Or : avec des taux en baisse, le métal jaune voit rouge

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Par Charles Sannat Modifié le 25 novembre 2013 à 13h19

En ce début de semaine, je voulais revenir rapidement sur l’évolution des cours de l’or qui sont à nouveau orientés à la baisse, ce qui je dois vous l’avouer est particulièrement pénible et agaçant pour nous autres détenteurs de métal jaune. Encore une fois, rien ne change et c’est toujours le même raisonnement qui mène les cours à la baisse, à savoir la fin des injections monétaires de la FED dans l’économie.

L'économie mondiale a intérêt que les taux de l'or ne grimpent pas

Souvenez-vous début 2013, il y a presque un an. La FED annonce qu’elle va réduire considérablement ses quantitative easing. Résultat immédiat : les cours de l’or s’effondrent sur une simple annonce. L’or touchera un point bas à 1 187 dollars au mois d’avril 2013. Depuis ces annonces, les QE n’ont toujours pas été réduits d’un pouce. Pire, ce moment a été reculé… Bref, pour le moment, nous ne voyons aucune réduction de cette création monétaire… mais les autorités américaines en parlent tous les quatre matins… C’est une véritable arlésienne.

Les marchés considèrent que l’or ne peut être qu’une protection contre l’hyperinflation menaçant l’économie mondiale en cas de poursuite de la politique monétaire débridée de la FED. Or si la FED stoppe cette politique (même progressivement), il n’y a plus de risque hyperinflationniste, donc il n’y a plus de raison que l’or augmente. Ce raisonnement tenu par les marchés est doublement faux !

Tout d’abord, je maintiens l’analyse qui consiste à dire que les USA, comme le Japon et désormais l’Europe, sont tombés dans le piège des taux bas. Impossible pour les différentes banques centrales de laisser les taux d’emprunt augmenter trop fortement et ce pour deux raisons. La première c’est que des taux élevés font s’effondrer les marchés immobiliers… Or en faisant effondrer l’immobilier, on met en grande difficulté ceux qui ont financé les achats immobiliers à savoir les banques qu’il faut à nouveau sauver et recapitaliser.

Conclusion : si les taux montent, on tue les banques. Si on tue les banques, il faut émettre plein de nouveaux billets pour les sauver. Deuxième raison, si les taux montent alors que les États sont surendettés… ils ne peuvent tout simplement plus faire face à leurs remboursements des intérêts de leurs dettes… et dans ce cas, ce sont les États qui se retrouvent en état de faillite… Conclusion logique : les taux ne peuvent pas monter ou, pour être plus précis, les taux ne doivent pas monter.

Comment fait-on pour maintenir des taux bas ? À ce stade du raisonnement se pose dès lors la seule véritable question pertinente. Si les taux ne doivent absolument pas monter, comment fait-on pour les maintenir au plus bas ? Il y a deux grands outils pour maintenir les taux proches de zéro. Le premier c’est les taux directeurs des banques centrales proches du 0 absolu. Tout le monde l’a compris. En prêtant presque à 0 aux banques commerciales, les banques centrales fournissent de la ressource quasi gratuite, donc cela permet aux banques de maintenir des taux bas avec des marges confortables.

Si ceci est valable pour votre crédit immobilier personnel, cela ne l’est pas pour les emprunts d’État qui répondent aux règles du marché obligataire mondial. Dès lors, pour faire baisser le prix des emprunts d’État, il ne faut pas se leurrer, la seule solution c’est que les banques centrales (comme c’est le cas de la FED ou de la Banque du Japon ou encore de la Banque d’Angleterre) rachètent directement les obligations émises par les pays respectifs pour éviter que les taux augmentent. Pour information, le Trésor américain a besoin, environ, de 75 milliards de dollars par mois !

Sur ces 75 milliards, la FED rachète directement et à un taux très faible environ 45 milliards chaque mois ! En clair, pour que les USA ne soient pas insolvables, il faut que la Banque centrale américaine rachète directement plus de 60 % des dettes émises chaque mois par les États-Unis ! Or pour acheter ces 60 % de dettes équivalant à environ 45 milliards de dollars… il faut que la FED les imprime à partir de rien ! C’est de la création monétaire pure, donc potentiellement hyperinflationniste ! Si la FED réduit ces achats… les taux d’emprunt explosent. Si les taux explosent… les USA sont en faillite ! Conclusion à nouveau logique, où que vous regardiez, les autorités monétaires, pour gagner du temps, peuvent dire qu’elles vont réduire leur création de monnaie, elles peuvent faire toutes les déclarations qu’elles veulent en nous expliquant que tout va beaucoup mieux que bien, que l’on voit la sortie du tunnel et autres excellentes nouvelles de cet acabit. Il n’en demeure pas moins que cela est tout simplement impossible pour le moment.

L'or est un actif tangible qui vous protège de la faillite des Etats

L’or protège aussi en cas de faillite des États. Je l’ai déjà écrit à de multiples reprises. L’or ne vous protège pas seulement en cas d’hyperinflation comme le pense (à tort) les marchés. Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Les marchés ont tort, mais ils ont toujours raison dans la mesure où si vous devez vendre votre or aujourd’hui parce que vous avez besoin d’argent et que vous l’avez acheté au plus haut vous êtes en moins-value… car c’est le prix du marché ! Donc si les marchés ont toujours raison dans la mesure où leur cours s’applique à tous, ils peuvent avoir tort sur un horizon de temps un peu plus long.

