Pourquoi le PER n’est pas forcément fait pour vous

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Par Albert d'Anthoüard Modifié le 21 octobre 2020 à 7h18
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447000 EUROSUn retraité en France perçoit en moyenne 447 000 euros de pensions

Le Plan Epargne Retraite (PER) vient de fêter son premier anniversaire, avec un bilan relativement encourageant. Attention toutefois : si ce nouveau produit présente un certain nombre d’avantages, il n’est pas adapté à toutes les situations patrimoniales. Selon Albert d’Anthouärd, directeur de la clientèle privée chez Nalo, plusieurs points de vigilance sont à examiner avant de choisir le PER.

Grande nouveauté de la loi Pacte du 22 mai 2019, le PER a été imaginé pour agréger et remplacer tous les produits existants dans la nébuleuse de l’épargne-retraite (PERP, Perco, Prefon, contrat Madelin, article 83). L’objectif : harmoniser et simplifier ces dispositifs, afin de stimuler une épargne retraite encore poussive en France. Si l’objectif est en partie atteint avec une enveloppe unique, le PER n’est pas nécessairement la meilleure option pour préparer sa retraite.

Une fiscalité avantageuse … pour certains foyers très imposés

Le nouveau PER a été lancé à grands renforts de communication sur sa fiscalité avantageuse. En réalité, il fonctionne surtout comme un outil de lissage de l’impôt sur le revenu dans le temps : l'épargnant est essentiellement taxé lors de son départ en retraite. Il n’est donc pas forcément plus intéressant de choisir le PER plutôt qu’un autre produit d’épargne de long terme. Sauf dans un cas bien précis : celui des foyers dont le taux marginal d’imposition (TMI) est supérieur à 30 %, et dont les revenus vont baisser significativement à la retraite.

Concrètement, le PER propose de bénéficier d’un avantage fiscal à l’entrée : les versements volontaires peuvent être déduits de l’assiette de l’impôt sur le revenu. Cela n’a pas forcément d’intérêt pour les contribuables peu imposés.

Et pour ceux dont le TMI dépasse 30 % ? Si vous en faites partie, l’intérêt du PER dépendra de votre situation au moment de la retraite. En effet, contrairement à l’assurance-vie, le PER ne prévoit pas d’avantage fiscal à la sortie : lors de la clôture du contrat, les sommes correspondant aux versements initiaux sont assujetties à l’impôt sur le revenu selon votre taux du moment, et les plus-values sont soumises à un prélèvement forfaitaire unique (PFU de 30 % : 12,8 % d’imposition + 17,2 % de prélèvements sociaux).

Les professions libérales, dont les revenus et donc le taux d’imposition baissent fortement à la retraite, auront tout à y gagner. Pour les autres, rien n’est moins sûr !

Un capital peu mobilisable : intéressant pour certains profils proches de la retraite, contraignant pour les autres

Par principe, le capital placé sur un PER est bloqué jusqu’à la retraite, sauf en cas d’accident de la vie justifiant un retrait anticipé (décès, invalidité …). La loi Pacte a quelque peu assoupli ce principe en ajoutant une possibilité de déblocage pour acquisition d’une résidence principale.

Malgré cela, le nouveau PER reste un produit d’épargne contraignant et peu mobilisable. Inutile d’espérer toucher son épargne en dehors des cas strictement définis par la loi… Pourtant, de nombreux événements personnels (tels qu’un divorce) et professionnels peuvent nécessiter un déblocage anticipé de l’épargne. Une enveloppe plus flexible est donc conseillée pour ceux qui souhaitent conserver une totale disponibilité des fonds.

En revanche, le PER est idéal pour un épargnant en fin de carrière, à condition qu’il remplisse les critères énoncés précédemment : des revenus élevés, amenés à diminuer fortement au moment du passage à la retraite. L’argent sera ainsi bloqué peu de temps, et la baisse du TMI après la retraite permettra de bénéficier réellement de la déduction fiscale obtenue à l’entrée.

Des frais souvent bien trop élevés !

Enfin, à l’instar des anciens dispositifs d’épargne retraite, le PER demeure un placement coûteux. L’offre existante inclut aussi bien des produits d’assurance que bancaires, qui prévoient souvent des frais spécifiques (frais d’entrée pouvant dépasser les 2%, frais de gestion souvent proches de 1%, frais d’arbitrage etc.). Il faut y ajouter les frais des fonds sous-jacents: les fonds actifs utilisés par la majorité des PER pour leur part d’unités de compte affichent notamment des frais pouvant dépasser les 2%. Soit un total de frais annuel proche de 3%.

Quelques PER proposent des fonds indiciels à frais réduits et constituent une option intéressante. Les autres restent globalement coûteux, au détriment de la performance délivrée in fine à l'épargnant.

En définitive, le PER peut s’avérer intéressant pour certains profils d’épargnants mais n’est certainement pas un passage obligé pour préparer sa retraite. A ce jour, l’investisseur soucieux de préparer ses vieux jours sans pour autant bloquer son capital a tout intérêt à privilégier une enveloppe à la fiscalité tout aussi avantageuse, mais plus flexible et potentiellement moins chère… L’assurance-vie, lorsqu’elle est investie en fonds indiciels à frais réduits, répond à tous ces critères et demeure sans aucun doute le meilleur produit d’épargne de long terme.

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Albert d'Anthoüard est Directeur de la clientèle privée chez Nalo.

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