Le pétrole : toile de fond des conflits du 20ème siècle

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Par Christophe Auperin Publié le 4 novembre 2013 à 8h03

Comprendre les relations internationales à compter de la seconde moitié du XXesiècle, c’est se plonger dans l’histoire fascinante, mais terrifiante du pétrole. Un nombre incalculable de conflits a été déclenché avec le pétrole comme toile de fond. Les Etats-Unis ont largement été décriés pour leur propension à entrer en guerre, mais aujourd’hui les cartes sont en passe d’être redistribuées et c’est l’ennemi historique des Américains, la Russie, qui tire les ficelles en coulisse.

Repli américain et vague russe

« Cette guerre a été faite pour le pétrole », « sans les réserves du pays, il n’y aurait jamais eu d’intervention étrangère »… ce genre de sentences est fréquent et parfois non dénué de bon sens. Pourtant, les choses changent à grande vitesse sur l’échiquier international.

Les Etats-Unis se sont engagés dans un grand mouvement de repli sur eux-mêmes. Problèmes budgétaires, lassitude après plus d’une décennie de guerre aux quatre coins du globe ou simple retour à la doctrine originelle américaine, cette volonté de s’éloigner des affaires du monde est perceptible. Si tous les conflits du XXe siècle ne s’expliquent pas par des questions énergétiques, il est évident que l’instabilité actuelle au Moyen-Orient est le principal facteur d’un baril de pétrole extrêmement élevé. Selonles experts, le baril de pétrole est surévalué d’au moins une trentaine de dollars. A 100 dollars le baril, les pays producteurs roulent sur l’or et font la pluie et le beau temps au niveau international. Russie, Qatar, Arabie Saoudite, autant de noms qui reviennent chaque jour dans la riche actualité internationale.

La montée en puissance du gaz de schiste transforme radicalement les relations internationales et va certainement permettre aux Etats-Unis d’en finir avec leur dépendance vis-à-vis des pays exportateurs de pétrole. Le repli américain est engagé et laisse, par effet de balancier, plus de place à ceux qui voudraient se faire entendre sur la scène internationale. Ce mouvement, combiné aux pétrodollars qui coulent à profusion en Russie bénéficie au Kremlin qui voit ses recettes grossir alors que tous les pays non producteurs se débattent péniblement avec leurs comptes publics. L’Etat russe est le premier bénéficiaire, mais Vladimir Poutine l’est également à titre personnel puisqu’il touche sa commission sur chaque baril vendu. En 14 ans de pouvoir, Poutine a eu le temps d’acquérir une fortune personnelle estimée entre 40 et 70 milliards de dollars

L’instabilité au Moyen-Orient est donc entretenue avec une certaine dextérité par les têtes pensantes russes. Tous les éléments sont présents pour faire des étincelles, Vladimir Poutine et ses prises de position sur la Syrie, l’Iran et ses propos récents relatifs à Israël montrent que le pouvoir russe prend plaisir à souffler sur les braises pour maintenir des foyers de tension situés au cœur du réseau énergétique mondial.

La fin du pétrole mènera-t-elle à la fin de l’Histoire ?

Si la fin de l’Histoire n’a pas eu lieu avec la chute du mur de Berlin, on est en droit de se poser la question des conséquences de la fin (proche ?) à la dépendance énergétique. Les pays producteurs n’auront plus les moyens de leurs ambitions et certains conflits n’auront tout simplement plus lieu d’être. La poudrière du Moyen-Orient perdra un agent déstabilisateur (bien qu’il soit source de richesses à une infime minorité) et les relations interétatiques s’en trouveront apaisées.

La Russie ne pourra plus jouer au gendarme aux marges de l’Europe et faire du chantage à un pays comme l’Ukraine qui, dès qu’il affiche sa préférence pour l’Union européenne, est menacé de sanctions économiques draconiennes. Fini également la mainmise sur un pays comme la Géorgie dont la proximité géographique avec le géant russe est source d’incroyables ingérences de la part du Kremlin. Le règne de la terreur prendra inéluctablement fin dès lors que le pétrole n’aura plus la valeur qu’il a aujourd’hui. Ainsi, le soutien russe à l’Iran et au régime de Bachar el-Assad sera de fait moins affirmé et des évolutions politiques positives pourront enfin voir jour.

Si la plupart des conflits liés aux ressources en hydrocarbures ou financés par elles devaient prendre fin grâce au développement des énergies alternatives, le monde ne s’en porterait que mieux. Le gaz de schiste est une partie de la solution, mais les énergies renouvelables comme l’éolien et le solaire devront prendre le relai dans de brefs délais. La nature humaine est pleine de ressources et si l’énergie ne suffisait bientôt plus pour déclencher de conflits, de nouveaux trésors pourraient aiguiser l’appétit des plus puissants.

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Conseiller en fusion-acquisition dans un cabinet d'accompagnement personnalisé dans la cession d'entreprises, Christophe Auperin s'intéresse de près aux mouvements des marchés, dont il aime, en bon sismologue de la finance, pressentir les oscillations à venir. 

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