Choc : le prochain bouc-émissaire…

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Par Bill Bonner Modifié le 15 octobre 2019 à 23h52
Capitalisme Dette Capital Etats Unis Crise
@shutter - © Economie Matin
23.000La dette totale des États-Unis dépasse désormais le niveau de 2008 de plus de 23.000 milliards de dollars.

Trois chocs nous attendent dans l’avenir – et les États-Unis ne s’en relèveront pas… ou en tout cas, pas comme ils l’étaient auparavant.

Aujourd’hui, nous continuons notre joyeuse excursion dans l’avenir.

Nous avertissons le lecteur qu’il y a des milliers de portes différentes menant à demain. Les chances que nous ouvrions la bonne sont minces. Mais entrebâillons-là quand même, et jetons un œil…

En mode 2008

Le premier choc sera probablement déflationniste, en mode 2008. Il sera cependant pire que le précédent, tout simplement parce que les erreurs à corriger sont plus grosses.

En 2007, la dette US totale, publique et privée, était inférieure à 50.000 milliards de dollars. Aujourd’hui, elle dépasse les 73.000 milliards de dollars. En d’autres termes, il y a jusqu’à 23.000 milliards de dollars d’erreurs supplémentaires à éponger.

Et voyez comment une erreur du marché – la mauvaise évaluation d’une start-up comme WeWork – a des conséquences sur l’économie réelle. Notre gestionnaire de patrimoine préféré, Chris Mayer, nous en dit plus :

« [La WeCompany] est différente de bon nombre des soi-disant licornes, dans le sens où elle a une présence physique définie – elle loue une gigantesque quantité d’espace.

Réfléchissez au fait que We – et autres entreprises de partage de bureaux – ont loué plus de 4,5 millions de m² de bureaux. Depuis 2007, ces sociétés représentent 16,5% de la demande de bureaux.

Que se passera-t-il si/quand We mettra la clé sous la porte et/ou ce business model disparaîtra ? Cela fait beaucoup de m² revenant sur le marché.

Par ailleurs, We versait souvent des primes sur les loyers – jusqu’à 20% dans certains cas. Il me semble que toutes ces propriétés vont revenir sur le marché. Et ensuite ? Un krach de l’immobilier de bureaux ?… »

Collision entre deux mondes

Oui, durant le premier choc – qui arrive bientôt – le monde factice de la fausse monnaie et des taux d’intérêt bidon entera en collision avec le monde réel.

Les dettes s’effondreront… tout comme les actions, les chiffres de l’emploi, les montants des enchères pour les œuvres d’art, les chances de réélection de M. Trump… et bien d’autres choses encore.

Ensuite arrivera le deuxième choc, causé par la réponse des autorités au premier.

Rappelez-vous : c’est l’Inflation ou la Mort. Elles ne retiendront pas leurs coups… gonflant l’économie tant avec la relance monétaire qu’avec la relance budgétaire. Et (à moins qu’il se passe quelque chose de vraiment bizarre) cela mènera à une crise inflationniste.

C’est le troisième choc qui nous intéresse aujourd’hui…

Une sombre descente

Si nous avons raison, les États-Unis sont déjà depuis deux décennies dans une longue et sombre descente… qui les amène depuis le sommet du monde dans toutes les catégories… vers… eh bien… ailleurs.

Les grands empires ne se rendent pas sans combattre. Ils réagissent et aggravent leur situation.

Généralement, ils dépensent trop, cherchent la bagarre… pendant que leur propre peuple se tourmente.

Nous avons déjà vu ce qui se trouve derrière la porte financière : krach, faillite et inflation.

On peut voir à quoi cela ressemblera simplement en visitant le Venezuela ou l’Argentine. Dans un sens, cela peut calmer les nerfs. En dépit d’une inflation à 50%, par exemple, l’Argentine reste un endroit où l’on peut vivre tolérablement bien.

Le Venezuela ? Un peu moins.

