Proche-Orient : l’UE et Schengen dépassés par les conflits

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Par Jacques Martineau Publié le 20 octobre 2015 à 5h00
Proche Orient Migrants Europe Immigration
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500 000500 000 migrants seraient arrivés en Europe depuis le 1er janvier 2015.

Les chiffres concernant les prévisions de migration vers l’UE sont discutables, mais l’élan a été enclenché. Il est et sera très important. L’arrivée croissante de migrants et de réfugiés ne va faire que révéler l’incapacité européenne à s’accorder sur le fond. Le problème ne sera pas que passager. L’incohérence dans l’UE est généralisée. Les accords bilatéraux de façade entre la France et l’Allemagne resteront insuffisants. Les autres partenaires européens restent discrets sinon opposés à la politique européenne soutenue par Angela Merkel…

Repenser l’Union et les accords de Schengen : une priorité

Déjà un simple rappel : qu’est-ce que l’espace Schengen ? L’UE comprend 28 pays dont 18 sont dans la zone euro, 22 dans l’espace Schengen, 2 bénéficiant d’un « opt-out » (Royaume-Uni, Irlande), 4 en attente (Roumanie, Bulgarie, Chypre, Croatie) et enfin 4 admis dans l’espace Schengen (Islande, Lichtenstein, Norvège et Suisse), mais hors UE.

A terme, les mouvements à l’intérieur de l’espace Schengen vont compliquer l’image de ces migrations, « réfugiés » ou non. Pour l’ensemble des citoyens européens, c’est un flou généralisé qui inspire la méfiance. Quant aux chiffres réels, nombre et coûts, à ce jour, nul n’est en mesure de le dire. Ils seront bien entendu, beaucoup plus élevés.

Les premiers obstacles vont très vite apparaître sur la « libre » circulation des « réfugiés », dès lors que ceux-ci auront obtenu officiellement leur statut dans un des pays de l’UE. Pourront-ils se déplacer dans l’espace Schengen comme les autres citoyens européens ? Pourront-ils travailler dans tous les pays de l’UE et de la zone euro ? Les politiques de regroupement familial vont-elles se généraliser ? Jusqu’à quel niveau ?

Il est temps de s’attaquer aux origines des causes de ces migrations

Qu’il s’agisse d’immigration, d’exil, voire d’exode, les données du HCR estiment aujourd’hui à plus de 40 millions le nombre de personnes sur les routes dans le monde. Le HCR n’est plus à la hauteur de traiter seul ces problèmes. Si de nombreux « exilés » sont concernés par des crises politiques, des conflits armés, des guerres, d’autres fuient leur pays et leur zone de vie après de longues périodes de sécheresse ou des catastrophes naturelles.

La majorité de ces populations « déplacées », en « exil » ou en « exode », préfèrerait peut-être rester ou retourner dans leurs pays d’origine. Pour aller dans leur sens faudrait-il encore vouloir s’attaquer à l’origine des causes qui provoquent ces maux ? Il faut savoir que si les mêmes causes produisent les mêmes effets, les raisons de ces causes ont des origines différentes et leurs effets des conséquences multiples.

Négocier une stratégie avant d’agir sur le terrain… C’est trop tard ?

Pour le conflit actuel en Syrie et en Irak, il faudrait se préparer à monter à Genève une conférence internationale, en liaison avec l’ONU et le Conseil de sécurité. Cela nécessiterait la mobilisation de l’ensemble de tous les pays limitrophes (Jordanie, Liban, Israël, Turquie), et des acteurs de la région (Syrie, Irak, Iran, Egypte, Lybie, sans oublier les Kurdes), des pays du Golfe (Qatar, Arabie Saoudite, Emirats), des grandes puissances (Etats-Unis, Russie) et des représentants de l’Union européenne (France et Royaume-Uni en tête). Ce rassemblement permettrait d’entamer des négociations pour définir d’abord et avant tout une stratégie de fin de conflit, avant d’intervenir ensemble sur le terrain pour réduire Daesh et les autres organisations…

C’est en fait l’inverse qui s’est produit. La France, pour faire partie à part entière de la coalition, frappe désormais Daesh en Syrie (officiellement 2 fois en un mois !). Devant une forte inertie occidentale, compte-tenu des positions divergentes par rapport à Damas, les Russes ont décidé de prendre eux-mêmes l’initiative d’intervenir sur le terrain. En liaison avec les forces syriennes et l’Iran, leurs forces aériennes et mobiles interviennent contre Daesh et les « poches rebelles » locales, toutes origines confondues, jetant le trouble dans l’appréhension de sortie de crise à Washington et à Paris…

La Syrie et l’Irak ne sont pas les seuls sous tension dans la région. La situation entre Palestiniens et Israéliens à Jérusalem, en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza témoigne de la tension. Le violent attentat récent non revendiqué à Ankara inquiète. La position de la Turquie dans ce conflit n’est pas nette et son combat contre le PKK plus que confus dans un contexte électoral. Quant aux nombreux attentats en Afrique, cela fait partie des faits divers.

Par principe avant d’agir sur place au bénéfice des pays en difficulté et sur les différents théâtres d’opération, il est temps d’adopter urgence des stratégies adaptées, accompagnées d’engagements fermes avec, à chaque fois, un « morceau choisi » d’alliés reconnus.

Ce n’est pas demain la veille que cela se mettra en place, et pourtant c’est bien d’un conflit mondial en progression dont il s’agit…

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Après un long parcours scientifique, en France et outre-Atlantique, Jacques Martineau occupe de multiples responsabilités opérationnelles au CEA/DAM. Il devient DRH dans un grand groupe informatique pendant 3 ans, avant de prendre ensuite la tête d'un organisme important de rapprochement recherche-entreprise en liaison avec le CNRS, le CEA et des grands groupes du secteur privé. Fondateur du Club Espace 21, il s'est intéressé aux problèmes de l'emploi avec différents entrepreneurs, industriels, syndicalistes et hommes politiques au plus haut niveau sur la libération de l'accès à l'activité pour tous. Il reçoit les insignes de chevalier de l'Ordre National du Mérite et pour l'ensemble de sa carrière, le ministère de la recherche le fera chevalier de la Légion d'Honneur.

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