La présidente LR de la région Ile-de-France vient donc de proposer au STIF (Syndicat des Transports d’Ile-de-France) de ne plus instaurer la gratuité des transports publics en cas de pic de pollution. Dès lors, elle propose deux solutions : soit l’Etat compense le manque à gagner (4 millions d'euros par jour, affirme-t-elle) – et on se doute de la réponse – soit les usagers devront s’acquitter d’un forfait jour à 3,80 euros.
La première hypothèse relève de ces petits jeux politiques habituels en période pré-électorale.
S’y ajoute une hypothèse bis, qui consisterait à faire payer les collectivités locales concernées, qui aujourd’hui se débattent pour boucler leur budget face à la baisse des dotations de l’Etat.
La solution de Mme Pécresse s’imposerait donc d’elle-même. Elle appelle trois objections :
- Les franciliens, qui empruntent quotidiennement les transports publics, ne bénéficient d’aucune gratuité, puisqu’ils paient aux mois ou à l’année leur abonnement Navigo.
- Celles et ceux qui utilisent régulièrement leur véhicule mais emprunteraient les transports en commun en cas de pic de pollution vont s’en trouver dissuadés et utiliseront donc leur voiture malgré tout.
- Seuls seront concernés les utilisateurs occasionnels (touristes, extra-franciliens). Et cela promet une belle pagaille les jours de pollution et d’instauration du forfait jour pour retirer les titres de transports à 3,80 euros.
La nouvelle réglementation en vigueur depuis le 1er janvier va, de fait, rendre les seuils d’alerte de dépassement à la pollution trois fois plus nombreux qu’auparavant. C’est heureux car jusqu’à présent, les dispositions de circulation alternée se déclenchaient une fois le pic passé.
En outre, les vignettes « qualité de l’air », dont chaque véhicule devra être doté à la mi-janvier se substitueront à la circulation alternée. Les véhicules les plus polluants ne pourront pas circuler.
Il reste, comme je l’avais dit dans un débat sur le sujet à l’Assemblée nationale, en janvier 2016, qu’ainsi nous risquons de pénaliser les plus modestes, qui ne disposent pas de véhicules récents et donc que des mesures s’imposent pour aider au renouvellement de ces voitures polluantes en faveur des familles concernées.
Mais la gratuité des transports publics est indispensable. Cela s’appelle le service public dans l’intérêt général.
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