Continuons et poursuivons notre série de réflexion autour du pouvoir d’achat, de notre pouvoir d’achat largement érodé par l’inflation bien réelle cette fois.
« Quand le dernier arbre aura été abattu – Quand la dernière rivière aura été empoisonnée – Quand le dernier poisson aura été péché – Alors on saura que l’argent ne se mange pas. »
Cette citation est attribuée au chef indien Geronimo. C’est peut-être vrai ou faux, peu importe l’idée est juste et vous allez vite comprendre pourquoi je démarre cet échange avec vous ce matin par cette phrase connue.
Comme vous le savez, en règle générale lorsqu’il y a de l’inflation, on augmente les taux d’intérêt.
Logique.
Pourquoi ?
Parce que si les prix montent c’est parce que généralement il y a une demande forte et qu’en augmentant les taux et donc les coûts d’emprunts, on diminue la demande car cela rend tous les projets plus chers.
Pour tous les abonnés à la lettre STRATEGIES et aux Dossiers Spéciaux, je viens de vous mettre en téléchargement dans vos espaces lecteur une fiche de synthèse consacrée à l’inflation actuelle afin de vous permettre d’avoir bien en tête les différents types d’inflation, et pourquoi celle à laquelle nous sommes confrontés n’a rien à voir avec les inflations précédentes. Vous pouvez vous connectez à vos espaces lecteurs ici. Ceux qui veulent s’abonner à la Lettre STRATEGIES et avoir accès à l’ensemble des dossiers et lettres tous les renseignements sont ici.
On serait donc tentés de se dire que si on montait les taux on ralentirait l’inflation.
« La théorie (très simplifiée) est la suivante : si la BCE augmente ses taux d’intérêts, les sommes d’argent en circulation baissent. Mécaniquement, la consommation diminue. La demande chute et les prix avec. Inversement, baisser les taux aide à relancer l’économie, raison pour laquelle, en cette période post-confinements, les taux n’ont jamais été aussi bas. »
Or, et c’est ce que je vous explique par le menu dans la fiche de synthèse sur l’inflation, nous ne sommes pas dans une situation où cette théorie pourrait fonctionner. Pourquoi ?
Parce qu’essentiellement, l’inflation à laquelle nous sommes confrontés est une inflation de pénuries !
Il n’y a plus assez d’énergie abondante et pas chère. Il n’y a plus assez de puces électroniques pour tout le monde. Vous pouvez monter les taux, ou imprimer plus de billets cela ne changera rien au fait que quand il n’y en a plus, il n’y en a plus ce qui nous ramène à la citation de Geronimo.
« Quand le dernier arbre aura été abattu – Quand la dernière rivière aura été empoisonnée – Quand le dernier poisson aura été péché – Alors on saura que l’argent ne se mange pas. »
Pour autant, les pénuries peuvent se résorber non pas via des hausses de taux mais à travers des augmentations de capacités de production. Mieux, plus les prix des puces sont élevés, plus vous trouverez des volontaires pour investir dans la production de puces. C’est exactement ce qu’il se passe aux Etats-Unis avec des giga usines qui sortent déjà de terre.
Pour vous le dire autrement, sur l’inflation actuelle, il va nous falloir faire preuve de patience et accepter de laisser le temps au temps pour que les bouchons logistiques s’estompent et que les capacités de production de ce qui manque augmentent.
La vraie question est de savoir si même avec du temps cela sera possible.
Aurons-nous suffisamment d’énergie ?
Aurons-nous suffisamment de matières premières et de ressources naturelles ou arrivons-nous au « pic de tout » qui nous condamnerait à une décroissance inexorable, douloureuse et génératrice d’une terrible inflation ?
La vérité est sans doute un peu entre les deux et sans doute plus nuancée que cela. Nous aurons des pénuries durables, une inflation sans doute forte et tout sauf temporaire, mais peut-être pas une décroissance aussi douloureuse et violente que cela.
Dans tous les cas, augmenter fortement les taux d’intérêt ne serait donc pas très utile pour lutter contre une inflation liée aux pénuries puisque sans plus de ce qui manque les prix ne baisseront pas, sauf à monter les taux très hauts.
Se poseraient alors deux problèmes simples.
Insolvabilité et récession !
Si vous montez les taux à 10 % vous étoufferez tellement la croissance économique que ce sera une terrible récession qui s’abattra sur le monde.
Le problème c’est que le monde a accumulé tellement de dettes à taux variables que mettre les taux ne serait-ce qu’à 5 % ce serait mettre en faillite la moitié des Etats européens de la zone euro.
La FED comme la BCE devraient donc essentiellement faire semblant d’augmenter les taux d’intérêt à moins de vouloir procéder à la destruction de l’économie mondiale par exemple pour provoquer la nécessité d’une réforme d’ampleur du système monétaire international et purger l’amas de dettes accumulées dans le monde. Certains appellent cela le grand reset. Nous verrons bien.
En attendant la hausse (significative) des taux semble impossible.
Conclusion ?
Votre pouvoir d’achat ne sera pas sauvé par la politique monétaire et la hausse des taux.
Il va donc falloir trouver autre chose comme bonne idée.
Je vous dis à demain pour la suite de notre série consacrée au pouvoir d’achat et à la manière dont il pourrait être protégé.
Mais je suppose que vous avez déjà compris le sens de cette série d’articles. Il ne faut pas attendre de solutions des pouvoirs publics et des autorités monétaires pour régler vos problèmes de pouvoir d’achat. Vous aurez des « primettes », des cacahuètes voire quelques miettes, des petits chèques de 100 euros par ci, et une grosse baffe d’augmentation par là, mais en gros ce sera à vous de protéger votre pouvoir d’achat. C’est le vôtre. Et vous êtes le mieux placé pour le défendre.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !