Pétrole : l’OPEP se résout à réduire la production, mais de combien ?

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 3 mars 2020 à 6h19
Petrole Baisse Production Opep 1
@shutter - © Economie Matin
15 DOLLARSLe prix du baril de pétrole a chuté de plus de 15 dollars depuis le 1er janvier 2020.

La pandémie du coronavirus a fait chuter la demande de pétrole dans le monde, du fait de l’arrêt de l’activité chinoise et, désormais, du ralentissement de l’activité en Italie, en Corée du Sud (et bientôt en France). Résultat : l’offre est trop élevée, les prix ont chuté et les revenus des pays producteurs de pétrole aussi. La Russie, qui faisait de la résistance, aurait toutefois cédé à la pression et une réduction de la production pourrait être annoncée.

La Russie ne veut pas, mais finalement accepte

La différence entre la Russie et les pays de l’OPEP (la Russie est un simple allié de ces pays) est facile à comprendre : là où l’Arabie saoudite et les autres pays du Golfe tirent la très grande majorité de leurs finances du pétrole, la Russie en tire une grande partie, mais peut compter sur d’autres sources de revenus : sa propre industrie ou encore le gaz. Pour la Russie, une baisse du prix du pétrole n’est donc pas critique.

D’ailleurs, un baril sur les 50 dollars, comme c’est le cas en ce début de mois de mars 2020, ça lui suffit… mais ça commence à lui faire économiquement mal. Car la Russie vend son pétrole en particulier à la Chine, premier importateur mondial. Or, si l’épidémie de coronavirus semble se stabiliser dans le pays, elle compte encore plus de 28.000 cas actifs de coronavirus dans la seule province d’Hubei, le centre de l’épidémie.

L’activité industrielle du pays reprend, mais au ralenti : la Russie ne peut donc pas repousser plus longtemps une action concertée des pays producteurs sur les prix du brut en Bourse. Oxford Economics estime que la chute des exportations de pétrole vers la Chine coûterait près de 0,4% de PIB au pays en 2020.

Réduire la production de pétrole… mais de combien ?

Jeudi 5 mars 2020, comme prévu, la prochaine réunion de l’OPEP et de ses alliés se tiendra au siège de l’organisation, à Vienne. L’occasion pour l’Arabie saoudite de plaider une nouvelle fois pour une réduction conséquente de la production de pétrole, en sachant que désormais la Russie y est un peu plus favorable. Mais les débats ne seront pas simples.

Selon le Financial Times, l’Arabie saoudite pourrait demander une réduction de la production mondiale d’un million de barils par jour ce qui porterait à 3,1 millions de barils la baisse de production totale depuis quelques mois. Mais Bloomberg estime que, pour la Russie, ce serait trop. Ses spécialistes s’attendent à un accord aux alentours de 750.000 barils de pétrole de moins.

Cela pourrait réduire en partie le risque de chute ultérieure du prix du pétrole, mais ne suffira pas à créer une course au baril : l’offre continuera d’excéder la demande de quasiment 1 million de barils par jour une fois la réduction adoptée, si on se base sur les estimations du cabinet Rystad, et ce pour le premier et le deuxième trimestre 2020.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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