A l'heure où l'ONU promeut l'agriculture urbaine pour combattre la faim, les "sacs potagers" de l'ONG française Solidarités international nourrissent déjà plus de 250.000 personnes dans les bidonvilles d'Afrique et d'Asie. Ce jardin potager en sac, lancé en 2007 avec succès au Kenya alors en proie à de violentes turbulences post-électorales, assure pour moins de 4 dollars d'investissement le ravitaillement des foyers en légumes frais et vitaminés et constitue même, parfois, un gagne-pain dans les marges urbaines les plus défavorisées de la planète.
"En 5 ans, 45.000 ménages kenyans ont été équipés en sacs potagers, dont 10%, selon nos estimations, sont produits pour la vente au marché", indique Peggy Pascal, ingénieure agronome de 36 ans et responsable technique de l'ONG, qui a porté le projet. "Chaque sac permet de réaliser une économie de 0,5 dollar/jour", précise la jeune femme, qui a présidé à l'installation des sacs potagers dans le bidonville de Kibera autour de Nairobi, le plus grand d'Afrique (près d'un million de résidents) après la township sud-africaine de Soweto.
Ironie : la plupart des candidats-jardiniers se sont lancés en recyclant les sacs de l'aide alimentaire internationale. Les plus doués ont vite compris qu'ils pouvaient en tirer un revenu en vendant leur récolte : "Une veuve de Kibera fait vivre ses cinq enfants avec les 80 sacs qu'elle cultive".
Forte de ce succès, Solidarités Internationales se lance autour de Port-au-Prince, en Haïti. Partout où la saison des pluies permet d'arroser le potager. L'ONG souhaite aujourd'hui continuer de développer ce projet, mais faute de financements institutionnels, elle compte sur la générosité des particuliers.
Selon le Fonds des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FA0), qui organise mardi la Journée mondiale de l'alimentation, plus de la moitié de la population urbaine d'Afrique, 210 millions de personnes, vit dans des bidonvilles avec moins de 2 dollars par jour.