Peugeot Sport : le modèle RCZ R sur le banc d’essai

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Par Speed Fans Publié le 16 novembre 2013 à 8h00

Le coupé RCZ sorti en avril 2010 s’est rapidement révélé être une belle réussite. Pour son style séduisant d’une part, mais surtout pour l’efficacité de son châssis. Si bien qu’on attendait impatiemment que Peugeot ne surenchérisse pour en exploiter pleinement le potentiel. Eh bien, c’est précisément ce qu’a fait Peugeot Sport avec cette nouvelle RCZ R.

Technique

Avant tout, la R évolue sans surprise dans un même cadre de base que les versions plus modestes du RCZ. On retrouve côté suspension une épure McPherson à l’avant qui, eh oui, se passe toujours de pivot découplé, ou un classique essieu de torsion à l’arrière. Côté moteur ensuite, le 4-cylindres 1.6 turbo à injection directe, parfaitement connu, reste au programme.

Les évolutions face à un RCZ 200 THP s’avèrent pourtant multiples. Sous le capot, le bloc moteur se voit ici renforcé (via un traitement thermique avant usinage), et associé à un nouveau turbo Twin Scroll redimensionné conçu pour tenir jusqu’à 1,5 bar maxi et des températures de fonctionnement plus importantes. On trouve également de nouveaux pistons forgés, des coussinets de bielles avec revêtement polymère censés mieux résister aux pressions cylindre plus élevées, ou une architecture du collecteur d’échappement inédite. Résultat, ainsi pourvu (et rebaptisé pour l’occasion ‘EP6CDTR’), le 1.6 THP affiche un maximum de 270 ch à 6 000 tr/min et 330 Nm de 1 900 à 5 500 tr/min (+ 70 ch et 60 Nm sur un RCZ 200 THP). Soit, faites le compte… 170 ch/l, qui plus est pour une consommation mixte et des émissions normalisées de 6,3 l/100 km et 145 g/km de CO2. Bien sûr, l’un des défis de cette nouvelle motorisation (compatible Euro 6) tenait aussi au bon refroidissement de la mécanique soumise à bien plus de contraintes, d’autant que l’utilisation réelle de la RCZ R sur circuit a d’emblée intégré le cahier des charges de Peugeot Sport.

De fait, outre des voies élargies et une assiette abaissée, on trouve également côté châssis un freinage renforcé à l’avant avec des disques ventilés de 380 mm associés à des étriers 4 pistons signés Peugeot Sport ainsi qu’à des bols en aluminium, ou un autobloquant Torsen : un raffinement auquel la RCZ n’avait encore jamais eu droit, ni réel besoin cela dit. Voilà pour la fiche technique de la Peugeot routière ‘la plus puissante de l’Histoire‘.

Sur route

Avant même de tourner la clé, on remarque immédiatement la nature un peu spéciale de cette RCZ : des jantes de 19′ inédites, deux canules non jumelées plus imposantes, des arches noires mat, et surtout un imposant aileron arrière fixe censé augmenter l’appui d’un peu plus de 15 kg face à l’appendice amovible d’une RCZ 200 THP. À l’intérieur, les différences avec cette dernière se font plus discrètes. Certes, on découvre des seuils de portes griffés ‘Peugeot Sport’, quelques surpiqures rouges, un ‘R’ vissé sur la console centrale, ou de très jolis sièges baquets cuir/alcantara offrant un confort honorable et, contrairement à ceux des autres modèles RCZ, un maintien latéral très satisfaisant. Seulement si l’ambiance reste sobre, on l’aurait souhaitée plus spécifique, haut de gamme, sportive. Ce qu’un amateur est en droit d’attendre après avoir déboursé un minimum de 43 000 €.

Mais les talents de la RCZ R sont ailleurs, répliqueraient sans doute certains, et ils auraient bien raison. Car outre sa puissance dépassant celle d’une Mégane R.S., cette RCZ économise 17 kg face au modèle 200 THP (à 1 280 kg à vide), une bonne partie étant rognée côté freins. Ce qui bénéficie théoriquement aux masses non suspendues et au travail d’amortissement. Sur papier, la RCZ R se montre ainsi plus favorable en ratio poids/puissance face à ses rivales directes à traction avant, Mégane R.S. ou Scirocco R. La Peugeot annonce aussi un 0 à 100 km/h inférieur de 0,1 sec à 5,9 sec, pour une vitesse de pointe limitée à 250 km/h.

