C'est le prix record pour la tonne de blé, annoncé lundi 16 mai 2022 à la clôture du marché européen. 438,25 euros la tonne de blé. L'Inde, dont les moissons ont été mauvaises, a interdit les exportations la semaine précédante. Une situation de crise de plus sur le marché.
"C'est un record absolu toutes échéances confondues sur Euronext. Le précédent record remonte au 7 mars 2022 avec un blé à 422,50 euros la tonne en clôture", dixit Damien Vercambre, courtier au cabinet Inter-Courtage, à l'AFP. Même à l'ouverture des marchés, le prix de la tonne de blé s'était envolé à 435 euros.
L'Inde en grande difficulté
Le pays, deuxième producteur mondiale de blé, a annoncé vouloir en stopper les exportations samedi 14 mai 2022, jusqu'à nouvel ordre, sauf disposition contraire du gouvernement. Les chaleurs extrêmes qui frappent l'Inde entraînent des mauvaises récoltes, en baisse de 5% par rapport à 2021, et le pays veut conserver des stocks suffisants pour sa propre population. New Delhi, qui s'était pourtant engagé à fournir du blé aux pays très dépendants de l'Ukraine, veut désormais assurer la "sécurité alimentaire" de ses habitants, au nombre d'1,4 milliard. Cet embargo indien fait donc grimper le cours du blé à un prix record. Si les contrats déjà signés doivent être respectés, ceux en cours de signature sont incertains, comme celui passé avec l'Egypte. L'Inde doit lui livrer 500.000 tonnes. Pour Damien Vercambre, "on ne sait pas ce qu'il va advenir d'une livraison" pareille.
Une situation de crise de plus
Nombreux pays, surtout en Afrique, sont en grande difficulté pour s'approvisionner en blé. L'Ukraine, leur principal fournisseur, va voir ses capacités d'exportations passer de 19 millions de tonnes en 2021, à 10 millions de tonnes, d'après les premières estimations du ministère américain de l'Agriculture. Le conflit actuel en Ukraine rend l'exportation de blé très difficile. L'Inde avait offert un peu de répit en alimentant les stocks, mais désormais les regards se tournent vers les gros pays importateurs, de plus en plus en difficulté, comme le Maroc dont la production de céréales va baisser de 60%, et l'Irak, où la pénurie d'eau contraint à la réduction des productions. Quant aux prix, ceux-ci vont rester élevés, puisque la demande est toujours soutenue.