Piketty, au piquet ! porte un regard effrayé sur le risque majeur de voir émerger un gourou officiel d'une forme revisitée du marxisme. Car Thomas Piketty développe une approche encore plus perverse que celle de Karl Marx. Son credo ? Vive l'économie de marché, mais à la seule condition que les fruits récoltés par les individus soient raflés par les États chargés d'en disposer selon leur bon vouloir.
"S’il est un aspect dont Thomas Piketty se contrefiche, c’est bien celui de l’extraordinaire complexité du processus permettant à l’économie de fonctionner. Le goût du risque, l’esprit d’innovation, la dynamique de décision et le doute de l’entrepreneur sont des notions totalement absentes de son magnum opus. Dans sa logique, la richesse peut se retrouver, tour à tour, indécente, injustifiée, inéquitable, détournée ou héritée, mais elle n’a jamais besoin d’être générée. Aussi détestable soit cette posture aux yeux des amoureux de l’entrepreneurial, reconnaissons à l’auteur le droit de l’adopter. En revanche, rien n’autorise le scientifique à asséner des contrevérités dans le but d’asseoir sa démonstration. Nous en avons pleinement conscience, les accusations de mensonge et de tricherie sont graves.
Craignant sans doute de tomber sous le coup de la diffamation, le Financial Times préfère d’ailleurs parler "d’erreurs de transcription", "de sources originales", "de données sélectionnées", "de formules incorrectes" ou encore de "données construites sans source". Reste que tout cela relève de la périphrase. Qu’elles portent sur les points essentiels de sa théorie ou sur des précisions plus anecdotiques, les preuves de l’utilisation d’un procédé fallacieux s’avèrent innombrables.
"Signe que nous avons affaire à un manifeste politique et non à une étude objective, tout élément susceptible d’invalider (ou simplement d’atténuer) son postulat est soigneusement ignoré. Prenons par exemple les jobs d’été d’adolescents et les petits boulots d’étudiants. À la différence du système français basé sur le foyer fiscal incluant ses enfants à charge, tout Américain qui a perçu un revenu est considéré comme une unité taxable. Par exemple, ce sera le cas d’un gamin ayant gagné en tout et pour tout 200 dollars grâce à une semaine de vendanges dans la Napa Valley. On s’en doute, une fois enregistrée comme un revenu annuel, cette somme dérisoire tire vers le bas le revenu moyen du décile inférieur.
C’est, entre autres choses, ce genre de "nuances" qui explique les énormes différences entre la base de données de l’IRS et du Census Bureau. Nous comprenons mieux pourquoi l’économiste a jeté son dévolu sur la première. De par leur caractère clairement intentionnel, ces biais sont indéfendables dans un ouvrage à portée scientifique. À eux seuls, ils suffisent à compromettre la totalité des travaux de Piketty."
