L'exercice semblait réussi. La première conférence de presse du quinquennat, donnée par François Hollande ce mardi devant près de 300 journalistes, semblait avoir, globalement, convaincu la presse. Sur la forme, beaucoup admettent que le Président commence à s'affirmer dans son rôle et à rompre avec son prédecesseur. Mais sur le fond, 54 % des Français, soit plus d'un français sur deux, pensent que les orientations économiques annoncées par le chef de l'Etat lors de sa conférence de presse vont plutôt dans la mauvaise direction, d'après un sondage Tilder-LCI-OpinionWay publié ce jeudi 15 novembre.
En faisant le bilan de son action après six mois seulement, le Président de la République a surtout fait la démonstration de son obligation de moyens, comme un discours de politique générale à l'envers, tourné vers le passé. Conséquence : les Français n'adhèrent pas car ils lui renvoient déjà une obligation de résultats. C'est le sens de l'action et la consolidation des décisions qui ne sont pas vus pour l'instant, preuve du décalage entre une communication sur le temps long, celui du quinquennat ou de "l'avenir d'une génération", et des attentes de temps court liées à la crise.
En revanche, le Président de la République a trouvé le ton juste pour reconquérir sa popularité partisane. Ressouder l'électorat socialiste, c'était essentiel pour retrouver une marge de manoeuvre à gauche. Et la bonne nouvelle pour François Hollande et le gouvernement, c'est que cet électorat s'est ressoudé autour d'un discours sur le réalisme économique qui enterre selon certains quelques promesses du candidat Hollande. Depuis l'annonce de la hausse de la TVA par Jean-Marc Ayrault, c'est le ton qui est choisi et il apparaît que cette "realpolitik" est en adéquation avec l'opinion.
52% des Français en général, ils sont même 70% à dire qu'il y a un virage dans la politique économique du gouvernement quand il ne s'agit que des électeurs de François Hollande. Le Président de la République n'a donc pas convaincu non plus - y compris son propre camp - en affirmant qu'il n'y avait ni changement, ni virage. Les Français reconnaissent au contraire qu'il y en a un et cet état de fait ne les alarme pas plus que cela. Cela veut dire que l'opinion publique ne considère pas cette question du virage comme centrale, et qu'elle semble surtout vouloir retenir - électorat socialiste en tête - un discours de vérité assumé par un chef qui décide. C'est le choix de communication du Président, qui a tenté mardi d'effacer dans sa conférence de presse le doute Hollandiste persistant.
Fiche Technique :
Etude réalisée auprès d’un échantillon de 937 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus pour Tilder et LCI. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence. Mode d’interrogation: L’échantillon a été interrogé en ligne sur système Cawi (Computer Assisted Web Interview). Dates de terrain : les interviews ont été réalisées les 14 et 15 novembre 2012.