Où va l’argent des plans d’aide et de renflouage mis en place par les autorités ? Surprise… pas à ceux qu’ils sont censés aider…
Aujourd’hui, nous suivons l’argent. Les autorités américaines redistribuent plus de 10% du PIB. Qui en profite ?
Pour l’instant, le principal gagnant est Monty Bennett, de Dallas, au Texas.
Bloomberg :
« Un dirigeant hôtelier de Dallas, dont l’empire inclut des complexes de luxe, s’est avéré être le principal gagnant des opérations de renflouage des petites entreprises suite au coronavirus.
Un total combiné de 59 millions de dollars […] est allé aux trois sociétés d’hébergement dirigées par Monty Bennett, selon les dossiers réglementaires. L’argent est allé à la Braemar Hotels & Resorts, qui possède des propriétés de prestige – dont le the Ritz-Carlton à St. Thomas, dans les Iles Vierges, à l’Ashford Hospitality Trust Inc., qui possède plus de 100 hôtels dans tous [les Etats-Unis], ainsi qu’à la société qui gère ces deux organisations. »
Le Dallas Business Journal ajoute quelques détails :
« Parallèlement, Ashford Inc. et ses filiales ont licencié ou mis en chômage technique 95% de leurs 7 000 employés, et une entreprise affiliée possédant 117 hôtels a cessé d’assurer les paiements de la majeure partie de sa dette de 4 Mds$ […].
Ashford Hospitality Trust a versé plus de 10 millions de dollars de dividendes aux propriétaires d’actions de préférence, tandis que Bennett et son père, actionnaire de l’une des sociétés d’Ashford, ont touché plus de deux millions de dollars de dividendes trimestriels sur des actions de préférence, selon les déclarations faites à la SEC et selon Bennett […].
Une grande part des profits d’Ashford Inc. va à Bennett et son père parce qu’ils possèdent des actions de préférence rapportant environ 18 millions de dollars par an, selon un article du Wall Street Journal. »
Bienvenue dans le marigot.
Coïncidences
Ah, attendez… ce n’est pas fini.
Bien sûr, ce n’est qu’une coïncidence – mais M. Bennett a également donné plus de 200 000 $ à des comités d’action politique soutenant Donald Trump.
C’est sans doute aussi une coïncidence si le plan de soutien CARES Act comprenait une clause spéciale… si soigneusement taillée pour correspondre à la firme Ashford… qu’on aurait presque dit que M. Bennett était dans la cabine d’essayage lorsque le plan a été cousu.
Lorsque le CARES Act a été mis en place, la plupart des entreprises ayant 500 employés ou plus ont soupiré. Hélas, elles n’étaient pas éligibles !
Pourtant, d’une manière ou d’une autre, les avocats d’Ashford étaient les premiers lors de la distribution… comme s’ils savaient ce que la législation contenait avant même qu’elle ait été approuvée.
Pâté aux truffes
Comment se fait-il qu’une entreprise à quatre milliards de dollars obtienne un prêt d’urgence de la part de l’Administration américaine des petites entreprises ?
Ce renflouage n’était-il pas censé aider les PME à surmonter la crise ?
Les bénéficiaires n’étaient-ils pas spécifiquement limités aux entreprises de moins de 500 salariés ?
Oh, cher lecteur, vous nous surprenez parfois. C’est ainsi que fonctionne la nouvelle économie de copinage.
Le CARES Act compte 880 pages. Il s’appuie aussi sur des milliers de pages de définitions, exceptions, exemptions, exclusions, situations spéciales, fraudes et astuces – elles-mêmes contenues dans des milliers d’autres pages servant à mettre en place, appuyer, amender et affiner toutes sortes de sottises.
Qui l’a écrit ? Qui a réglé les petits détails… et inséré des truffes dans le pâté, ici et là ?
Les membres du Congrès sont bien trop occupés à lever des fonds et émettre des sottises pour avoir le temps de rédiger des lois complexes. Cette tâche échoit toujours à des assistants… à des ronds-de-cuir siégeant aux comités… et à des initiés de divers secteurs.
L’un d’entre eux a adroitement glissé une clause qui rend éligibles de gigantesques chaînes d’hôtels et de restaurants – à condition qu’elles n’aient que 500 employés par établissement.
Ainsi, au lieu de fouiller dans leurs propres poches pour assurer la continuité de leur activité, M. Bennett et ses compères plongent la main dans la poche de M. et Mme Tout-le-Monde.
De plus en plus fou
M. Bennett empoche les profits – les citoyens endossent les pertes.
Bloomberg continue :
« Parmi les entreprises recevant le montant maximum de prêt – 10 millions de dollars – on trouve Hallador Energy Co., une minière de charbon basée à Terre Haute, dans l’Indiana, et qui employait plus de 900 employés à fin 2019 ; il y a également Quantum Corp., basée à San Jose, en Californie, une société tech comptant plus de 800 salariés en décembre ; et enfin Potbelly Corp., qui exploite 428 sandwicheries.
Un porte-parole de Potbelly a déclaré que le Congrès avait autorisé le financement des restaurants parce que leurs salariés sont ‘essentiels à notre économie’. Hallador et Quantum n’ont pas donné suite à nos questions. »
Décidément, les choses deviennent de plus en plus folles… et de plus en plus tristes.
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