Bourse : Que va-t-il se passer en 2013 sur les marchés ?

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Par Steen Jakobsen Publié le 31 décembre 2012 à 8h15
Cet exercice annuel s’inspire de la Théorie du Black Swan de Nassim Nicholas Taleb. Ce dernier décrit un évènement de type « Black Swan » comme étant très improbable et possédant 3 caractéristiques : il est imprévisible, son impact est très important et la probabilité qu’il se produise est bien plus élevée que ce qui est annoncé par le consensus.
Parmi les 10 hypothèses développées, citons l'Allemagne qui fait un pas vers l'acceptation d'une mutualisation des dettes souveraines de la zone euro. Combiné à d'autres tensions, cela pourrait provoquer un retour de l'indice DAX vers les 5 000 points, soit un plongeon d'un tiers par rapport au niveau actuel, au plus haut depuis début 2008. Une autre prévision est que le cours de l'once d'or pourrait chuter de 500 dollars, à 1 200 dollars, du fait d'une accélération de la croissance américaine et d'un renforcement du dollar et ce, malgré la poursuite d'une politique monétaire accommodante aux Etats-Unis.
Autres événements de type Black Swan : la remontée des taux d'intérêt espagnols à 10%, en dépit du programme OMT de la BCE et la décision par Hong Kong de rompre avec le régime de change fixe entre son dollar (HKD) et le dollar américain, au profit d'un arrimage au renminbi chinois (RMB). Ceci au moment où la Chine cherche à mieux contrôler son économie et à la rendre moins dépendante des Etats-Unis et de leur banque centrale.
  1. Le DAX plonge de 33% à 5 000 points
Le ralentissement économique en Chine se poursuit, mettant un terme à l'expansion industrielle allemande. Cela provoque des chutes de prix importantes sur les stocks industriels et pénalise la confiance des consommateurs. La popularité d'Angela Merkel chute à l’approche de l'élection allemande et la combinaison d'une croissance faible et des incertitudes politiques, au moment où l'Allemagne se rapproche d'une signature sur la mutualisation future de la dette de la zone euro, provoque le retour de l'indice DAX à 5 000 points, soit un plongeon de 33% dans l'année.
  1. Les principales sociétés d'électronique japonaises sont nationalisées
L'industrie électronique japonaise, qui fut la gloire du pays, entre en phase terminale, surpassée par la concurrence sud-coréenne. Avec des pertes combinées de 30 milliards de dollars pour les seuls Sharp, Panasonic et Sony, la solvabilité du secteur se détériore rapidement et le gouvernement japonais nationalise les acteurs clés de cette industrie, à la manière du sauvetage de l'industrie automobile opéré récemment par les Etats-Unis.
  1. Les cours du soja grimpent de 50%
La mauvaise météo en 2012 a causé des ravages sur la production mondiale de céréales et les stocks américains de soja sont au plus bas depuis neuf ans, ce qui rend les cours sensibles à tout nouvel aléa climatique, que ce soit aux Etats-Unis, en Amérique du sud ou en Chine. Une plus forte demande en biocarburants peut aussi occasionner des pics de valorisation et les spéculateurs se tiennent prêts à revenir sur le marché, d'où un potentiel de progression des cours pouvant aller jusqu'à 50%. La sécurité alimentaire risque de faire le buzz en 2013.
  1. Chute de l'or, à 1 200 dollars l'once
La force de la reprise économique américaine en 2013 prend le marché par surprise, notamment les investisseurs détenteurs d'or. Ajouté à une tendance molle de la demande d'or en Chine et en Inde, deux pays en proie à une croissance faible et à un chômage en hausse, le phénomène déclenche un mouvement vendeur majeur sur l'or, qui glisse jusqu'à 1 200 dollars l'once avant que les banques centrales ne finissent par profiter des soldes.
  1. Le baril de brut WTI touche les 50 dollars
La production d'énergie primaire continue de progresser aux Etats-Unis, principalement grâce aux avancées techniques comme celles liées au pétrole de schiste. La production américaine de pétrole brut augmente fortement et, entre des stocks domestiques au plus haut depuis 30 ans et un potentiel d'exportations limité, le cours du brut WTI subit de nouvelles pressions vendeuses et tombe vers les 50 dollars le baril.
  1. Le dollar/yen (USD/JPY) tombe à 60
Le Parti libéral démocrate (PLD) revient au pouvoir au Japon, avec l'ambition de faire baisser le yen. Mais il ne réussit à faire voter que des demi-mesures alors que le marché a dans le même temps pris des positions baissières exagérées sur le yen et que les investisseurs japonais rapatrient une partie de leurs trillions de dollars placés à l'étranger à mesure que l'appétit pour le risque diminue. Le yen redevient la devise la plus forte au monde, la parité USD/JPY tombant jusqu'à 60. De manière ironique, cela permet finalement au gouvernement PLD et à la Banque du Japon de prendre des mesures radicales pour faire baisser le yen, respectant ainsi leur promesse initiale.
  1. Désarrimage franc suisse/euro : la parité EUR/CHF atteint 0,95
Le risque extrême resurgit au sein de l'Union européenne, peut-être à l'occasion de l'élection italienne ou à propos d'une sortie de la Grèce de l'Union monétaire, qui laisse craindre que l'Espagne et le Portugal suivent. D'où une nouvelle flambée de la fuite des capitaux vers la Suisse, décidant la Banque nationale suisse et le gouvernement suisse à abandonner la politique d'arrimage du franc suisse à l'euro pour un temps, plutôt que de voir les réserves dépasser les 100% du PIB. En conséquence, l'EUR/CHF touche un nouveau plus bas, sous la parité, avant que la Suisse ne soit contrainte d'instaurer un contrôle des capitaux pour calmer sa monnaie.
  1. Hong Kong délaisse le change fixe avec le dollar US, pour arrimer sa monnaie au renminbi
Hong Kong abandonne son change fixe avec le dollar américain pour arrimer son dollar (HKD) au renminbi (RMB) chinois. D'autres pays asiatiques montrent le désir d'aller dans le même sens. La volatilité du RMB augmente à mesure que la Chine perd le contrôle des mouvements de sa monnaie et Hong Kong progresse rapidement, pour devenir une place majeure du marché des changes et le plus important centre d'échange du RMB.
  1. L’Espagne fait un pas de plus vers le défaut, avec le bond des taux d'intérêt à 10%
Les tensions sociales étant déjà fortes en Espagne, le secteur public ne peut plus se permettre de diminuer ses dépenses. En 2013, la dette souveraine espagnole voit sa notation dégradée en high yield et les tensions sociales poussent l'Espagne à rejeter la politique de l'autruche officiellement défendue par l'UE. Les taux s'envolent dans la foulée de la dégradation, alors que le défaut devient inévitable.
  1. Doublement du taux du 30 ans américain
La politique de taux zéro de la Réserve fédérale contraint les investisseurs à délaisser les placements à taux fixe. Avec des rendements réels nuls, voire négatifs, il devient tentant de substituer des actions aux obligations. Le marché obligataire est de taille beaucoup plus importante que le marché des actions et une diminution de 10% des montants alloués en obligataire pourrait augmenter de 30% les encours des fonds actions. Ce qui pourrait conduire à des taux plus élevés aux Etats-Unis et peut-être marquer le début d'une décennie de surperformance des actions par rapport aux obligations.
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Economiste en chef chez Saxo Bank

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