Pourquoi réduire les marges des professions réglementées n’apportera pas plus d’argent dans l’économie

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Par Daniel Moinier Publié le 16 juillet 2014 à 2h34

Dans sa conférence de presse du jeudi 10 juillet, regroupant plus de 700 personnes d'horizon divers, Arnaud Montebourg a émis une trentaine de propositions pour relancer l'économie et faire diminuer le chômage.

Parmi celles-ci, celle qui a été très commentée par tous et surtout tous les médias, c'est celle de réduire les marges des professions du secteur réglementé : notaires, huissiers, ambulanciers, pharmaciens, prothésistes-dentaires, greffiers des tribunaux, auto-écoles...

Le rapport originel provient de Pierre Moscovici qui l'avait commandé à l'Inspection générale des finances alors qu'il était encore Ministre de l'Économie et des Finances.

Arnaud Montebourg, qui cherche toujours à faire sensation, a trouvé dans ce rapport un moyen de se mettre en vue en dénonçant les rentes démesurées qu'obtiennent les acteurs de ce secteur. Pensez-donc, un bénéfice net avant impôt moyen de 19%, soit 2,5 fois de plus que le reste de l'économie. Des salaires qui peuvent atteindre 6000 euros pour un huissier et même 10.000 euros net par mois pour un greffier de tribunal de commerce. Sachant aussi que le taux de défaillance de ces professions et de 0,8% alors que la moyenne nationale se situe à 1,4%. Pendant que le produit intérieur brut a augmenté de 34,6%, ce secteur lui, a vu son bénéfice progresser de 46% et sa valeur ajoutée progressé de 53,7%.

Sur l'ensemble de des 37 professions concernées, Arnaud Montebourg espère restituer l'équivalent de 6 milliards d'euros dans l'économie.

Notre Ministre de l'Économie voudrait baisser les marges de ces professions de 10 à 20%, prévoyant avec cela, un surcroît d'activité qui pourrait représenter selon certaines estimations jusqu'à 0,3 point de PIB. Cette étude semble un peu simpliste et peu analysée. Comment trouver 0,3% de PIB en plus alors que ce ne serait qu'un transfert d'argent sans supplément de valeur ajoutée.

Que deviennent dans ce cas, les gains de ces professions ? Ne se trouvent-ils pas déjà dans l'économie. Soit en achats, soit en placements financiers, immobiliers... La seule différence serait l'orientation de la consommation.

Ces achats de bateaux, voitures de luxe, bijouterie, villas, etc..., apportent des commandes aux entreprises, font travailler des sous-traitants, des fournisseurs de matériaux, des salaires, amènent des embauches, des charges, des impôts, des encours pour les banques, etc... Alors diminuer de 10 à 20% les revenus de ce secteur revient à diminuer aussi dans la même proportion le niveau de valeur ajoutée engendrée. Le déplacement de ces revenus vers les bas revenus ne produira pas plus de hausses de l'économie, mais par contre engendrera de fortes distorsions dans les commandes aux entreprises et risquera de mettre en difficultés certaines branches de l'économie, entreprises, commerces, etc...

L'espérance de trouver 6 milliards qui pourraient permettre à terme de réduire le déficit de l'État, semble bien compromis. Il va falloir que notre Gouvernement trouve d'autres pistes qui ne résultent pas du seul transfert de valeur ajoutée, mais de réelle augmentation de PIB. Seule possibilité pour se rapprocher de l'équilibre.

Cela peut ressembler au pacte de responsabilité, qui peut être en apparence un booster de l'économie. Mais celui-ci est par trop lié à une recherche du même montant de réduction de dettes. Ce qui d'autre part, ne résoudra pas de suite la réduction du déficit, puisque la recherche de 50 milliards ne fera que rééquilibrer ce qui ne va pas être restitué par les entreprises.

Ces économies d'autre part, vont encore diminuer la croissance.

Y-aura-t-il une possibilité d'équilibre entre la croissance attendue avec le pacte et les freins engendrés par la réduction du budget de l'État ? Le gouvernement en attendant pourtant beaucoup plus.

www.livres-daniel-moinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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