Pourquoi l’indice des prix à la consommation n’est pas crédible

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Par Ferghane Azihari Modifié le 24 juin 2017 à 7h03
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@shutter - © Economie Matin
36 %Depuis dix-sept ans, l'indice des prix à la consommation a grimpé de 36 % dans la Zone euro.

L’inflation se définit traditionnellement comme l’accroissement de la masse monétaire. Mais cette définition n’a cessé d’être détournée au profit d’une conception plus vague centrée sur l’augmentation généralisée et « auto-entretenue » des prix, pour reprendre la définition de Wikipédia.

Cette définition plus récente crée des confusions. Elle amalgame les conséquences des politiques monétaires et les variations de prix liées à d’autres facteurs.

C’est pourquoi vous entendez régulièrement dire que l’Europe n’a plus de problème d’inflation, même si la Banque centrale européenne continue à créer de la fausse monnaie via ses assouplissements quantitatifs. Ce faisant, on se concentre surtout sur des prix prétendument stables « en moyenne ». Et on occulte le fait que les autorités continuent à accroître la masse monétaire, et qu’elles perpétuent donc ce qui n’est en fait ni plus ni moins que…de l’inflation.

Les confusions autour de l’inflation proviennent de l’usage obscur de l’indice censé la « mesurer » : l’indice des prix à la consommation (ou IPC). Selon l’INSEE, l’IPC « permet d’estimer, entre deux périodes données, la variation moyenne des prix consommés par les ménages. Il est basé sur l’observation d’un panier de biens et services, actualisé chaque année. » Dit comme ça, tout semble très sérieux ! Il y a cependant quatre bonnes raisons de douter de la pertinence de cet indice.

La composition du panier de biens et de services est totalement inconnue

Oui, vous avez bien lu. Le contenu du panier de l’inflation est tenu secret par l’administration. La raison ? Il s’agirait d’éviter les manipulations. Mais depuis quand le secret est-il l’allié de la sincérité ? Seule la transparence permettrait d’assurer l’absence de manipulation politique. Si tout est dissimulé, alors la crédibilité de cet indice ne dépend que de la confiance accordée à l’administration. Mais quand on connait la tendance des Etats à manipuler leurs agrégats à des fins politiques (clin d’oeil en direction d’Athènes), on peut douter.

La variation « moyenne » des prix : cela ne veut rien dire

On dit souvent du statisticien qu’il peut avoir la tête dans un four et les pieds pris dans la glace tout en disant, qu’en moyenne, il se sent bien. Alors qu’en est-il de l’IPC ? Chacun d’entre nous a son IPC personnel. Vous ne subirez pas l’évolution des prix de la même manière selon que vous consommez des produits dont les prix ont tendance à augmenter ou à baisser. D’autant plus que, si on parle d’inflation, la fausse monnaie ne fait pas évoluer tous les prix en même temps. Les secteurs qui reçoivent la fausse monnaie en premier vont réagir avant les derniers servis. En incluant dans un même indicateur des produits qui baissent (par exemple grâce à la productivité) et des biens qui augmentent (par exemple en raison de la masse monétaire), on peut faire dire aux indicateurs ce que l’on veut sans pour autant avoir une vision claire de l’inflation.

Comme son nom l’indique, l’IPC ne prend pas en compte les « biens d’investissement »

L’indice des biens à la consommation ne prend pas en compte l’évolution de certains actifs considérés comme des biens d’investissement. Quoi qu’on pense de cette distinction, l’IPC ne peut donner qu’une vue imparfaite de l’effet des politiques monétaires actuelles sur l’évolution des prix puisqu’il exclut de nombreux actifs (achat de biens immobiliers, actifs boursiers etc.). Si les assouplissements quantitatifs enrichissent principalement les détenteurs d’actifs financiers, on pourrait expliquer la difficulté d’évaluer leur influence sur les variations de prix en considérant que les dépenses de ces populations se dirigent vers des actifs non pris en compte par l’IPC.

L’IPC ne dit rien sur les opportunités de déflation manquées

Dans une économie en croissance, nous devrions assister à une baisse régulière des prix grâce aux gains de productivité. Des prix stables peuvent donc signifier qu’un faux-monnayeur est en train de vous voler des gains de productivité. Si, durant une période donnée, les prix auraient dû baisser de 2% par an mais qu’ils sont, au lieu de cela, restés stables, c’est bien que l’inflation a atteint annuellement 2%. Le fait que l’IPC indique une variation nulle des prix ne change rien à cet état de fait.

Ne vous fiez pas aux « agrégats statistiques » pour vous protéger de l’inflation

L’IPC ne reflète pas l’inflation et n’est en rien une mesure pertinente et représentative de l’évolution des prix qui vous intéressent. Nous savons cependant que le monopole de la création monétaire que l’Etat s’est arrogé est par essence inflationniste. Il n’y a qu’à regarder l’évolution de la masse monétaire. Voilà pourquoi il faut épargner en dehors des monnaies officielles, indépendamment des indicateurs dévoilés par nos chers statisticiens nationaux. En dehors des monnaies officielles, il y a maintenant un peu plus de choix avec l’or ou les cryptomonnaies comme le bitcoin.

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Étudiant en droit et en science politique à l’université de Paris-Est Créteil Val-de-Marne, Ferghane Azihari est coordinateur local pour Students for Liberty, un réseau international destiné à promouvoir l’économie de marché. Il est également chargé de mission pour l’École de la Liberté, une plateforme de recherche et d’éducation destinée à faire connaître la tradition libérale à travers le prisme de toutes les sciences humaines. Il publie régulièrement pour le magazine Contrepoints en France, l’Institut Ludwig von Mises aux États-Unis. Il est également rédacteur chez Young Voices. Ses centres d’intérêt se portent plus particulièrement sur les politiques européennes, les relations internationales, la fiscalité et plus généralement les rapports entre le droit positif et la concurrence.

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