Pourquoi le chômage des jeunes ne baisse pas

Cropped Favicon Economi Matin.jpg
Par Daniel Moinier Publié le 27 juillet 2017 à 5h00
France Chomage Jeunes Taux Emploi
@shutter - © Economie Matin
23,7 %Le taux de chômage des jeunes en France est de 23,7 %.

Malgré tous les plans, contrats, aides en tout genre qui n’arrêtent pas de se succéder les uns aux autres depuis 40 années, la France est un des principaux pays industrialisés à garder un taux de chômage des jeunes très élevé !

Analyse et évolution depuis 1975

Aujourd’hui, le chômage des jeunes de 20 à 24 ans c’est 4 fois plus qu’en 1975. Le summum s’est situé entre 1975 et surtout depuis le début des années 1980. En 10 années le taux est passé de 7 à 17%. Par comparaison, les 25/49 ans ont été moins touchés, leur taux n’a augmenté que 2,3 fois. Celui des 50/54 ans a lui, plus que triplé, passant de 1,9% à 6,7%. Par contre pour ces derniers, c’est la durée de chômage qui s’est fortement accentuée.

Mais c’est surtout depuis 2008, que le taux de chômage des jeunes a atteint des records ! Mais aussi pour toutes les autres tranches d’âge. Plus 5 points pour les 20-24 ans, 3 pour les 25-49 ans et 2 points pour les 50-54 ans. Mais pour les jeunes, c’est une catastrophe. Les peu qualifiés savent qu’ils passeront par la précarité et la case chômage avant de pouvoir s’intégrer dans la vie professionnelle. Certains même iront jusqu’au RSA. Et dans ces conditions, c’est encore beaucoup plus difficile de trouver un emploi ! Ce chômage pour eux, a des répercutions profondes qu’ils voient comme une régression sociale d’intégration avec des difficultés de sortir de chez leurs parents, trouver un logement, construire un projet de vie et donc s’établir en couple.

Taux de chômage de jeunes dans le Monde

Actuellement, c’est 62% des jeunes qui commencent leur vie active par une période de chômage. Ils s’inscrivent en premier à Pôle emploi avant de rechercher leur premier job. Tous ne sont pas égaux face au chômage. Trois ans après leur sortie du système scolaire, les non-diplômés sont encore 41% à ne pas avoir trouvé un emploi. Les titulaires d’un simple CAP ne sont déjà plus de 24% et les BAC + 2, de 9%. Le diplôme reste bien un rempart primordial contre le chômage, les entreprises s’y fient en premier, plus que les arguments des candidats.

Autre constat, ceux qui sont embauchés le sont à plus de 50% en emplois précaires, contre 10% chez les seniors. Dans cette segmentation du travail les jeunes semblent très défavorisés. Mais c’est oublié que cela peut être pour plus tard, un gage d’être moins facilement au chômage. Il a été constaté qu’un jeune qui a déjà changé d’entreprise et de lieu de travail avant trente ans, encore plus s’il s’est éloigné du nid douillet familial, évitera beaucoup plus les périodes de chômage par plus de confiance en lui et de facilité d’adaptation. Les périodes de CDD et d’intérim sont très favorables pour l’intégration et l’adaptation aux contextes variés. Les différents gouvernements ont pourtant essayé par tous les moyens de réduire ce taux de chômage très mauvais pour leur popularité. Beaucoup de jeunes passeront par la case « emplois aidés ».

Ces emplois aidés avec les formations, c’est la « formule magique » des gouvernements pour essayer de faire diminuer fortement le niveau du chômage. (Fictivement, idem avec beaucoup de formations) Depuis 40 ans, tous les gouvernements ont essayé d’enrayer le chômage des jeunes. Chacun y a été de ses « inventions ». Le premier en 1977, c’est Raymond Barre qui a institué les premières réductions de charges pour l’embauche de jeunes, alors que le taux de chômage de ceux-ci était de 9,6% pour 4,3% pour l’ensemble.

Ensuite, c’est Laurent Fabius qui a créé les TUC (Travaux d’Utilité Publique). Puis, c’est au tour de Michel Rocard avec son CES (Contrat d’Emploi Solidarité). Edite Cresson a mis en place le CEC (Contrat Emploi Consolidé) en 1992 Edouard Balladur a eu les siens aussi : le CIP (Contrat d’Insertion Professionnelle), le SMIC Jeunes. Alors qu’Alain Juppé a mis en place le CIE (Contrat d’initiative Emploi) et le CEV (Contrat Emploi de Ville), Lionel Jospin quant à lui, a créé les Emplois Jeunes et le CJE et NSEJ (Contrat Emploi Jeunes et Nouveaux Services Emplois Jeunes) alors que le taux de chômage de ceux-ci était arrivé à 22,7%.

