Présidentielle : Quid des jeunes diplômés déclassés ?

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Par Amélie Bruder Modifié le 30 avril 2012 à 20h02

Pour beaucoup, le stéréotype du pauvre et du looser reste le décrocheur sans qualification ou le fainéant qui mérite son sort car il n’a rien fait pour améliorer sa condition...

Pourtant, on remarque qu’en France et plus généralement en Europe, les plus déclassés sont les jeunes diplômés qui n’ont pu s’insérer sur le marché, parce qu’ils sont considérés comme trop chers lorsqu’ils prétendent aux postes hautement qualifiés et biens rémunérés qu’ils étaient censés occuper.


Il n'est d’ailleurs pas rare que ces jeunes soient âgés de plus de 30 ans. Ils ont évidemment de l’expérience puisqu’ils ont multiplié celle-ci durant leurs études, mais ils ne peuvent toutefois prétendre à un sacro saint CDI voire même un CDD qui deviennent un luxe.

Bien que cette réalité existe, elle ne cesse d’être niée depuis des années tant il est inconcevable qu’un plombier ou qu’une personne occupant une profession possédant l’intelligence de la main puisse mieux s’en sortir qu’un jeune diplômé bénéficiant d’études prestigieuses. Dès lors, en continuant de vivre dans ce déni, on occulte la réalité et on ne cesse d’apporter des solutions inappropriées.

En effet, si l’on se penche sur les programmes des présidentiables, on constate que beaucoup de mesures pour l’emploi sont destinées aux moins de 30 ans, à des personnes sans qualifications…

Pire, certains candidats proposent de véritables cache-misère à propos des chiffres du chômage en proposant aux personnes de se former alors qu’elles le sont déjà, ou de faire un service civique. Ces mesures ne résolvent pas le problème. Elles ne font qu’accélérer la baisse du coût du travail, ainsi que la misère des populations concernées.


On n’entend par contre jamais parler des stages proposés abusivement aux jeunes diplômés à la recherche d’un emploi stable. Des stages qui remplacent un emploi salarié sans les avantages du salariat et sans qu’aucune embauche ne soit possible par la suite (les stagiaires étaient 800 000 en 2008 contre plus d’1 500 000 après 2009 quand l’emploi junior disparait).


On n’entend pas non plus parler des faux contrats d’indépendants, toujours destinés à la population des gens diplômés, qui se retrouvent dès lors sous payés pour un nombre interminable d’heures alors qu’ils travaillent et dépendent, dans un marché difficile, d’un seul client. Ce client est en réalité leur patron puisqu’ils travaillent sous sa subordination sans que celui-ci ne supporte les contraintes du droit du travail. Ce phénomène permet donc d'éviter de payer des cotisations élevées et favorise ainsi l’aggravation des déficits publics...


La précarité et l’extrême pauvreté se répand donc aujourd’hui parmi ces jeunes pourtant courageux et brillants qui étaient soit disant promis à un bel avenir, sans qu’aucun candidat ne pense jamais voler à leur secours. Sont-ils seulement conscients de cette réalité et ont–ils surtout la volonté de remédier à cette situation ?

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Amélie Bruder est docteur en droit des affaires et certifiée de l’Edhec Business School. Ex-avocate en reconversion professionnelle vers les milieux du sport et du bien-être (coaching sportif, fitness, zumba, reiki), elle développe un site dédié au fitness et au bien-être (www.myfitnesslesite.fr)

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