Les cinémas de proximité, sont-ils encore à la fête ?

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Par René Parmentier Modifié le 29 juin 2017 à 11h09
Cinema
@shutter - © Economie Matin
3 923Il y a 3 923 écrans de cinéma en France.

Les instances supérieures du Cinéma français se réjouissent de sa bonne santé. Il est vrai qu’avec 2044 établissements et 5842 écrans, le public français est particulièrement gâté, en disposant du plus grand nombre de salles en Europe. Cette situation favorable est-elle satisfaisante pour tout le monde ?

Les petits cinémas indépendants ne sont pas prioritaires pour les distributeurs

Les 200 millions d’entrées sont régulièrement atteints dans les cinémas français, ce qui permet d’affirmer que la filière est en bonne santé. En entrant plus dans le détail, on découvre qu’il existe des situations qu’il convient de qualifier de difficiles.

Si l’on veut s’éloigner un peu des multiplexes (203 établissements et 2330 écrans en 2015) et que l’on s’intéresse aux cinémas de proximité (1160 mono-écrans et 433 écrans dans des établissements de 2 à 3 écrans), on découvre une autre réalité. Ces établissements de proximité, situés dans des villes relativement modestes, sont confrontés à une réalité économique souvent difficile à équilibrer. Ils affrontent plusieurs défis :

  • Les coûts dus à la numérisation. Depuis 2010 aucun cinéma n’a pu échapper à la numérisation, amenant une certaine qualité, au prix d’une augmentation sensible des coûts de maintenance et d’une dépendance technique totale envers les installateurs.

  • L’accès aux films. En 10 ans, l’implantation de 54 nouveaux multiplexes (passant de 149 à 203 pour de 1708 à 2330 écrans) a provoqué un net recul de l’accès aux films porteurs pour les cinémas de proximité. Cela s’explique par le fait que les plans de sorties des distributeurs sont restés stables, alors que l’approvisionnement en films des multiplexes ne fait qu’augmenter régulièrement.

Quel distributeur s’aviserait de refuser un film en sortie nationale à un multiplexe ? En conséquence, il est de plus en plus difficile, pour un cinéma de proximité (et à fortiori pour un mono écran) d’accéder aux films porteurs attendus par le public. Et si l’on ajoute l’obligation de respecter la procédure de régulation imposée par l’existence de la « contribution numérique, VPF », il en résulte que la plupart des mono-écrans doivent attendre la cinquième semaine pour accéder aux films.

Alors que faire ?

Si le cinéma en salle devait voir l'exclusivité de 4 mois lui étant accordée, à nouveau réduite, sous la pression générale des opérateurs multiples et des médias, il faudrait alors revoir, radicalement, les procédures et réalités de l'accès aux films. Le numérique, qui nous coûte si cher, facilite le développement de la distribution d’images « domestiques », « individuelles » et… piratées. Il devrait aussi permettre à toutes les salles de cinéma d’accéder très rapidement aux films. Pourquoi continuer à imposer aux « mono-écrans », par exemple, d’attendre la cinquième semaine pour accéder aux films porteurs ? Pourquoi ne pouvons-nous pas partager plus largement les copies dès la troisième semaine ? Au nom de quoi les spectateurs venant dans les mono-écrans sont-ils des spectateurs de seconde zone ?

Avec la dématérialisation et la numérisation, l’autolimitation des plans de sortie par les distributeurs ne se justifie plus économiquement. Elle correspond plutôt à une volonté d’exclusivité réservée aux grands établissements pratiquant les tarifs les plus élevés.

La survie de la plupart des « mono-écrans » et des cinémas de petite exploitation passe par la nécessité de répondre aux envies d’accès rapide aux films généralistes et art et essai, attendus par leurs spectateurs… amenant une fréquentation et un équilibre économique vital incontournable, surtout pour les indépendants.

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D’origine modeste, autodidacte, anciennement cadre moyen dans une petite usine de transformation de papier, René Parmentier gère le cinéma indépendant associatif Union à Ars-sur-Moselle. Le cinéma a été repris en 1974, alors qu'il était en quasi-faillite. En 2016, 210 séances ont eu lieu pour 86 films différents et un total de 14 924 entrées.

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