Mais si l’on écarte la théorie, une fois au volant, la RCZ R est-elle à la hauteur ? Tient-elle ses promesses ? On en vient rapidement à penser que : oui, la Peugeot sait que faire de ses 270 ch. Du reste, un grand merci au Torsen. Car si sous 2 000 tr/min, le moteur reste assez creux, au-delà, l’effet turbo et les watts associés deviennent très présents. On note bien un lag jusqu’à environ 3 500 tr/min lorsqu’on met soudainement plein gaz, après quoi la poussée se voit mise en œuvre cette fois sans temps de réponse, puis se fait franche, puissante, et continue sans jamais s’essouffler jusqu’au rupteur posté à 6 800 tr/min. La sonorité du turbo à pleine charge s’avère d’ailleurs très présente, tout comme celle de la wastegate au lever de pied. Si l’ambiance du cockpit manquait un peu d’exclusivité et de sportivité, la sonorité une fois pied dedans associée au paysage qui défile à une allure folle vient compenser tout le reste. Et plus on hausse le rythme, plus la R offre du plaisir à son pilote. Par ailleurs, difficile en conduite sportive de prendre en défaut (sur chaussée sèche du moins) la motricité de l’auto, même en sortie d’épingle. Le travail du différentiel autobloquant s’avère profondément efficace à l’accélération tandis qu’on perçoit aussi plus légèrement son intérêt ‘stabilisateur’ lors de gros freinages. Les freins, autre point fort. Conçus pour pouvoir fonctionner sans ménagement sur circuit, ils n’ont montré lors de notre roulage sur les petites routes des Alpes-Maritimes aucun signe de faiblesse. Seules quelques volutes de fumée ont bien émané des plaquettes avant au bas du Col de Vence, sans toutefois que la pédale ne s’allonge.

Si dans de longues courbes rapides, la RCZ R se montre imperturbable, dans le sinueux, le train avant ne se révèle pas ultra incisif, mais très efficace. À de rares occasion, on constate un léger sous-virage en entrée. Cependant, si l’on en vient à mener l’auto proprement, ce genre de mouvement se fait rare. Même chose à l’arrière, avec un train qui, à des vitesses somme toute relativement limitées dans le sinueux qu’offrait notre parcours d’essai, se révèle quasi indéboulonnable. Peugeot Sport a bien adoucit l’antiroulis avant tout en raffermissant celui arrière (manœuvre visant à rendre le train arrière plus mobile), mais la poupe de la RCZ demeure assez peu joueuse (certains diront très sécurisante) et difficile à faire décrocher sur route sèche. Cependant, l’auto démontre un équilibre châssis remarquable et vise finalement un compromis entre efficacité, plaisir, et prise en mains aisée. La RCZ R conserve effectivement une facette de sportive GT capable de transporter ses passagers dans un réel confort, quelle que soit la vitesse, et sans jamais se montrer piégeuse. Elle incite donc à hausser le rythme mais ne s’adresse pas uniquement aux amateurs de trackdays.

À noter enfin sa commande de boîte 6 manuelle, aux débattements courts, incisifs et précis : un régal. Ou sa direction tout juste assez consistante, qui permet une remontée correcte des informations concernant le grip disponible ou les mouvements du train directeur.

En résumé, après cette première prise en mains sur petites routes, la Peugeot RCZ R apparait certainement un peu moins joueuse et incisive qu’une Mégane R.S. Châssis Cup côté comportement. En revanche, elle excelle dans bien des domaines, en particulier le freinage (reste à tester son endurance sur piste), la mise en vitesse, ou la motricité. Elle prend également soin de ses passagers grâce à un bon confort des sièges et d’amortissement, ou un niveau sonore mesuré à faible charge et des commandes relativement douces en usage quotidien. On ne note d’ailleurs aucun dispositif multimode en vue de régler divers éléments du châssis. Une fois encore, Peugeot (bien aidé ici par Peugeot Sport) démontre ses qualités de mise au point. Le constructeur parvient à offrir 270 ch, une efficacité dynamique étonnante, un réel confort, et pour cela nul besoin d’épures de suspension ultra complexes, de trains multibras sophistiqués, de systèmes de vectorisation du couple… Simplement des dispositifs techniques connus, maîtrisés et bien réglés. Ne reste plus qu’à tester la RCZ R, une authentique sportive polyvalente, sur un terrain à l’adhérence plus précaire et surtout sur circuit, afin de confirmer des qualités dynamiques qui, sur route sèche, se sont révélées à la hauteur de ce qu’on pouvait attendre d’un coupé de presque 300 ch signé Peugeot Sport.

Face à la concurrence

Véritable véhicule image pour Peugeot et Peugeot Sport développé en tout juste deux ans, le coupé RCZ R s’avère déjà disponible à la commande. Les premières livraisons auront lieu début 2014 tandis que la marque à prévu d’en produire 3 500 exemplaires. À 42 900 €, la sportive se montre toutefois chère face à la concurrence : un Scirocco R moins efficace s’affiche 37 820 €, et une Mégane R.S., référence du genre, à 31 950 €. Un surcoût non négligeable bien que la RCZ (1ère du segment des coupés sportifs en France) mise beaucoup sur son style il est vrai très réussi. On reste toutefois bien en-deçà du tarif d’une Audi TTS de 272 ch, 4 roues motrices et 1 470 kg (5,5 sec au 0 à 100 km/h) affichée un minimum de 51 400 €. Aussi, si la TTS a trouvé là une concurrente redoutable, on attend avec impatience un comparatif franco-français route/piste entre RCZ et Mégane, Peugeot Sport et Renault Sport.

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