À 56%, les Français donnent raison au gouvernement d’avoir modifié son projet initial concernant les nouvelles règles de la taxation des plus values de cession des entreprises.
C’est un bon point pour l’équipe de Jean-Marc Ayrault. Du point de vue de l’opinion d’abord, car le correctif du gouvernement est majoritairement bien perçu par les Français. Ils n’y voient pas un cafouillage, comme le disent beaucoup de commentateurs, mais saluent visiblement un geste politique adapté à la situation. Du point de vue de la communication ensuite, c’est aussi un bon point. Les Français apprécient l’écoute et la réactivité dont le gouvernement a fait preuve. Cette attitude affichée dès le début de la mobilisation vient gommer les critiques habituelles sur l’idéologie et sur l’immobilisme. Enfin, c’est une bonne nouvelle car les Français jouent la paix des braves et sonnent peut-être la fin d’un malentendu : le gouvernement a entendu les entrepreneurs qui sont eux-mêmes soutenus par les Français… donc, tout le monde est maintenant d’accord, et il n’y a plus de raison d’entretenir la polémique.
Néanmoins, il y a tout de même un revers à la médaille. Bien qu’appréciée des Français, cette reculade ouvre une brèche qui est le contre point de la réactivité : la digue a sauté très vite. Cela crée un précédent qu’il va falloir gérer en communication, comme avec les collectionneurs d’art dès aujourd’hui. Si le gouvernement donne l’impression de céder aux lobbies, ses détracteurs vont dire au mieux qu’il n’est pas ferme, au pire qu’il est clientéliste, différence qu’il voulait justement marquer avec le sarkozysme. En tout cas, cette séquence est une première en politique qui illustre le bouleversement des équilibres de communication classiques. On a déjà vu des entreprises reculer face à une gronde sur internet. Pour un gouvernement, c’est la première fois.
- Etude réalisée auprès d’un échantillon de 1006 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus pour Tilder et LCI. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence. Mode d’interrogation: L’échantillon a été interrogé en ligne sur système Cawi (Computer Assisted Web Interview). Dates de terrain : les interviews ont été réalisées du 10 au 11 octobre 2012.