Imaginons un instant que la France soit une île coupée du reste du monde… Eh bien depuis lundi, nous ne pourrions plus compter sur le poisson pour nous nourrir ! En effet, d’après un rapport de la New economics foundation (Nef) et Ocean2012, l’Europe connaît une dépendance croissante à l’égard du poisson d’ailleurs.
Ces ONG ont calculé pour chaque pays « le jour de dépendance à l’égard du poisson », c’est-à-dire le jour de l’année où il n’est plus auto-suffisant, en comparant la consommation des habitants et le total des prises de ses pêcheurs dans les eaux nationales et européennes, en y ajoutant les produits de l’aquaculture.
Pour la France, qui ne produirait que 38,6 % de ses besoins, ce « jour de dépendance » tombe donc cette année le 21 mai. En 1990, c’était le 6 septembre… Une dégradation due à la surpêche, qui appauvrit les ressources et réduit in fine les captures des pêcheurs (25 % de moins en Europe depuis 1993), mais aussi à la hausse de la consommation.
Entre 1960 et 2007, la consommation mondiale de poisson est ainsi passée de 9 à 17,1 kg par an et par personne ! Une proportion encore plus élevée en Europe, avec 22,1 kg par an et par personne. Le Français est au 5e rang, avec 34,2 kg, loin derrière le Portugais (61,6 kg) et loin devant la Bulgarie (4,2 kg).
Cette dépendance de l’Europe à l’égard des pays tiers a de lourdes conséquences : les importations augmentent, avec des tarifs élevés, et les pêcheurs s’aventurent de plus en plus loin de leurs zones, ce qui nuit aux stocks de poisson des autres régions du monde. Les auteurs du rapport espèrent donc que la réforme en cours de la politique commune de la pêche incitera l'Europe à « se concentrer sur la restauration de ses propres écosystèmes marins et modifier ses niveaux de consommation pour qu'ils soient en rapport avec ses possibilités ».