Déficit de la Sécu : le prix des médicaments n’est pas le problème

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Par Daniel Moinier Modifié le 31 juillet 2014 à 5h48

Le gouvernement, par la voix d'Arnaud Montebourg a exprimé sa volonté de s'attaquer aux professions réglementées, entre autres les pharmaciens. Il s'est appuyé sur un rapport de l'inspection générale des finances qui estime que cela entraînerait une baisse des prix dans certains secteurs en espérant ainsi dégager du pouvoir d'achat pour les ménages. Il a reçu le mardi 29 juillet les représentants des syndicats pharmaceutiques.

Le Gouvernement obnubilé par le déficit constant de la Sécurité Sociale, veut réduire le prix de certains médicaments et surtout ceux non remboursés. Le but affiché par le Ministère de la Santé comme du Ministère délégué au Budget est de diminuer le déficit de 2,9 milliards d'euros (Md€) afin de passer à 13Md€ de déficit,
Il n'en fallait pas plus pour que les professionnels se lèvent contre Arnaud Montebourg et sa réforme des professions réglementées. Il sert les intérêts de la grande distribution, sans se soucier des patients ou des pharmaciens», poursuit Gilles Bonnefond, président de l'Union des Syndicats de Pharmaciens d'Officine (USPO).

Sous le titre de « modernisation économique » Nicolas Sarkozy, alors Président, avait lui aussi lancé un projet qui comprenait une série de mesures pour faire baisser les prix. Il voulait faire une chasse épouvantable aux marges des grandes surfaces estimant qu'elles étranglaient les fournisseurs et grignotaient le pouvoir d'achats de nos concitoyens.
Le gouvernement de l'époque pensait que, grâce à ces mesures, les prix diminueraient de 2% en un an.
Ce fut le cas aussi pour la restauration et bien d'autres secteurs...

Le Gouvernement actuel s'est même attaqué aux prix des préservatifs afin d'insister sur leur importance dans la lutte contre le VIH/sida, tout en voulant les rendre très accessibles au porte-monnaie.
Benoît Hamon a également pris le relai en faisant adopter par le Parlement, la loi Consommation qui met en œuvre dix nouveautés améliorant la vie quotidienne des Français tout en libérant du pouvoir d'achat.

Nos gouvernants ont réellement une vision très parcellaire du fonctionnement de notre économie. Aujourd'hui, ils sont polarisés par les déficits constants de la branche santé, demain ce sera au tour de branche retraite, puis celle du chômage. Il n'y a aucune cohérence globale. C'est depuis toujours une focalisation à un moment donné sur un secteur, alors que tous sont connectés. Nous créons ainsi des commissions, embauchons des experts pour chaque branche pour gagner quelques miettes de réductions, qui ne feront au final qu'aggraver la dette globale. Depuis le temps que des personnes très compétentes se « penchent » sur le sujet, nous devrions avoir retrouvé l'équilibre des comptes depuis longtemps. Et bien, non, cela a presque toujours été de pire en pire. Malgré tous les déremboursements, les forfais en tout genre, les restrictions de budget, l'obligation d'avoir des mutuelles de plus en plus performantes, rien n'y fait. Nos experts, comme n'importe quel chef d'entreprise auraient déjà dus se poser la question, Pourquoi de tels déficits ? Quelle en est la cause réelle ?
Diminuer les prix, c'est donner du pouvoir d'achat à certains, tout en le diminuant à d'autres du même montant. Ce qui n'augmente pas du tout le PIB, donc la richesse du pays.
En diminuant les prix, c'est toute la chaîne économique qui est fragilisée. Les commerçants, grandes surfaces comprises, les intermédiaires, les transporteurs, les fabricants, les exportateurs,...Cette baisse se répercutera sur chacun avec des degrés plus ou moins importants. Les marges vont encore diminuer. Il faut savoir qu'avec 27,7% de marges nos entreprises se traînent en queue de peloton en Europe. A titre de comparaison notre voisin Allemand est à 41,14%, l'Italie 40,13 %, les Espagnols 40,53%, la Norvège 55,32%, l'Irlande 55,18% et de 38,3% pour l'Europe.
Alors on sait bien en France, que le profit « c'est mal ». Mais c'est le moteur de l'économie de marché et la baisse de rentabilité des entreprises françaises, qui n'est pas un phénomène nouveau, s'aggrave d'année en année. Le taux d'autofinancement des investissements des entreprises est très faible et va encore diminuer cette année (à moins de 66%). Pour investir, elles sont obligées de s'endetter. C'est-à-dire de prendre des risques et de trouver des banques qui aient envie de prêter.

Il n'est pas étonnant compte tenu du niveau très bas de marge des entreprises françaises, de trouver le taux de charges employeurs et salariées le plus haut, soit : 41%, alors que la Belgique est à 35%, la Suède à 31,4%, l'Italie à 17%, l'Espagne à 15,4%, l'Allemagne à 15%, le Luxembourg à 14,7%.
Cela explique aussi notre taux de chômage très élevé, notre niveau de vie qui n'arrête pas de décélérer.
Sans produit low-cost, il manquerait un pouvoir d'achat très important à une tranche de nos concitoyens pour terminer leur fin de mois. Ce qui est très contradictoire avec la politique menée par notre Ministre de l'économie et de finances ; Arnaud Montebourg qui veut diminuer fortement une part des importations pour la remplacer par du made in France plus cher. Ce projet est louable en soi. Mais tant que l'on n'aura pas augmenté la richesse par le bas, il sera voué à l'échec ou en végétation.

Puisqu'il manque 23% de PIB, pour remettre le pays au minimum en équilibre, trouvons-les. Programmons 23% d'heures travaillées et payées en plus et le « tour est joué ». Politiquement, si c'était si simple, il y a longtemps que cela aurait été mis en place. Mais la démagogie politique, les résistances aux changement sont tellement fortement ancrées qu'il faudra un Gouvernement qui n'attende rien des prochaines élections ou qu'il légifère en tout début de mandat pour en récolter le fruit avant la fin des cinq années « fatidiques ».

www.livres-daniel-moinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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