Ce que nous n’avons pas encore exploré, c’est la possibilité d’une vraie défaite militaire ou d’un réel bouleversement à l’échelle nationale.

Lorsqu’une machine militaire s’habitue à agir comme une force de police – luttant contre des opposants inférieurs, désorganisés ou légèrement armés – elle n’est pas très utile dans une vraie guerre.

C’est ce qui est arrivé à l’Argentine dans les années 70. L’armée était devenue douée pour faire disparaître des étudiants. Elle n’était absolument pas préparée à la réalité de la guerre des Malouines en 1982.

Guerres factices et porte-avions coulés

Les États-Unis ont combattu sur de nombreux fronts depuis la Deuxième guerre mondiale, mais toujours contre des ennemis bien plus faibles. Des « guerres factices », comme nous les appelons. Même ainsi, ils n’ont pas vraiment de victoires à leur actif.

L’argent est tout aussi dangereux pour une force armée que pour une économie. Le Pentagone dépense 10 fois autant que son probable rival, la Chine.

Hélas, l’armée US est désormais truffée de systèmes d’armement coûteux, complexes et poussés par les lobbies – comme le F-35, qui coûte des milliards de dollars.

Nous avons récemment vu en Arabie saoudite à quel point de petits drones peu coûteux peuvent être efficaces – même contre des systèmes de défense modernes et sophistiqués.

Lors des futures guerres, le complexe militaro-industriel américain, enrichi par Lockheed et Raytheon, se prendra sans doute les pieds dans son propre budget boursouflé.

Il ne serait pas non plus surprenant de voir un porte-avion US coulé dans le golfe Persique ou la mer de Chine méridionale par des armes non-conventionnelles et bon marché.

Il y a encore plus désagréable…

C’est ce qui arrive lorsqu’un empire perd de la vitesse : son armée chère et capitonnée est défaite et humiliée par des arrivistes.

Encore plus probable, et plus désagréable, est ce qui attend la mère-patrie. Les gens ne s’en veulent pas pour leurs propres malheurs. Ils accusent les autres… généralement une minorité qui ne peut pas se défendre.

Durant la peste du XIVe siècle, par exemple, les Juifs ont servi de bouc-émissaire. À Francfort, en 1349, la communauté juive a été oblitérée. À Mayence, les 3.000 Juifs du ghetto ont tous été tués. À Strasbourg, 2.000 Juifs ont été brûlés vifs.

Les Juifs étaient une cible pratique parce qu’ils étaient identifiables et différents. Dans les États-Unis de 2024, les riches feront partie des cibles probables.

Pourquoi ? Parce que qu’ils sont censés avoir causé les crises. Parce qu’ils en ont profité. Et parce qu’ils sont considérés comme un groupe odieux et tape-à-l’oeil que personne ou presque ne défendra.

Les médias montreront des photos de leurs palais vulgaires… des vidéos de leur méga-yachts… des documentaires sur Jeffrey Epstein et Harvey Weinstein.

Hollywood, qui tend déjà à décrire les riches comme étant maléfiques, inventera des contes à sensations montrant comment les riches font la fête à Aspen et Monaco tandis que les pauvres luttent pour payer leurs factures.

Les magazines raconteront comment les riches ont gagné des millions durant le boom en anticipant les décisions de la Réserve fédérale.

On ne parlera pas de la fausse monnaie du gouvernement… du crédit bon marché venu inonder l’économie… ou de la collusion avec l’industrie financière afin de truquer les marchés de capitaux pour que les riches puissent devenir plus riches.

Personne ne suggérera la vraie solution : de l’argent honnête et des budgets équilibrés.

Au lieu de cela, Mme Warren montrera les dents. Elle sortira ses impôts sur la fortune – d’abord pour les ultra-riches… puis pour les pas-si-riches-que-ça. À mesure que la crise s’approfondira, les voix en colère se feront plus fortes et plus sévères.

Taxes, redistribution, rétribution, revanche – qui sait à quelles sottises se livreront les autorités ?

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Fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information financières pour les investisseurs particuliers.

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