Lionel Jospin n’a pas été en reste avec le CPE (Contrat de première embauche) alors que le taux était encore de 22,2%. Jean-Pierre Raffarin a eu aussi les siens : Le CJE, (Contrat Jeunes en Entreprises), Le CIVIS (Contrat d’Insertion dans la Vie Civile), le CI-RMA (Contrat d’Insertion-Revenu Minimum d’Activité) et le CAE (Contrat d’Accompagnement dans l’Emploi) Dominique de Villepin a lui aussi instillé le Contrat de Professionnalisation et le PACTE (Parcours d’Accès aux Carrières de la Fonction Publique).

Nicolas Sarkozy avec François Fillon ont mis en place un Plan d’Urgence Jeunes avec différents contrats, alors que le taux était légèrement en baisse à 20,3%:
- Le CUI (Contrat Unique d’Insertion) en 2010
- Le CAE DOM (Contrat d’Accès à l’Emploi) en 2011
- Les Emplois d’Avenir en 2012

François Hollande a été aussi très créatif pour essayer de tenir sa promesse d’une baisse du chômage, y compris des jeunes dans la première année de son mandat et jusqu’à la fin de celui-ci :
- Le Contrat de Génération en 2013
- Le Contrat Starter en 2015
- Les Emplois Tremplins en 2016
- L’Aide à la première embauche en 2016

A tout cela s’ajoute toutes les aides financières aux entreprises pour favoriser l’emploi des jeunes, ainsi que la création d’un nombre incalculable de structures de gestion et d’accompagnement au coût exorbitant ! Autre élément affligeant : A la fin des contrats, ces jeunes ont encore plus de difficultés à retrouver un emploi et encore plus en CDI. Pour ceux qui ont un Bac + 2 et plus, leur nombre est important, ce diplôme est complètement dévalorisé par ces « petits emplois », principalement dans les associations et administrations. Cette période de latence a encore été aggravée par leur manque de réactivité, d’adaptation au marché et de mobilité.

Voila le verdict sans appel que fait la Cour des Comptes sur toutes ses aides emplois jeunes : « Des aides insuffisamment adaptées au coût élevé pour des résultats décevants ». Plus le nombre de jeunes aidés a augmenté, plus le chômage des jeunes a progressé !!! Il est tout même difficile à comprendre qu’aucun gouvernement, spécialiste, n’ait pu trouver une solution fiable en s’entêtant vers ces aides vouées à l’échec. Après plus de 40 années d’échec, il y a de quoi se poser la question ! Alors posons là ! Pourquoi cela n’a pas fonctionné et ne réussit toujours pas ?

En regardant tous les taux de chômage et d’emploi depuis 40 ans, un constat saute aux yeux. Si l’on prend tous les taux d’emploi et de chômage des pays européens, on peut constater qu’à de très faibles exceptions, Le taux de non emploi des séniors et proportionnel au taux de chômage des jeunes. ! Pourquoi ? Il suffit comme souvent, de raisonner global économiquement. C’est le taux d’emploi général qui est trop faible et encore plus celui des séniors. C’est cette tranche d’âge qui a en moyenne les rémunérations les plus élevées, qui paie le plus de prélèvements, impôts, taxes et qui ainsi, participe le plus à niveau élevé de PIB.

Le salaire d’un senior de 60 ans et 2 fois1/2 plus important que celui des 20/25 ans. Economiquement, chaque senior au chômage ou qui part trop tôt en retraite fait perdre l’équivalent financier de 4 jeunes embauchés !!! Il ne faut pas chercher plus loin la cause continue du chômage des jeunes. Plus la durée d’activité des seniors a diminué plus celle des jeunes également. C’est proportionnel dans presque tous les pays.

Pour le commun des mortels cela semble complètement un contre sens. Puisque depuis l’apparition du chômage, il était dit qu’en réduisant le travail des seniors cela donnerait du travail aux jeunes. Raisonnement simpliste, pas du tout économique qui nous a mené au chômage de masse. Comme le budget de l’état est en constante augmentation, il est impératif que le PIB augmente d’autant en pourcentage, pour conserver au minimum des comptes équilibrés sans déficit. C’est ce qui n’existe plus depuis 1975. Le PIB étant proportionnel aux nombre d’heures travaillées, payées, il est nécessaire que la durée d’activité augmente et surtout ceux qui sont les mieux rémunérés : Les seniors.

Ce tableau de l’emploi des jeunes et seniors est très révélateur de l’interaction qu’il existe entre ces deux catégories. Constat : Plus le travail des seniors s’est restreint, plus le chômage des jeunes s’est « envolé ». Pour revenir rapidement à l’équilibre des comptes, diminuer les prélèvements, impôts, taxes, il suffirait d’augmenter en France, les temps de travail à la semaine et surtout sur la durée de vie pour faire diminuer le chômage et particulièrement celui des jeunes.

www.livres-daniel-moinier.com

Une réaction ? Laissez un commentaire

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre Newsletter gratuite pour des articles captivants, du contenu exclusif et les dernières actualités.

Cropped Favicon Economi Matin.jpg

Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

Aucun commentaire à «Pourquoi le chômage des jeunes ne baisse pas»

Laisser un commentaire

* Champs requis