Décollage de l’Airbus A350 : la compétition avec Boeing est relancée

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Par Gérard Jouany Modifié le 14 juin 2013 à 16h48

Une belle et grande journée à Toulouse. A 10 heures précises, le tout nouvel A350 XWB s'arrachait de la piste Concorde de l'aéroport sous les vivas de plusieurs dizaines de milliers d'admirateurs. Du personnel d'Airbus bien entendu et des milliers de curieux qui, pour la plupart, avaient passé la nuit dans leur camping-car sur la colline située dans l'axe de la piste dans une ambiance très « Tour de France ». Aux commandes de l'avion Peter Chandler, chef pilote d'essais d'Airbus, et Guy Magrain, pilote projet du programme A350. Derrière eux 4 ingénieurs navigants d'essais dont l'un était entièrement dédié à la surveillance des 2 réacteurs Rolls Royce.

Avec un programme coûtant 10 milliards d'euros, Airbus n'a pas droit à l'erreur

L'avion a longé les Pyrénées suivi par un avion-caméra, pris ensuite la direction de Bordeaux pour survoler enfin la Bretagne avant de retourner à Toulouse. En fait, l'A350 avait déjà volé virtuellement 2 500 heures grâce aux programmes de simulation menés au sol par ordinateur. Les principaux systèmes ont été testés sur une réplique appelée l'Iron Bird, l'oiseau de fer. A l'arrivée, on a même vu Fabrice Brégier en bras de chemise et lunettes de soleil, le patron d'Airbus connu pour sa retenue, déclarer « Je suis fier de vous tous ». Il affichait un très large sourire.

Il est vrai qu'Airbus n'a pas droit à l'erreur avec ce programme qui coûte 10 milliards d'euros d'investissement et qui doit aller chercher de front Boeing qui offre au marché 3 versions du 787 et bientôt un nouveau 777X qui doit remplacer le best-seller de la firme américaine. Airbus a joué la prudence en ne lançant pas un avion tout carbone comme le 787 américain. Si plus de la moitié de la structure est en matériel composite, le reste est en tôle aéronautique. Le constructeur européen a aussi renoncé aux batteries au lithium-ion qui ont été à l'origine de la suspension des vols des 50 premiers avions livrés par Boeing. Des choix prudents donc qui expliquent pourquoi il ne s'est écoulé qu'un mois entre l'assemblage du premier avion et son premier vol. Du jamais-vu en aéronautique.

Déjà 613 commandes pour le nouvel avion d'Airbus venant de 33 compagnies aériennes

Quel est le programme maintenant ? Pour les équipes de l'A350, ce sont 5 avions qui vont bientôt être mis en vol afin d'assurer la poursuite des essais qui aboutiront à une certification par les 2 organismes officiels EASA pour l'Europe et FAA pour les États-Unis. Au second semestre 2014, l'avion sera alors livré à son premier client la compagnie Qatar Airways. A ce jour l'A 350 XWB a enregistré 613 commandes fermes venant de 33 compagnies aériennes de par le monde. Le Salon du Bourget qui commence lundi sera certainement l'occasion d'augmenter le nombre des commandes et de se mettre au niveau du porte-feuille de Boeing qui compte plus de 800 avions achetés pour son 787.

A propos du Paris Airshow, Airbus n'a toujours pas voulu confirmer la venue de l'A350 au Bourget. Nous maintenons qu'il fera bien un passage au dessus du Salon, à basse vitesse, train et volets sortis et nous avons annoncé la date : vendredi 21 juin, jour de l'inauguration du Salon par le président François Hollande et de l'ouverture au grand public. Attendons sereinement la confirmation officielle !

En tout cas, l'A350 est un avion bien-né. Il est beau, sa ligne est extraordinaire. On doit cette impression de grâce à ses ailes très en arrière du fuselage, elles sont gigantesques, chacune mesure 32 mètres de long et 6 mètres de large et elles sont incurvées vers le ciel. L'A350 ne ressemble à aucun autre avion. Merci au commandant Chandler et à son équipage de nous avoir présenté ce nouvel Airbus, le 7ème à s'envoler de Toulouse. Le dernier était l'A380 il y a déjà 8 ans.

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Gérard JOUANY est actuellement consultant spécialisé dans l'automobile, l'aéronautique et l'espace. Il intervient très régulièrement sur France 24 et dans de nombreux colloques. Auparavant,il est passé par Europe 1, la Cinq et BFM. Avec micro et camera, il s'engage dans ses secteurs de prédilection, en participant à de nombreux Paris Dakar ; il a traversé l'Atlantique une première fois en avion de tourisme et une second en hélicoptère ; il a aussi fait un vol en apesanteur dans un avion du Centre National d'études spatiales. Gérard Jouany collabore également au magazine Couleurs Jazz, encore une de ses passions !  

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