La France a franchi, au cours du 2° trimestre, la barre symbolique des 2000 milliards de Dette. Très bien, si j'ose dire...Cela correspond, bon gré mal gré, à une année de produit intérieur brut, du moins quand on n'a pas encore inclus les futurs dividendes de la prostitution et du cannabis ou autres commerces parallèles. Au point ou on en est, cela ne saurait tarder. Mais, admettons.
Sauf si les mots n'ont aucun sens, cette Dette, comme pour tout ménage qui se respecte, il faut se mettre en mesure de la rembourser. Car, à bien écouter ce qu'on nous serine à longueur d'émissions, c'est bien de cela qu'il s'agit, non ? Vous avez été trop dépensiers, on vous a fait crédit, maintenant il est temps de passer à la caisse. Logique. Tout contribuable peut le comprendre si il est passé devant sa conseillère bancaire.
Et bien non. Dans le monde merveilleux des bisounours du libéralisme économique, vous devez rembourser la Dette, tout en ayant la possibilité de vous endetter de 3% de plus par an. Ou 4, ou 4,4... Bon, bien sur, là, vous vous faites taper sur les doigts par l'adjudante de service, qui fera en sorte de vous sanctionner et de rajouter de la dette à la Dette...Grotesque.
Revenons un peu en arrière. Cette Dette française, incontestable, ne s'est pas créée subitement depuis 2 ans. Elle est le fruit, si l'on ose dire, d'une lente maturation qui prend ses premières gammes consécutivement à l'année 1973 et l'obligation faite à l'Etat de s'endetter avec intérêt sur des marchés privés. Il faut être aveugle pour ne pas voir ou réfuter la corrélation. Que des éléments factuels de croissance économique, et un risque mesuré aient permis d'esquiver le risque, je n'en disconviens pas. Mais les germes du dérapage de conjoncture étaient de toute évidence déjà induits, à moins que « Gouverner cela ne soit pas Prévoir... ».
Et vogue la galère....Pendant une petite quarantaine d'années, sur cet endettement croissant, dont le quinquennat de Nicolas Sarkozy détient (pour l'instant...) le record annuel, nos hommes et femmes politiques, responsables, ne nous ont rien dit. Les grands experts économiques qui rivalisent de prédictions catastrophistes sur toutes les chaines d'info aujourd'hui, étaient muets sur le sujet. Prenez le temps de visionner les images, d'écouter les propos, c'est édifiant. La sacro sainte Croissance au mieux, évitera de se poser trop de question. Sans oublier cette mémorable intervention d'Alain Minc en 2008, nous confiant, à nous illustres bénets, que , non, décidément , il n'y aura pas de crise. Juste un petit coup de froid. Elle va revenir, donc la croissance ? Oui, oui, elle reviendra...
Le problème, c'est que, bien évidemment, elle ne reviendra pas, du moins à la hauteur des anciennes périodes, comme il est évident que par les mécaniques que les Etats eux-mêmes ont décrétées, il sera impossible de rembourser la Dette.
Posons nous un moment. Qui croit une seconde, qu'un Etat Européen puisse rembourser la Dette qu'il a contractée ? Et si on pousse le raisonnement par l'absurde, qui croit une seconde aussi, que les Etats Unis puissent rembourser leur Dette abyssale, sauf création monétaire fantasmagorique, et encore...puisque c'est déjà le cas... Au delà des frissons médiatiques sur les votes annuels du Congrès à la mi-Janvier de chaque année, qui parle, hic e nunc, de la dette américaine ?
Ce qui est impressionnant dans cette histoire, au delà de la falsification grossière des données économiques, ( du genre croissance économique chinoise de 7% sans augmentation de consommation électrique ou baisse du chômage au USA avec 50 millions de personnes qui « bénéficient » de tickets du type restos du cœur), ce qui est impressionnant c'est la propagation par le mensonge de cette peur de la Dette, et des moyens coercitifs, de toute évidence inutiles, pour la résorber.
Les exemples espagnols et grecs en sont la plus « belle », ou surtout la plus grave illustration. Comment peut on, à ce point, déformer la réalité des faits ? On nous explique que la Grèce et l'Espagne vont mieux. A croire que certains commentateurs abusent de substances prohibées... Taux de chômage record en général et des jeunes en particulier, désertification des villes au profit des campagnes pour pouvoir se nourrir, pénurie de médicaments, explosion des suicides, effondrement de l'épargne, et on en passe.... Et encore, si cela servait à quelque chose... Même pas... Le taux d'endettement continue à progresser et on croit voir une amélioration parce qu'un taux de chômage passe de 26, 5% à 26, 3%.... Pitoyable.
Alors que l'Italie s'effondre, que la France vacille, et que l'Allemagne elle-même ne se porte pas très bien, on est suspendu à une vaticination de Mario Draghi sur la politique de l'Euro fort hier, devenu pestiféré aujourd'hui... Et demain ? Et chacun de s'interroger sur la nomination de Pierre Moscovici comme commissaire européen à l'Economie, ce qui finirait de ridiculiser une institution européenne contrainte de nommer à ce poste de régulation celui là même qui en a consciencieusement bafoué les règles. On nage dans le n'importe quoi.
Cela prêterait à rire si cela ne mettait des vies en péril et ne faisait monter une colère qui, de sourde, risque de devenir tonitruante. Voire plus, si affinités. Car chacun sent bien que les mesures dérisoires pour résorber la Dette au niveau global, ont en revanche des conséquences directes sur la vie quotidienne des ménages, et qu'une baisse en trompe l'œil des impôts directs ne suffira pas à masquer une hausse générale des prélèvements.
Donc, non décidément, cette Dette, je ne la comprends pas, malgré les lamentos et les exhortations à la Rigueur (jamais avouée) qui passent en boucle en vue de culpabiliser les citoyens, catégorie par catégorie. Je ne comprends pas qu'on ne s'attaque pas aux causes systémiques de cette Dette qui font que sur les 2000 milliards, 1400 sont constitués par les intérêts. Je ne comprends pas que ne soient pas inclus les dettes spécifiques des Régions et des collectivités locales pour avoir une vision globale du sujet. Je ne comprends pas qu'un Etat parait il encore souverain comme le notre se voit interdit de faire jouer la variable monétaire. Et je ne comprends pas que les politiques qui ont construit cette monstruosité prétendent à l'avenir devenir les garants pour remédier aux maux qu'ils ont créés, tels des Diafoirus repentis.