Messieurs les Anglais ont tiré les premiers…. La perfide Albion a, au travers du dossier de The Economist, tiré sur l’inconséquence des dirigeants français dans cette campagne. La plupart des commentateurs se sont servis de ce dossier pour faire la leçon à nos candidats. Mais c’est absurde car, contrairement à ce que dit The Economist, les candidats ont tous relevé le problème de la dette publique. Et les deux finalistes ont présenté des programmes ayant comme objectif l’équilibre budgétaire à la fin de leur mandat. En outre, parmi les candidats éliminés, certains avaient des propositions de politique économique alternative reposant non sur la rupture avec le capitalisme comme naguère mais sur la dévaluation et l’inflation (on peut d’ailleurs s ‘interroger sur le succès électoral relatif des programmes « dévaluateurs » qui prétendaient résoudre les problèmes des plus défavorisés mais organisaient la baisse de leur pouvoir d’achat par l’explosion des prix). L’enjeu anglais ne porte pas en fait sur les poncifs erronés véhiculés par The Economist mais sur l’imitation possible de la politique économique menée au Royaume-Uni. Ce type de politique n’a pas été proposé aux Français. La combinaison d’austérité budgétaire pour ménager l’avenir et de libéralisation de l’économie pour soutenir la croissance, c'est-à-dire une politique que nous pourrions qualifier de politique « Cameron/Monti » n’est en effet pas présente dans les options soumises aux Français. Malgré les conclusions de la commission Attali, malgré les recommandations de l’OCDE, malgré la dynamique porteuse de ce qui se passe en Grande Bretagne et en Italie, la classe politique française se déploie dans un discours de plus en plus protectionniste et étatiste, où symboliquement la « banque publique d’investissement » est la panacée.
Monsieur le président, je vous écris donc une lettre –anglaise- que vous ne lirez probablement pas et pourtant vous devriez prendre le temps… afin que demain : -vous renonciez à vos promesses les plus coûteuses comme le retour à la retraite à 60 ans ou le recrutement de 60 000 enseignants si vous êtes Hollande ou la réforme du financement de la politique familiale si vous êtes Sarkozy ; -vous confirmiez à Berlin votre acceptation des règles budgétaires définies par le Traité sur la stabilité ; -vous fassiez de la concurrence le moyen de faire passer notre croissance potentielle de 1,5% à 2,5% et de consolider notre pouvoir d’achat comme c’est le cas à Londres ou à Rome.