Depuis l’annonce du confinement, le gouvernement n’a pas été avare en manifestations de solidarité envers les TPE & PME. D’ores et déjà, des enveloppes conséquentes ont été débloquées pour toutes ces structures qui, ordinairement discrètes et peu médiatiques, font fonctionner l’économie.
Bien évidemment, il faut saluer ces mesures, sans lesquelles une majorité d’entreprises auraient déjà mis la clé sous la porte. Mais il faut veiller à ce qu’elles s’inscrivent dans un plan de sauvegarde longue durée. Politiques et analystes ont joué la carte de la transparence : la crise que nous traversons durera longtemps. Heureusement, il existe un horizon de sortie : notre tissu économique de PME agiles et volontaires, à l’avant-garde du monde de demain et qu’à ce titre, il faut impérativement continuer à soutenir.
Repenser la production et la consommation
Indépendamment du coronavirus, le nouvel âge industriel avait amorcé une reconfiguration des business models et des chaînes de production. La relocalisation de nos industries est ainsi devenue une tendance tout sauf marginale. Le Coq Sportif est revenu du Maroc pour réinvestir ses historiques locaux de Troyes. Lucibel, qui éclaire neuf musées français sur 10, a rapatrié sa production en Normandie. Les exemples abondent, tant parmi les grands groupes que les PME. Ils prouvent que la souveraineté de la production est un enjeu majeur... et ce n’est qu’un début. Un sondage réalisé par Odoxa Comfluence révèle qu’à l’heure du covid-19, près de neuf Français sur dix plaident pour la relocalisation des industries, souhaitant en particulier garantir l’autonomie agricole de la France.
Ce chiffre corrobore une deuxième tendance, qui est la volonté de consommer différemment. Peu à peu, la sensibilité au prix (consommer moins cher) s’affaiblit au profit de la sensibilité à la provenance (consommer local). Ces dernières années, les hypermarchés en ont pâti directement et ont été contraints de se réinventer (mise à l’honneur d’artisans régionaux, circuits courts...). Gageons que la crise du coronavirus viendra à l’appui de ces comportements ; gageons qu’elle portera le coup de grâce à « la civilisation du léger » caractérisée par un nomadisme sans limite des biens et des personnes. Jadis ringard, le local regagne ses lettres de noblesse. De quoi éclairer sous un jour nouveau le rôle fondamental de nos TPE/PME !
Les PME sont le nerf de la guerre
Les petites entreprises sont en effet des acteurs privilégiés pour porter la dynamique de relocalisation et plus globalement, reconstruire l’économie post confinement. Tout d’abord, les TPE/PME sont ancrées dans les territoires et participent de leur vitalité. Selon une étude de la FEEF, huit Français sur dix estiment qu’elles favorisent le développement économique des régions. Plus que les grands groupes, ce sont elles qui créent de l’emploi. Plus que les grands groupes, ce sont elles qui font preuve d’agilité. Dans un contexte marqué par une forte incertitude, elles s’avèrent capables d’adapter leur vision à leur environnement, de reconfigurer leurs circuits de production et de nouer des partenariats stratégiques. A long terme, elles œuvrent pour le développement de pôles de compétitivité partout en France, et dans l’immédiat, elles agissent pour répondre aux besoins de société les plus urgents. Nombreuses sont les petites entreprises qui se sont réorganisées pour produire et/ou livrer du gel hydroalcoolique, ou encore des repas, à destination des soignants. A l’écoute de leurs parties prenantes, elles ont toutes les qualités pour concevoir et produire des offres en phase avec les attentes d’aujourd’hui et de demain. Au cœur de la tourmente, les PME sont le nerf de la guerre.
PME en dangers !
Malheureusement, bien que se taillant la part du lion dans l’économie européenne, les PME sont particulièrement vulnérables. C’est un sort pour le moins défavorable qui attend les petites structures si nous n’agissons pas. Les chiffres présentés par le premier ministre parlent d’eux-mêmes : contraintes de réduire drastiquement leur activité, de nombreuses PME sont tout simplement en menace de faillite. Le chef étoilé et entrepreneur Philippe Etchebest nous alertait notamment sur le fait qu’à la fin du confinement, 40% des restaurants risquaient de ne pas rouvrir leurs portes. Défaut de trésorerie, difficultés à fournir un niveau de service suffisant : les dangers ne manquent pas. Certes, des mesures sont mises en place pour parer au plus urgent. Mais étant donnée l’ampleur des dégâts, les PME ont besoin d’un plan Marshall inscrit dans la durée, sur le modèle allemand. Ce plan doit inclure des fonds, des actions pour l’emploi et la formation, ainsi qu’une aide à la digitalisation. En effet, bien qu’ouvertes à de nouvelles méthodes et promptes à s’adapter, les petites entreprises ont du mal à opérer leur propre révolution numérique. Elles ne pourront envisager leur salut et leur prospérité à venir sans les outils ni les données qui leur permettront de poursuivre la mue de leur business model et d’améliorer leur productivité.
Si le monde post covid-19 est celui de la coopération et de la solidarité, alors l’Etat doit poursuivre l’effort qu’il a entrepris avec réactivité. Pour les mois mais aussi les années à venir, il s’agit de donner à ceux qui font vivre la moitié de nos concitoyens les moyens de se relever et d’innover.