain Bazot, a estimé le 2 novembre 2020 que « le critère de 'biens essentiels' au lieu de celui de la capacité à réguler les flux, assurer de la distanciation, etc. manque de pertinence au-delà du fait qu'il est arbitraire ».
Comme les petits commerçants et la grande distribution, il craint en outre que cette décision ne soit « une autoroute pour les plateformes de e-commerce, à commencer par les GAFAM, particulièrement Amazon ». Les sites de e-commerce, dont le géant américain, n’ont en effet aucune interdiction de vendre les produits non-essentiels : du maquillage au gros électroménager en passant par les vêtements, les Français pourraient être fortement tentés d’acheter en ligne ce qu’ils ne peuvent plus trouver ailleurs.