L'inefficacité de Pôle emploi était pointée du doigt par la Cour des Comptes il y a quelques semaines. L'opérateur veut donc redorer son blason et teste un suivi plus personnalisés dans 40 agences en France.
Obliger les demandeurs d'emploi à prendre rendez-vous
Un à quatre après-midi par semaine seront réservés à la réception des demandeurs d'emploi, sur rendez-vous. Les autres seront renvoyés vers Internet et le téléphone.Le dispositif, déjà testé dans une quarantaine d'agences, devrait être généralisé d'ici la fin de l'année.
«Nous voulons favoriser le fait que le demandeur d'emploi puisse voir régulièrement son conseiller référent. Pour ça, il faut dégager du temps aux conseillers». Des plages horaires fixées en fonction de l'agence. «Il n'y a pas qu'un seul modèle national, nous l'adapterons sur le territoire. Nous l'avons testé dans des bassins d'emploi différents, avec des publics et des agences différentes».
L'opérateur affirme que dans ces agences expérimentales « 30% des dossiers sont mieux traités et dans les délais, et les rendez-vous avec les demandeurs d'emploi ont augmenté de 25 % ».
Une fausse bonne idée ?
« La proposition n'est pas complètement formulée, nous sommes encore dans un processus consultation-information », explique de son côté Philippe Berhault, secrétaire adjoint de la fédération protection sociale, travail et emploi (PSTE) de la CFDT. Les échos internes ne sont pas défavorables, mais on va d'abord poser toutes les questions nécessaires». Le dispositif s'accompagne également d'une volonté de plus de numérique. L'opérateur a récemment lancé une plateforme de service en ligne pour les chômeurs afin d'offrir un « meilleur service. »
Mais les avis divergent à propos de cette initiative. « Sous couvert de modernité, ce dispositif contribue à moins de service public », explique Jean-Charles Steyger, délégué syndical SNU-Emploi. « L'amplitude horaire actuelle permet aux demandeurs d'emploi d'accéder gratuitement à une agence, à l'informatique, à des offres d'emplois et de formations. Dire qu'ils ne ferment pas les agences est un mensonge. L'accessibilité gratuite sera réduite ». Le syndicat souhaite la suspension du dispositif. « Ce discours est fait pour ne pas dire qu'on a besoin de plus d'emplois publics afin de renforcer les effectifs. Pôle emploi a besoin d'un nouveau souffle, ses recettes ont fait tellement de souffrance. Tout cela se fait en mettant à l'écart les demandeurs d'emploi et les conseillers».