On nous avait promis qu’avec Manuel Valls à Matignon, le réalisme économique allait enfin pointer son nez au sein de la majorité. On nous avait décrit un Manuel Valls à la droite de la gauche, dépourvu de l’infantile utopie caractéristique du PS et de ses gentils alliés. On nous avait demandé de l’indulgence pour celui qui reprenait le gouvernail de son incompétent prédécesseur.
Après ce discours de politique générale, ceux qui croyaient encore au redressement de la France n’ont que leurs yeux pour pleurer. Rien de nouveau sous le soleil : Manuel Valls s’inscrit droit dans le sillage illisible et incohérent du Président de la République. Nous avons assisté à la lecture pure et simple du programme de ce dernier. L’inefficient Pacte de Responsabilité reste en l’état et aucune de ses mesurettes (soit les 30 milliards d’allégements espérés d'ici à 2016) ne fera réellement baisser le coût du travail. Pire : il s’alourdit d’un encombrant Pacte de Solidarité, destiné à creuser davantage encore notre déficit public critiqué par la Commission européenne et moquée par nos partenaires européens, à l’instar de la très sérieuse Fondation Bertelsmann.
Comment promettre à l’UE 50 milliards d’économies sur trois ans et nommer dans le même temps un Europhobe averti à Bercy ? Comment envisager sérieusement de renégocier le calcul de ce déficit en promettant 500 euros de plus à chaque salaire équivalent au smic ? Ce flou, si nous n’y étions pas déjà habitués, peut laisser perplexe. Dans la situation d’urgence que nous subissons aujourd’hui, il est tout simplement indécent.
Loin d'apporter des réponses, Manuel Valls suscite davantage de crainte et d'interrogations. Car le discours du Premier ministre, à l’image du couple Sapin-Montebourg, révèle une schizophrénie patente et dangereuse pour le reste du quinquennat.