Sur fond d’excédent de production, Russie et Arabie-Saoudite discutent des prix du pétrole

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Par Philippe Béchade Publié le 9 octobre 2015 à 5h00
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@shutter - © Economie Matin
200 millionsLes excédents de pétrole mondial représentent 200 millions de barils par an.

La Russie, 1er producteur de pétrole sur la planète, et l’Arabie, 1er exportateur de la planète, discutent de la façon de réduire des excédents estimés à 200 M de barils par an.

Rapporté à la consommation quotidienne dans le monde, cela ne représente pas grand chose et on est très loin d’un surplus évalué à 1,5 M de baril/jour, soit un peu plus de 545 M de barils par an.

Mais cet excédent va peut-être diminuer plus vite que prévu. Tout d’abord, et sans surprise, le pays où la production baisse le plus vite, c’est chez le 3ème du classement des producteurs de pétrole, c’est-à-dire les États-Unis. En effet, des centaines d’exploitants de shale oil sont voués à disparaître dans les prochaines semaines, une bonne partie d’entre eux, n’étant pas rentables, vont être contraint de mettre la clef sous la porte faut du renouvellement du crédit nécessaire à leur activité depuis la chute des cours.

Plus généralement, dans les pays « hors OPEP », les investissements pétroliers sont en chute de 20% : les moyens financiers en prospection et exploitation sont ainsi réduits de 650 à 520 Mds$ cette année.

L’essentiel des réductions d’investissement concerne l’offshore profond (déjà en berne depuis 2010 et l’explosion de « Deep Water Horizon » la plateforme pétrolière de British Petroleum dans le golfe du Mexique) et surtout le shale oil : si l’on ne fore pas de nouveaux puits, si l’on n’injecte pas en permanence de l’eau, du sable, des explosifs et des additifs chimiques, plus rien ne sort des fameux sols bitumineux.

Et contrairement aux pays membres de l’OPEP qui ont juste à se donner la peine de rouvrir le robinet pour relancer leurs exportations, les producteurs US n’ont aucune chance « de se refaire » en patientant le temps que les cours remontent.

Pour sortir son futur premier baril de shale oil, un exploitant américain devra investir 10 M$ (5 M$ pour une plateforme de forage, 1 M$ pour les tubes et l’étanchéité des puits, 4 M$ pour la fracturation hydraulique)… contre un coût nul pour un exploitant russe.

Vladimir Poutine le sait mieux que personne et si beaucoup de stratèges se sont demandés si les USA et l’Arabie s’étaient entendus pour mettre la Russie financièrement à genoux, il apparait maintenant que c’est le secteur du pétrole « non conventionnel » qui est à genoux, et donc les États Unis, tandis que ses 2 principaux rivaux ont renforcé leurs parts de marché, la Russie ayant très opportunément verrouillé un partenariat de long terme avec la Chine.

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Philippe Béchade rédige depuis dix ans des chroniques macroéconomiques quotidiennes ainsi que de nombreux essais financiers. Intervenant quotidien sur BFM depuis mai 1995, il est aussi la 'voix' de l'actualité boursière internationale sur RFI depuis juin 2002. Analyste technique et arbitragiste de formation, il fut en France l'un des tout premiers 'traders' mais également formateur de spécialistes des marchés à terme. Rédacteur aux Publications Agora, vous trouvez chaque jour ses analyses impertinentes des marchés dans La Chronique Agora. Il est également rédacteur en chef de la lettre Pitbull.

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