Présidentielles américaines : Pyrrhus président ?

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Par Gilles Sengès Modifié le 4 novembre 2012 à 8h46

Vous aimez la crise de gouvernance de l'Union Européenne ? Vous allez adorer celle qui menace les États-Unis au sortir des urnes le 6 novembre. Que le vainqueur de l'élection présidentielle s'appelle Barack Obama ou Mitt Romney, l'heureux élu risque d'enregistrer une victoire à la Pyrrhus, du nom de ce roi d'Epire dont l'armée souffrit des pertes irremplaçables quand il battit les Romains pendant sa campagne d'Italie en 280 et 279 avant Jésus Christ.

 

Le président sortant démocrate et son challenger républicain ne sont assurés, en effet, ni l'un ni l'autre, d´une majorité au Capitole en cas de victoire. Tout à leur duel, il est vrai très serré, Obama comme Romney ne se sont pas impliqués dans la campagne pour le renouvellement de la Chambre des Représentants et de la trentaine de sièges sur les cent que compte le Sénat américain. Ce qui signifie que les heureux élus de ces deux Assemblées ne se sentiront, en aucun cas, redevables de leurs sièges à leurs leaders.

 

 

Or, à l'heure où va sonner l'application du Budget Control Act, le 31 décembre prochain, c'est dans ces deux enceintes que va se jouer le sort de l'économie américaine. Avec le nécessaire déminage d'une loi qui pourrait avoir un impact négatif de près de 600 milliards de dollars sur un pays au redressement encore fragile si rien n'est fait. Trouver un compromis entre ceux qui veulent tailler dans les dépenses et ceux qui prônent une hausse de la fiscalité pour réduire le déficit budgétaire et une dette publique de 1.600 milliards ode dollars va nécessiter tout à la fois une certaine discipline et un sens du compromis des deux côtés.

 

Si Barack Obama, réélu, peut espérer que ses amis démocrates réussissent à préserver leur courte majorité au Sénat, les sondages voient les républicains garder le contrôle de la Chambre des Représentants. Ce qui ne serait pas forcément une partie de plaisir pour Mitt Romney s'il arrivait à la Maison Blanche, le 20 janvier prochain, car nombre de ces élus appartiennent à l'aile droite du parti qui l'a adoubé faute de mieux. Sans oublier qu'un Sénat contrôlé par les démocrates peut user de la "flibuste", un dispositif-maison qui permet de recourir à l´obstruction parlementaire en exigeant que les textes qui lui sont soumis récoltent au moins 60% des voix...

 

Dans ce contexte, occuper la Maison Blanche l'année prochaine  ne s'annonce pas comme une sinécure. Ni pour Obama, ni pour Romney.

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Ancien rédacteur en chef des Échos, Gilles Sengès a été correspondant en Grande-Bretagne, aux États-Unis et en Espagne.

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