Des hommes d’Europe, l’Europe des hommes

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Par Xavier Beulin Publié le 15 mai 2014 à 2h06

Le Général De Gaulle rêvait d'une Europe allant de l’Atlantique à l’Oural. Projection toujours pragmatique d’un chef d’Etat visionnaire qui a toujours apprécié tant les rapports de force que les rapports de paix. Toujours d’actualité, cette volonté se rappelle à nous. Et la situation Ukrainienne qui nous inquiète, nous menace et nous oblige, montre à quel point l’Europe se doit d’être mobilisée pour ne pas insulter tous ceux qui, pas à pas, ont construit un continent irrigué par la paix. L’Europe est donc une géographie mais aussi et surtout l’enfant béni de la guerre, le résultat finalement positif après les affres de toutes les horreurs commises. Cette paix, si chère payée, est fragile mais elle est la garantie de tout avenir, de tout développement et de tout espoir. Voter pour l’Europe, c’est avant tout donc voter pour la paix. Ne l’oublions pas.

Jacques Delors, a récemment, expliqué que l’Europe avait le choix entre la renaissance ou le déclin. Affirmation sans doute binaire, mais si réelle. En effet, dans le théâtre de la mondialisation, l’Europe s’est perdue dans les méandres de ses auto-questionnements pendant que le monde avançait, bougeait et gagnait. Même si la situation des états n’est pas la même à l’intérieur de l’Union, la croissance globale stagne quelque peu. Pourtant les 507 millions de consommateurs, l’Euro comme passeport, le programme ERASMUS, la force armée d’action rapide, la réforme du système bancaire, le développement du nombre de brevets sont autant de leviers, non exhaustifs, pour espérer et entreprendre. Pour tout cela et parce que l’efficacité doit être la clé, il faut voter pour l’Europe.

Michel Barnier, dans son dernier livre "se reposer ou être libre", propose 7 clefs pour changer l’Europe. Non pas qu’il ait des idées visant à fermer la porte européenne mais plutôt à revisiter le fonctionnement de l’Europe, vers plus de démocratie et moins de technocratie, une Europe plus proche des citoyens, une Europe plus convergente, en somme mieux d'Europe. On l’oublie souvent mais l’Europe est un modèle dans le monde : un modèle de vie, un modèle politique, un modèle alimentaire, un modèle culturel, un modèle éducatif. Ni uniforme, ni harmonisé complètement, le modèle est original, singulier et issu d’une volonté commune de se rapprocher en misant sur des normes plutôt hautes. L’Union des 28 est également un grand marché, un marché trop ouvert parfois, mais un marché dynamique et avec de vraies perspectives. Pour tout cela il faut voter pour l’Europe.

En 2012, sous la pression d’Angela Merkel en particulier, certains états ont voulu réduire le budget de la PAC. La France a résisté à cette volonté et François Hollande, dans la droite ligne de ses prédécesseurs, a préservé l’essentiel du budget côté Français. Il ne s’agit pas de garder un budget agricole pour un budget mais de préserver les ressorts et leviers essentiels d’une alimentation de qualité, de produit sécurisées, d’une traçabilité exemplaire, et bien sûr d’une diversité de productions uniques au monde. Les "aides" comme l’on dit avec parfois un brin de mépris ont permis à l’Europe d’être première sur bien des podiums mondiaux. De cela nous pouvons être fiers et comme dit Jean-Dominique Giuliani c’est une des raisons pour laquelle l’Europe restera le cœur du monde. Il dit également que sans l’Europe et avec un réel défaut de compétitivité nous perdrons non seulement notre rang mais aussi notre place dans le top 10 des pays industrialisés en 2050. Nous devons donc voter là aussi pour l’Europe.

L’extrémisme pointe son nez un peu partout et l’on voit dans les sondages les europhobes de tout poil surfer sur la crête des 20% dans bon nombre de pays de l’Union. Plutôt que de se lamenter devant de tels scores, il faut se mobiliser ! L’Europe n’est pas parfaite, nous l’avons dit mais de là à la détruire ! Objet de rancœurs, objectif de rancune, l’Europe sert de défouloir fourre-tout à ceux qui n’ont qu’un projet : réveiller les peurs, ressasser les haines, abolir l’Euro, montrer du doigt les différences et flirter avec la musique facile du "tous pourris".

Animés par des sentiments de défiance et de méfiance, ils utilisent la misère humaine et les fins de mois difficiles comme matraque sur l’Europe technocratique, mais démocratique. Cela fait peur. Le rêve européen est loin de ces fanfares sombres et autres cohortes du négatif.

Albert Camus disait "L’homme est la seule créature qui refuse d’être ce qu’elle est." Pour l’Europe c’est le contraire, elle doit accepter d’être ce qu’elle doit être avant tout : grande, généreuse, dynamique et prospère. Si ce n’est pas le cas, la révolte positive de ceux qui veulent la changer laissera place à ceux qui veulent l’annihiler. L’Europe a du sens, redonnons lui la bonne direction. Il faut aller voter. Le monde agricole a une histoire spécifique avec l’Europe et vice et versa. Aujourd’hui nous sommes à un tournant de cette histoire mais le seul chemin à emprunter c’est avant tout d’aller voter le 25 mai prochain.

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Président de la FNSEA

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