Les marchés ne se trompent "jamais" puisque lorsque leur erreur sera manifeste, ils réajusteront les cours… et vous aurez des hausses à deux chiffres sur l’or pendant plusieurs jours, mais il sera trop tard pour vous positionner et il y a de fortes chances d’ailleurs que vous ne réussissiez même pas à prendre le train en marche à ce moment-là. Bref, les marchés occultent complètement le risque de faillite des États, et donc des banques… Au bout du compte, si les États tombent, les banques tombent. Si les banques et les États tombent, alors votre monnaie tombe. Si votre monnaie tombe, votre épargne tombe.

Dans ce cas, dans les décombres de cet immense cataclysme financier, il ne restera plus un seul patrimoine vivant à part ce qui était hors actifs financiers… et l’inverse des actifs financiers c’est les actifs tangibles. Si le système s’effondre (et nous en prenons clairement le chemin), votre maison sera toujours là ! Votre jardin aussi, votre potager également, et vos pièces d’or… aussi ! C’est exactement la raison pour laquelle je dis et répète à longueur de temps qu’il vous faut débancariser au maximum et migrer tout ce que vous pouvez vers les actifs tangibles et que vous ne devez pas regarder les cours de l’or car cela n’a aucune importance par rapport à ce qui nous attend.

Ne spéculez pas sur l’or, ne spéculez pas sur votre maison à la campagne ou votre potager, ne spéculez pas non plus sur vos boîtes de conserve ! C’est une assurance. Rien de plus et rien de moins, mais vous serez, croyez-moi, heureux de l’avoir lorsque tout cela partira en fumée dans l’effondrement de ce système à bout de souffle.

L'euro est une mauvaise monnaie

Suite à mon édito sur la dernière note de Natixis indiquant que, sur des bases purement macroéconomiques, l’Allemagne devrait sortir de l’euro, notre camarade contrarienne germaniste Karin qui surveille la presse allemande m’a indiqué cet article que je partage avec vous tant il est digne d’intérêt. Un grand merci à elle. "La France et l’Allemagne ne peuvent pas avoir la même monnaie" : voilà le titre de cet article allemand et le raisonnement est d’une logique imparable. "Le ratio de la dette française est près de 20 points de pourcentage supérieur à celui de l’Allemagne, or les taux d’intérêt des deux pays sont proches. Mais dès que le flot d’argent à la banque centrale diminuera, le différentiel des taux d’intérêt augmentera. La charge des intérêts pour la France sera insupportable et la monnaie commune sera fatale à la France."

Voilà qui est clairement dit et posé et c’est une évidence économique. L’euro n’est plus viable, que l’on soit pour ou contre n’est même plus le problème. L’euro est une mauvaise monnaie qui renforce les déséquilibres. L’euro est trop fort pour les pays du sud comme l’Italie, la Grèce, l’Espagne… ou la France. L’euro est également trop faible pour l’économie allemande dont la compétitivité aurait été "érodée" par une augmentation importante de son mark. Avec l’euro, nous empêchons le réajustement monétaire des économies de la zones. Nous connaissons ce problème depuis la création de l’euro.

C’était parfaitement et éminemment prévisible depuis le départ. Soit votre zone économique est homogène, avec une politique fiscale et sociale homogène et une véritable convergence que nous n’avons pas su faire en Europe, et à ce moment-là votre union monétaire est viable. Soit votre zone économique est hétérogène, sans politique fiscale commune, sans union de transfert et sans convergence sociale et à ce moment-là, à la première crise économique forte, votre monnaie unique est vouée à l’explosion. Et ne me parlez pas du smic allemand, qui ne s’appliquera pas au mieux avant 2016, et encore, a priori sous forme d’accord de branche, sans oublier le fait que l’industrie allemande dispose déjà de salaires minimum d’ailleurs plus élevés que les 8,50 euros évoqués. Enfin, que deviendront les mini-jobs qui en seront sans doute exemptés… Bref, là encore, sur ce sujet, il s’agit plus d’effet d’annonce que d’autre chose.

Rien ne va bien

Au final, la montagne accouchera d’une souris. Reprenons. Banques centrales engluées dans une politique accommodante dont la sortie est plus qu’hypothétique. Piège des taux bas. Pays totalement surendettés et au bord de la faillite. Banque et système financier au bord de l’effondrement. Monnaie unique européenne à deux doigts de l’explosion. Bref, ou que vous regardiez avec objectivité, les risques sont toujours là. Aucun n’a disparu, il s’agit d’une illusion de communication avec des mamamouchis qui, partout à travers le monde, répètent simplement comme un mantra quotidien que tout va mieux… Mais hélas, rien ne va bien !

Alors encore une fois, soyez sereins et profitez de ce répit dans la crise non pas pour relâcher vos efforts, mais pour poursuivre avec constance vos efforts de préparation au "monde d’après", car les reconfigurations monétaires approchent… et l’on n’échappera pas à une reconfiguration monétaire !

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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