Google, Uber, Facebook… Dans la galaxie des plateformes, on naît petite, beaucoup meurent très vite, certaines grandissent et quelques-unes deviennent des supernovas. D’ailleurs, 9 des 10 plus grosses capitalisations boursières mondiales de 2019 sont des plateformes.
Elles inondent notre quotidien. Elles rapprochent les individus, permettent au travailleur de s’affranchir du lien à un employeur afin d’équilibrer à sa guise sa vie professionnelle et privée. Elles offrent des alternatives écologiques à la propriété et à la consommation de masse grâce à l’économie du partage et de la fonctionnalité. Jeunes ou moins jeunes… nous voyageons grâce à elles partout, plus loin, moins cher, plus vite. Nous achetons tout, tout de suite, tout le temps, facilement. Pour être informés et cultivés en permanence, nous restons connectés 24h/24. Nous voulons travailler et nous former quand ça nous chante. C’est possible, grâce aux plateformes.
Les effets pervers des plateformes
Mais elles ont leur face sombre. Leur fonctionnement s’accompagne d’effets rebond redoutables : surconsommation, rapport de force déséquilibré entre travailleurs / fournisseurs indépendants et plateformes acheteuses parfois peu scrupuleuses en matière sociale. Les plateformes transforment tout, elles reconfigurent le jeu concurrentiel. A chaque utilisation d’une plateforme, celle-ci utilise et monétise nos données, ces empreintes de notre existence digitale que nous laissons sur les réseaux.
Pour les consommateurs : l’heure est à la prise de conscience. Le consommateur citoyen doit comprendre qu’il tient dans ses mains le destin des plateformes car leur modèle économique repose sur la demande du marché. Par le truchement de l’effet de réseau, chacun a un rôle déterminant à jouer : aider ou pas une plateforme à atteindre la taille critique indispensable à sa survie. Plus informé que jamais, le consommateur a le choix, il a le pouvoir, mais le sait-il ? S’en sert-il ?
Les entreprises affrontent le même défi. Au-delà de la menace que peut représenter une plateforme pour leur business historique, au-delà du risque de perdre son pouvoir de marché en partageant trop de données avec ces plateformes, les entreprises sont aussi des utilisatrices et des prescriptrices de ces plateformes pour de multiples services. En ce sens, elles ont la capacité à faire émerger – ou non – des acteurs responsables et à favoriser certains usages auprès de leurs collaborateurs.
La marche à suivre pour le futur
Alors, agissons. Construisons l’alliance entre dirigeants, entrepreneurs et consommateurs responsables qui réinventera le modèle des plateformes. La pédagogie sera cruciale. Les dirigeants doivent s’obliger à comprendre en profondeur le phénomène pour ensuite sensibiliser et former les collaborateurs, qui sont autant de citoyens. Augmentés, alertés, plus conscients que jamais des conséquences de nos actes numériques, nous allons devoir passer du statut de consommateur passif à celui de « consommacteur ».
Une plateforme est d’abord une entreprise. Favorisons celles qui mettent l’éthique, le partage et l’équité au cœur de leur gouvernance. Donnons notre confiance aux plateformes qui partagent la valeur de manière équitable avec tous les protagonistes, qu’il s’agisse du travailleur indépendant, du producteur, du détenteur de la donnée, de l’actionnaire ou du collecteur d’impôts. Retirons notre confiance et boycottons les plateformes et les entreprises qui se moquent des dérives environnementales ou sociales.
Nous avons le pouvoir sur les plateformes. Exerçons-le !
Les plateformes sont des entreprises qui génèrent des externalités et doivent les assumer. Dans la perspective de la loi PACTE, elles doivent trouver et affirmer leur raison d’être, pour engager à la fois collaborateurs, clients, consommateurs et utilisateurs. Ce sera l’avantage compétitif durable des plateformes responsables plébiscitées par l’alliance entre dirigeants et consommateurs.