Pétrole : quels investissements pour relever le défi énergétique ?

Stephanie Haerts
Par Stéphanie Haerts Modifié le 29 novembre 2022 à 10h10

Quarante, cinquante ou soixante ans, les experts sont encore indécis sur la fin estimée du pétrole. Cependant, avec environ 86 millions de barils consommés chaque jour soit plus de 13 milliards de litres, l'or noir est entré dans notre quotidien.

Depuis le début du 21ème siècle, le marché de l'énergie et en particulier celui du pétrole connaît une expansion impressionnante. Carburants, plastiques, combustibles, peintures, cosmétiques, le pétrole est partout. Les prix sont constamment tirés vers le haut par une demande mondiale toujours grandissante. Alors qu'au début des années 2000, les cours du Brent se traitaient à 20 dollars le baril, ce dernier cote aujourd'hui à plus de 100 dollars. Seule la crise financière de 2008 a brusquement interrompu la progression des prix avant qu'elle ne reprenne de nouveau.

L'augmentation de la population mondiale et le développement économique qui concerne de plus en plus de populations sont vecteurs d'une hausse de la demande énergétique globale. Selon l'AIE (Agence Internationale de l'Energie), la demande de brut va augmenter de 14% d'ici 2035 pour atteindre 99,7 millions de barils par jour (mbj). L'agence prévoit un nouveau record de 92,7 millions de barils par jour cette année. L'OPEP, l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole, a également revu ses prévisions à la hausse pour 2014. L'organisation anticipe une demande de 91 millions de barils du fait notamment de la reprise économique aux Etats-Unis et de la croissance rapide des pays émergents tels que la Chine.

Face à cette demande croissante, l'offre baisse inéluctablement et les ressources mondiales s'amenuisent. S'en ressent la production de brut des cinq « majors », Exxon, Shell, BP, Total et Chevron, qui connaît un déclin depuis 2000. Leur production a reculé de 2,05% en 2013. Les majors sont ainsi confrontés à un enjeu de taille : renouveler leurs réserves. Pour y remédier, ils accroissent leurs dépenses d'investissements en exploration-production. Selon l'institut de recherche énergétique IFP Energies Nouvelles, ces investissements devraient dépasser les 750 milliards de dollars (550 milliards d'euros) en 2014 contre 465 milliards de dollars en 2010 et seulement 123 milliards en 2000.

Total a d'ailleurs prévu de dépenser 2,8 milliards d'euros cette année dans le forage de 60 nouveaux puits d'exploration. Le groupe a également choisi stratégiquement de faire des recherches dans des pays peu explorés. Après les découvertes réalisées au Ghana, où les réserves du champ pétrolier Jubilee sont estimées à plus de 1 milliard de barils, le géant français a récemment annoncé deux nouveaux gisements d'hydrocarbures sur le continent africain.

Le 17 avril, Total a découvert du pétrole offshore lors d'un forage exploratoire en eaux très profondes au large de la Côte d'Ivoire. Le bassin de San Pedro était l'une des zones sur laquelle le groupe comptait. Total doit désormais évaluer les résultats très prometteurs recueillis dans le puits.

Le pétrolier français va également investir dans le champ pétrolier offshore ultra-profond de Kaombo au large de l'Angola. Le coût du projet s'élève à 16 milliards de dollars (11,5 milliards d'euros) en raison des profondeurs d'eau allant de 1400 à 1900 mètres. La production sur le site qui devrait commencer en 2017 pourrait atteindre 230 000 barils par jour. Selon le groupe la production devrait doubler dans les cinq prochaines années pour atteindre 400 000 barils équivalent pétrole par jour.

Total, qui est l'une des plus importantes capitalisations du CAC 40, figure dans le top 5 des compagnies pétrolières opérant dans le gaz et le pétrole dans le monde. Graphiquement le titre Total SA (FP) évolue sur ses plus hauts, dans une tendance haussière malgré la publication de ses résultats. Au premier trimestre 2014, le groupe a été pénalisé par une baisse de 6% de sa production d'hydrocarbures qui a totalisé 2,179 millions de barils équivalent pétrole par jour sur cette période. Cependant, avec ses projets d'exploration, le groupe prévoit un potentiel de production d'environ 3 millions de barils à l'horizon 2017.

Technip SA (TEC), qui est également investi dans le projet offshore ultra-profond en Angola, a récemment vu son titre bondir de plus de 7% malgré l'annonce de ses résultats. Le groupe d'ingénierie pétrolière et gazière a accusé une baisse de 40% de ses résultats pour le premier trimestre. Le marché salue cependant son carnet de commandes dont le très gros contrat signé en Angola avec Total.

Le pétrole, la première énergie au monde, est le cœur de l'économie mondiale. Alors que les trois quarts des sites pétroliers ont déjà atteint leur capacité maximale de production, le pic pétrolier sera sans nul doute franchi au cours du 21ème siècle. Pour satisfaire la demande et atteindre leurs objectifs de croissance, les compagnies pétrolières augmentent leur propension au risque. Elles se tournent désormais vers le progrès technique pour exploiter le pétrole offshore ultra-profond. Ces gisements autrefois trop complexes à extraire peuvent aujourd'hui être utilisés par le biais de nouvelles techniques. De nouvelles zones de recherche telles que Kwanza, en Angola, les blocs 11B et 12B en Afrique du Sud, Vacu Muerta en Argentine pourraient nous permettre de découvrir de nouvelles réserves de pétrole et de retarder quelque peu la fin de l'or noir.

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Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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