Q1 : A qui faites-vous le plus confiance pour redresser la situation économique du pays ?
Alain Juppé : 27%
François Fillon : 27%
Aucun des deux : 46%
27% des Français interrogés font confiance à égalité Alain Juppé et François Fillon pour redresser la situation économique de la France. 46% considèrent qu’aucun des deux ne sera en mesure de redresser la situation économique du pays.
Le moins que l’on puisse dire c’est que depuis lundi les sorties médiatiques des deux finalistes à la primaire de la droite et du centre n’ont pas vraiment porté sur le fond des sujets et des programmes économiques. La compétition s’est plutôt concentrée, dans cet entre deux tours, sur les anathèmes lancés par un camp contre l’autre, sur les sujets du mariage pour tous, de la relation de l’un et de l’autre avec le Pape François, à grand renfort de petites phrases qui se veulent assassines. Relayés largement par certains médias, ces critiques ont paré le candidat arrivé en tête dimanche dernier de tous les antagonismes de ce que ses partisans appellent la pensée dominante.
C’est sans doute pourquoi le résultat du sondage de cette semaine met les deux candidats à égalité, à 27% d’opinion positive pour redresser la situation économique du pays, alors que 46% des Français interrogés considèrent qu’aucun des deux candidats ne saura redresser la situation économique de la France.
Le résultat n’est pas étonnant non plus tant les programmes des deux candidats sont semblables en matière économique. La nature plutôt libérale des deux programmes, sans réel excès si on les compare à ceux de Schroeder ou Cameron, n’est pas vraiment contestable, les différences se mesurant plutôt sur l’ampleur des réformes et des mesures proposées que sur leurs différences fondamentales. Autrement dit, il s’agit là de deux programmes économiques de droite pour une élection opposant 7 candidats de droite pour désigner le candidat de la droite républicaine aux élections présidentielles.
Mieux, pendant la campagne, avant le premier tour, la stratégie de communication des « lieutenants » des deux candidats étaient de louer publiquement la proximité programmatique et intellectuelle unissant les deux candidats pour mieux se différencier de Sarkozy qui faisait office d’épouvantail.
Pourtant en communication, cette absence de différences fondamentales, formalisée même par le résultat de notre sondage, n’est pas une bonne nouvelle pour les deux finalistes, et ce pour deux raisons :
D’abord, à très court terme. Il y avait le jeudi 24 novembre 2016 au soir un débat et les candidats doivent se départager et se distinguer. Pour cela, ils devront véritablement affirmer leurs différences en matière de politique économique qui, jusque là n’ont pas parues évidentes aux Français. C’est d’ailleurs sans doute pour cela aussi que les débats de cette semaine ont assez peu porté sur ces questions.
Ensuite et à long terme, le vainqueur devra dès lundi 28 novembre 2016 imposer son point de vue dans le débat économique pour espérer être élu Président de la République en mai 2017. Les résultats du sondage montrent que sur ce point, il reste encore beaucoup de chemin pour convaincre les Français et que le vrai « choc de crédibilité économique » reste à démontrer.
Q2 : Concernant le temps de travail en France, êtes-vous favorable ou opposé à chacune des deux réformes suivantes ?
Faire passer la durée légale du temps de travail de 35 heures par semaine à 39 heures : 27%
Laisser les entreprises fixer la durée légale du temps de travail dans la limite de 48 heures maximum par semaine : 27%
53% des Français interrogés souhaitent passer la durée légale du temps de travail de 35 heures à 39 heures, alors même qu’ils ne sont que 42% à être favorables au fait de laisser les entreprises fixer la durée légale du temps de travail dans la limite de 48 heures par semaine.
Sur la question du temps de travail qui est un véritable marqueur de la droite, singulièrement depuis les lois Aubry ayant porté la durée légale à 35 heures, nous avons voulu tester les différences des deux candidats sur le temps de travail. S’ils sont tous deux d’accord pour revenir sur « les 35 heures », les résultats donnent une légère prime à la position d’Alain Juppé qui plaide pour une durée du temps de travail légale à 39 heures (avec négociations possibles au sein des entreprises entre 35 et 39 heures hebdomadaires).
En effet, 53% des Français se disent favorables à ce changement de cap, alors qu’ils se montrent majoritairement opposés à la position de François Fillon de laisser les entreprises libres de fixer la durée légale du travail, dans la limite européenne de 48 heures hebdomadaires.
En communication, ce résultat appelle deux commentaires :
C’est d’abord la démonstration que cette campagne des primaires a permis aux idées défendues par l’aile droite de l’échiquier politique de se diffuser et de prospérer dans l’opinion publique. En effet, le retour à 39 heures de travail hebdomadaire est une réforme désormais acceptée par une majorité de Français.
En creux, cela montre que les Français ont besoin d’améliorer leur pouvoir d’achat et que la communication des candidats de droite les a convaincus que le meilleur moyen d’y arriver - les heures supplémentaires n’étant plus défiscalisées depuis l’arrivée de François Hollande à la présidence de la République - c’est de travailler plus.
Ensuite, on peut considérer ces résultats comme une forme d’anticipation du résultat de l’élection présidentielle par les Français. Ceux-ci sont prêts, semble-t-il, à voir appliquer un programme économique issu de la droite républicaine. Ce faisant, s’ils se résolvent à une réforme du temps de travail et à la fin des 35 heures, c’est à condition que cette réforme ne soit pas trop ambitieuse.
Un message que le vainqueur de dimanche doit considérer comme un encouragement pour les élections de 2017 mais aussi comme un avertissement sur la méthode de présentation des réformes à venir.
Sondage exclusif TILDER/LCI/OpinionWay du 24 novembre 2016