En janvier dernier, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) faisait état de 4 décès en France liés à la prise de la pilule Diane 35, depuis sa mise en circulation en 1987. Retirée des pharmacies en mai dernier, la pilule et certains de ses génériques devraient cependant être remis en circulation. Mais les femmes se tournent désormais vers les pilules 1ère et 2ème générations, moins dangereuses pour la santé.
En décembre 2012, Marion, jeune femme de 25 ans désormais handicapée à 65%, déposait plainte contre le laboratoire Bayer. Six ans plus tôt, elle était victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC), provoqué par la prise d’une pilule de troisième génération.
Le scandale suscité par la découverte des conséquences néfastes de certaines pilules comme Diane 35, traitement utilisé contre l’acné mais également comme contraceptif oral, a poussé l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) à retirer du marché cette pilule.
Arrêter l’usage contraceptif de Diane 35
En janvier 2013, Dominique Maraninchi, directeur général de l’ANSM, indiquait sur RTL que quatre décès étaient « imputables à une thrombose veineuse liée à Diane 35 » depuis sa mise en circulation en 1987. Le traitement était utilisé comme contraceptif par 315 000 femmes en 2012. « Il faut trancher pour arrêter cet usage ambigu », déclarait M. Maraninchi au micro de RTL. « Il faut arrêter de l'utiliser comme contraceptif. Cette situation a assez duré »
Le 21 mai dernier, Diane 35 et ses génériques n’étaient plus disponibles en pharmacie. L’ANSM estimait que le rapport entre le bénéfice et le risque de cette antiacnéique était défavorable. Cette estimation s’appuyait notamment sur une étude menée par des chercheurs danois en 2011, révélant que le risque de phlébite et d’embolie pulmonaire avait été multiplié par quatre chez les femmes prenant Diane 35 par rapport à celles n’utilisant aucun contraceptif.
Une surveillance étroite
Mais la Commission européenne a décidé fin juillet que la France devait remettre ce médicament sur le marché, expliquant que le rapport bénéfice-risque était favorable pour certaines patientes. Le traitement Diane 35 et certains de ses génériques devront donc revenir dans les pharmacies, à condition que leur prescription soit étroitement surveillée, et que les contre-indications soient mises à jour sur la notice. « Il existe une augmentation du risque thromboembolique chez toutes les femmes utilisant DIANE 35 microgrammes, comprimé enrobé », peut-on désormais lire sur la notice.
« Diane 35 ne sera plus utilisé comme contraceptif », a indiqué le directeur de l’ANSM dans une conférence de presse mardi 5 novembre, précisant que la surveillance serait « extrêmement étroite » et qu’il serait prêt à sanctionner si de nouveaux dérapages avaient lieu après le retour de la pilule sur le marché.
Une prescription en second recours
« Les ventes seront surveillées de très près, les prescriptions hors AMM [autorisations de mises sur le marché] aussi », a-t-il ajouté, indiquant que ce traitement contre l’acné ne devrait être prescrit qu’en second recours.
Afin de limiter les risques associés aux contraceptifs oraux combinés (COC) de 3ème et 4èmegénérations, l'Académie de médecine a en effet recommandé de ne plus les prescrire en premier recours en raison du risque accru de thrombose veineuse par rapport aux pilules de 2èmegénération.
La Commission européenne estimait également dans un rapport publié fin juillet que Diane 35 ne devait être utilisée « qu’après un échec d’un traitement topique ou de traitements antibiotiques systémiques », dans le cadre d’un traitement contre l’acné.
Baisse des ventes des pilules de 3ème et 4ème générations
Conséquence directe de la crise sanitaire et médiatique : les ventes de pilules de 3ème et 4èmegénérations ont sensiblement baissé depuis ces derniers mois. « La proportion des prescriptions [de ces pilules] est passée de 50% à 25% » au profit des pilules de 1ère et 2ème générations, a indiqué le professeur Maraninchi.
En tout, c’est plus d’un million de femmes qui ont décidé de changer de contraception pour se tourner vers des pilules comportant moins de risques pour la santé ou vers d’autres moyens de contraceptions moins dangereux comme le stérilet, dont les ventes ont connu une hausse de 26% entre 2011 et 2012, notamment chez les jeunes femmes n'ayant pas eu d'enfants, indiqueMyTF1News.
Pas d’augmentation du nombre d’IVG
La baisse des ventes de pilules n’a cependant pas provoqué d’augmentation du nombre d’avortements, a précisé Mahmoud Zureik, directeur « Stratégie et affaires internationales » à l’Agence nationale de sécurité du médicament. Par contre, l’ANSM a noté une hausse de 5% des ventes des pilules du lendemain en août 2013.
Selon les chiffres du ministère de la Santé donnés à l’occasion de la Journée mondiale de la contraception le 26 septembre dernier, le nombre d’IVG est en effet resté stable depuis le début de l’année 2013 : leur nombre s'élevait à 17 000 au mois de juin 2013, contre près de 19 000 un an plus tôt, et un peu moins de 17 000 en juin 2011.
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